Pour que les responsables de la crise en subissent seuls les retombées

S’il y’a un fait majeur qui mérite d’être signalé ces derniers mois , c’est la menace tout à fait réelle qui plane désormais sur les salaires des Tunisiens et sur leurs retraites .Le gouvernement l’a clairement annoncé et le ministre des finances n’a d’autres solutions que de brader une à une les richesses du pays .

Le pouvoir semble donc décidé à faire porter le fardeau de la crise sur les épaules des innocents , des plus démunis et des travailleurs , les vrais créateurs de richesses ( travailleurs du public et du privé , fonctionnaires, retraités , petits métiers, professions libérales, artisans , petits commerçants, ouvriers agricoles , petits et moyens propriétaires, jeunes entrepreneurs, saisonniers , occasionnels et autres factions besogneuses ) .

Plusieurs indices laissent penser , en effet , qu’une chape de plomb va s’abattre sur la population à commencer par la répression policière grandissante , ou encore par le choix même d’un CDG technocrate , politiquement nul et qui ne connait que le bâton et le fouet . Enfin , un Chef d’état toujours dans un état second complètement déconnecté et qui ne comprend rien des vrais enjeux . Il semble tiré d’un conte des mille et une nuits .

Ce qui s’annonce aujourd’hui est un État de la répression de classes ( دولة القهر الطبقي ) , un état mafieux où se soudent bourgeois du comprador avec des religieux vendeurs de chimères, autour desquels gravitent des politiciens véreux , professionnels des volte-faces et de la démagogie bas de gamme.

Des factions entières de la classe moyenne vont êtres liquidées pour permettre l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie de la contre bande , la bourgeoisie des produits factices et de l’argent facile qui coule à flots . Des contrebandiers capables de tout soudoyer et de tout corrompre , ils sont dans une ascension fulgurante.

Ce que la Covid a heureusement pardonné à la Tunisie – à savoir des cadavres qui jonchent les rues – la faim , la misère et l’absence quasi-totale des soins vont tous concourir pour nous faire chuter dans la crevasse , celle des morts par milliers . Le Kairouan avec ses scènes d’horreur n’est qu’un début .( Voir les statistiques des décès dus au cancer et autres maladies chroniques . Les chiffres sont alarmants ) .

Le désengagement des autorités de l’économie en général et de la santé publique en particulier aura des retombées désastreuses sur des larges composantes de la population rurale et citadine.
Le combat qui doit s’engager immédiatement est celui de l’instauration de l’État providence ( الدولة الراعية ) , un État juste qui ne laisse personne tomber dans les affres de la misère.

Un état qui redonne sens au service public , à la santé, à l’éducation, à la justice .Un état capable de monter un plan pour la réforme agraire . Un état capable de planifier sur le moyen et le long terme , capable de renégocier la dette énorme et d’établir une sortie de crise où seuls les criminels , les voleurs , les traîtres et les opportunistes seront sacrifiés.

Cela passe , bien entendu, par la liquidation totale de ce système inique charrié par les égouts du 14 Janvier 2011 .

Ben Ahmed Sobhi