Enlisée dans le conflit meurtrier du Yémen depuis plus de trois ans , la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite aurait recours à des mercenaires africains. Selon le New York Times, le Darfour fournit des soldats mineurs vendus par des familles plongées dans la misère.
Des adolescents sont-ils utilisés comme mercenaires par l’Arabie saoudite dans le conflit au Yémen ? C’est ce qu’affirme le New York Times, daté du 28 décembre 2018.
Selon le New York Times, depuis le début de la guerre, le Royaume saoudien a embauché environ 14.000 miliciens soudanais qui reçoivent des primes de 8700 euros et des salaires mensuels équivalent à ceux d’un médecin (environ 450 euros). Un grand nombre d’entre eux sont des enfants âgés de 14 à 17 ans originaires du Darfour.
Selon l’enquête du quotidien new-yorkais, qui a interviewé des combattants somaliens de retour du Yémen, les guerriers mineurs représenteraient au moins 20% des unités de mercenaires soudanais au service des Saoudiens. Ces adolescents, âgés de 14 à 17 ans, seraient originaires du Darfour, région du Soudan ravagée depuis 2003 par des combats. D’après deux autres témoignages avancés par le New York Times, ces mineurs pourraient même représenter 40% des effectifs…
« Les familles savent que la seule façon d’avoir une vie meilleure est que leurs fils partent à la guerre et leur rapporte de l’argent »
Le New York Times relève en outre qu’au Darfour, des parents qui ont tout perdu dans la guerre civile (bétail, habitation, récolte..) se portent volontaires pour – littéralement – vendre leurs enfants aux recruteurs. «Les familles savent que la seule façon d’avoir une vie meilleure est que leurs fils partent à la guerre et leur rapporte de l’argent», explique ainsi un enfant de 16 ans, incapable devant les journalistes de pointer le Yémen sur une carte. Ce même enfant explique également que les recruteurs peuvent payer jusqu’à 10 000 dollars pour un adolescent soldat.
Sur place, les soldats soudanais disent être supervisés à distance par des officiers saoudiens et émiratis qui communiquent avec eux via téléphone et suivent leurs progrès par GPS sans jamais se battre à leurs côtés.
La grande majorité des troupes dirigées par la coalition saoudienne viennent de pays qui dépendent de financements saoudiens et émiratis, comme le Pakistan, la Jordanie et le Soudan.
«Nous exportons des soldats pour se battre comme s’ils étaient de la marchandise que nous échangeons contre des devises étrangères», a expliqué le consultant économique soudanais Hafiz Ismail Mohamed au New York Times.
Depuis 2015, le Yémen est le théâtre d’une guerre opposant les rebelles chiites houthis, qui contrôlent la capitale yéménite Sanaa et le port de Hodeida, à la coalition arabe sous commandement saoudien qui défend le gouvernement réfugié à Aden.
Selon les Nations Unies, la guerre au Yémen est la pire crise humanitaire actuelle. Le blocus mis en place par les Saoudiens et leurs alliés émiratis ont causé une grave crise de malnutrition qui a entraîné la mort d’environ 85.000 enfants, selon l’ONG Save the Children.
Au mois d’août, au moins 66 enfants ont perdu la vie dans des frappes de la coalition menée par Riyad dans la province de Saada, au nord du pays. Pour la première fois depuis 2016, de fragiles pourparlers de paix inter-yéménites se sont ouverts le 6 décembre dernier en Suède.