Quatorze personnes ont été arrêtées en Autriche, ont annoncé ce mardi les autorités, au lendemain de la fusillade perpétrée par au moins un assaillant en plein cœur de Vienne, qui a fait quatre morts et 22 blessés.
L’assaillant, qui a été abattu par la police lundi soir, portait un faux gilet d’explosifs. Les autorités l’ont identifié comme étant un Autrichien de vingt ans radicalisé, connu des services de renseignement et sorti de prison l’année dernière après avoir convaincu les autorités qu’il avait renoncé à ses projets djihadistes.
Dans une allocution télévisée, le chancelier autrichien Sebastien Kurz s’est engagé à traquer les auteurs des actes commis à Vienne et ceux qui les soutiennent, estimant qu’il s’agit sans doute possible d’un attentat islamiste.
« Ce n’est pas un conflit entre chrétiens et musulmans ou entre Autrichiens et migrants. Non, c’est un combat entre les nombreuses personnes qui croient en la paix et les rares (qui s’y opposent). C’est un combat entre civilisation et barbarie « , a souligné le chancelier.
Un homme et une femme âgés, un jeune passant et une serveuse ont été tués de sang-froid, et parmi les 22 blessés, trois sont dans un état grave, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Karl Nehammer, lors d’une conférence de presse.
L’assaillant identifié
L’assaillant tué par la police a été identifié sous le nom de Kujtim Fejzulai, a précisé Karl Nehammer à l’agence de presse APA. Il est à la fois citoyen autrichien et Macédonien du Nord.
Selon Karl Nehammer, il avait été condamné à 22 mois de prison en avril 2019 pour avoir tenté de se rendre en Syrie dans le but de rejoindre le groupe armé État islamique (EI) avant d’être libéré en décembre dernier.
Le ministre a indiqué que Kujtim Fejzulai avait publié une photo de lui sur son compte Instagram avant l’attaque, s’affichant avec deux armes à feu qu’il aurait utilisées lundi.
1000 policiers mobilisés
L’attaque, commise dans six lieux distincts de Vienne, à proximité de la synagogue du centre-ville, n’a pas été revendiquée pour le moment. Des témoins ont dans un premier temps déclaré que plusieurs assaillants avaient ouvert le feu avec des armes automatiques contre la foule dans des bars, alors que de nombreuses personnes profitaient d’une dernière sortie nocturne avant l’entrée en vigueur d’un couvre-feu destiné à enrayer la propagation du coronavirus.
Schlomo Hofmeister, un rabbin viennois, a cependant indiqué qu’il ne pouvait pas dire avec certitude s’il y avait un ou plusieurs tireurs.
« J’ai vu une personne. Par la suite, j’ai vu des vidéos et je ne suis pas sûr que ce soit la même. Je trouve très difficile d’identifier quelqu’un en une fraction de seconde » , a-t-il expliqué à la presse
Les autorités, de leur côté, n’excluent pas que l’assaillant abattu ait pu bénéficier de l’aide d’autres personnes armées.
Le ministre de l’Intérieur a invité les habitants à rester chez eux pendant qu’au moins 1000 policiers tentent de retrouver d’éventuels suspects dans la ville.
Selon les médias autrichiens, qui citent la police, les forces de l’ordre ont procédé à deux arrestations dans la ville de St Pölten, située à une soixantaine de kilomètres de Vienne. Karl Nehammer a dit l’agence APA qu’une quinzaine de logements avaient été perquisitionnés.
Le gouvernement a annoncé trois jours de deuil national, tandis qu’une minute de silence a été observée à midi, heure locale.
Le centre historique de Vienne a été en grande partie bouclé pendant la nuit par la police, tandis que les transports publics ont été interrompus dans le secteur concerné.
Messages de soutien
L’Autriche avait été jusqu’à présent épargnée par des attentats de grande ampleur comme ceux qu’ont pu connaître ces dernières années la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
Oskar Deutsch, chef de la communauté juive de Vienne, dont les bureaux sont attenants à la synagogue dans une rue garnie de bars, a déclaré sur Twitter ignorer si la synagogue ou les bureaux étaient ciblés par l’attaque, ajoutant que ceux-ci étaient fermés au moment de la fusillade.
Des messages de condoléances ont afflué du monde entier, allant des hauts responsables de l’Union européenne à la France, en passant par la Norvège, la Grèce et les États-Unis, qui ont tous exprimé leur choc face aux attentats.
« Nos prières accompagnent le peuple de Vienne après un nouvel acte de terrorisme ignoble en Europe, a écrit sur Twitter le président américain » , Donald Trump.
Le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden a, pour sa part, condamné ce qu’il a qualifié « d’attaque terroriste horrible », appelant à « rester unis contre la haine et la violence ».
L’Europe est solidaire, unie et déterminée. Europa ist solidarisch, geeint und entschlossen. Europe stands together, united and determined. We are one, a tweeté en plusieurs langues le président de la France Emmanuel Macron.