Pékin averti des risques d’une « guerre froide » avec Washington

Les critiques américaines sur la gestion chinoise du coronavirus poussent Pékin « au bord d’une nouvelle Guerre froide » avec les États-Unis, a prévenu dimanche le chef de la diplomatie chinoise. Il se dit toutefois prêt à une coopération internationale pour identifier la source du virus.

La Chine avertit des risques d’une « guerre froide avec les Etats-Unis ». Alors que la pandémie de coronavirus a tendu les relations entre Washington et Pékin, le premier accusant le second d’avoir laissé le virus s’échapper d’un de ses laboratoires, la Chine accuse à son tour les Etats-Unis, cette fois de vouloir à tout prix lui faire porter la responsabilité des plus de 340 000 victimes dans le monde :

« Il est regrettable, a déclaré Wang Li, le ministre chinois des Affaires Etrangères, qu’en dehors de la dévastation causée par le nouveau coronavirus, il existe également une sorte de virus politique qui se propage aux États-Unis. Ce virus politique est le moyen de saisir toutes les occasions d’attaquer et de salir la Chine. Certains politiciens ignorent complètement les faits et ont fabriqué trop de mensonges visant la Chine et fomenté trop de complots. »

Donald Trump et son administration accusent Pékin d’avoir tardé à communiquer des données cruciales sur l’épidémie, apparue fin 2019 dans la ville de Wuhan (centre), et d’avoir ainsi facilité sa propagation. Il a même évoqué la possibilité de demander à Pékin de payer des milliards de dollars de réparation et menacé de couper « toute relation » avec Pékin qu’il tient pour responsable d’une « tuerie de masse ».

« Ce virus politique saisit toutes les occasions pour attaquer et diffamer la Chine », a dénoncé le chef de la diplomatie de la deuxième puissance économique mondiale, en marge de la session annuelle du Parlement chinois. « Nous riposterons à chaque insulte », a promis le ministre chinois des Affaires étrangères.

Dans une pique à peine voilée, Wang Yi a appelé les États-Unis à « cesser de perdre du temps et de gaspiller des vies précieuses », au moment où le pays le plus touché par la pandémie s’apprête à franchir la barre des 100 000 morts.

« Le Covid-19 est l’ennemi commun de la Chine et des États-Unis » a souligné Wang Yi, affirmant que son pays avait expédié plus de 11 milliards de masques à l’Oncle Sam, sur un total de 56,8 milliards exportés dans le monde entier. « Ça fait 40 masques pour chaque Américain », a insisté le chef de la diplomatie chinoise.

Pékin se dit prêt à coopérer à une enquête internationale sur l’origine du virus, mais sans ingérence politique, et en protégeant sa souveraineté, son territoire, ses intérêts et sa dignité.

Aux Etats-Unis les drapeaux ont été mis en berne jusqu’à ce dimanche, et le New York Times a fait de son entière première page un hommage à mille victimes américaines du Covid-19.

1,6 million de cas sont recensés aux Etats-Unis et le seuil des 100 000 morts pourrait être franchi dans les jours qui viennent.