Le parti de Saad Hariri réclame son retour immédiat au Liban

liban saad hariri« Tayyar al-Moustkbal » ( le Courant du futur ) le parti politique du premier ministre libanais Saad Hariri, qui a démissionné de son poste il y a cinq jours en Arabie saoudite dans des circonstances nébuleuses, a réclamé jeudi 9 novembre son retour immédiat au Liban, dans un communiqué qui semble laisser entendre que M. Hariri serait retenu dans le royaume contre son gré.

« Le retour de M. Hariri est une nécessité pour restituer l’équilibre interne et externe dans le cadre de la légitimité libanaise », a déclaré l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, à l’issue de sa réunion jeudi.

Dans la journée, un haut responsable libanais a assuré pour l’agence Reuters que les Autorités libanaises considèrent le Premier ministre comme étant détenu en Arabie saoudite et demande une médiation étrangère pour faire pression du Riyad pour lui permettre de rentrer.

Mais la déclaration la plus critique à l’égard de l’Arabie saoudite est venue du ministre de l’intérieur et compagnon de route du Premier ministre, Nouhad al-Machnouk

« Les Libanais ne sont pas un troupeau de moutons ni une portion de terre dont la propriété passe de l’un à l’autre. La politique au Liban est régie par les élections et non pas par les allégeances », a-t-il lancé, en sortant d’une rencontre avec le mufti de la république cheikh Abdel Latif Dariane.

Il répondait lors d’un point de presse aux déclarations de l’ancien chef de la Sureté générale et homme de main de l’Arabie au Liban, le général Achraf Rifi, selon lequel l’Arabie voudrait désigner le frère du Premier ministre, Baha, à la tête du courant du Futur.

Pendant ce temps, l’Arabie saoudite , les Emirats arabes Unis , le Bahreïn et le Koweït ont ordonné à tous leurs citoyens de quitter «immédiatement» le Liban, alors que s’aggravent les tensions avec le Hezbollah libanais et l’Iran qui le soutient.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères a affirmé plus tôt cette semaine que l’Arabie saoudite considérerait le Liban comme un État hostile tant et aussi longtemps que le Hezbollah ferait partie de son gouvernement. Adel al-Jubeir a qualifié d’«acte de guerre» la participation du Hezbollah au gouvernement libanais.

M. Hariri a surpris ses compatriotes en annonçant sa démission samedi dernier dans un message préenregistré durant sa visite en Arabie saoudite. Même ses proches associés au sein de son parti, le Courant du futur, disent qu’ils ne savent pas pourquoi il a démissionné.

Jeudi, le parti a appelé Saad Hariri à revenir au Liban, affirmant que sa présence est nécessaire pour «rétablir la dignité et le respect du Liban au pays et à l’étranger».

La démission du premier ministre libanais reste entourée de mystère. Dans sa déclaration télévisée, il a affirmé que le Liban était pris en otage par le Hezbollah — même s’il a accepté il y a moins d’un an de former un gouvernement de coalition avec le groupe islamiste chiite, qui compte plusieurs élus au Parlement.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui est l’une des personnalités les plus puissantes du Liban, a laissé entendre que M. Hariri était retenu en Arabie saoudite contre sa volonté et que le royaume avait peut-être forcé sa démission.

Le communiqué publié jeudi par le Courant du futur suggère que le parti semble penser la même chose.

liban arabie saouditeLa façon de démission de Hariri est inacceptable

Le président de la République libanaise , Michel Aoun, a qualifié ce vendredi « d’inacceptable », la façon de démission du Premier ministre, Saad Hariri, a rapporté l’agence d’information officielle ANI.

Aoun qui se prononçait lors de son accueil du chargé d’affaires saoudien, Walid Al-Boukhari, a appelé M. Hariri à retourner au Liban. La démission choc de Hariri a également était à l’ordre du jour du chef de l’Etat lors de ses concertations avec des diplomates arabes et occidentaux.

Pour sa part, le chef de la « Rencontre démocratique », le député Walid Joumblatt, a déclaré ce vendredi via « Twitter », qu’il était temps que le Premier ministre, Saad Hariri, revienne au Liban.

« Après une semaine d’assignation à résidence, volontaire ou non, il est temps que Saad Hariri revienne au Liban pour poursuivre le processus de l’édification de l’Etat et de la stabilité « , a-t-il affirmé, ajoutant qu’il n’y pas de substitut à Hariri.

La rupture des liens diplomatiques avec le Liban est une option

Parallèlement, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Jubeir, a indiqué vendredi que la rupture des relations diplomatiques avec le Liban était une option étudiée par Riyad.

« Nous étudions actuellement plusieurs options et nous consultons nos amis et nos alliés à travers le monde pour décider de la meilleure façon de traiter avec le Hezbollah », a déclaré M. Jubeir, interrogé lors d’une interview diffusée par la chaîne américaine CNBC sur la possibilité que Riyad rompe ses relations diplomatiques avec Beyrouth.

« Il ne peut pas y avoir de milice armée hors du contrôle du gouvernement », a lancé le chef de la diplomatie saoudienne, cité par l’OLJ.

Et de poursuivre : Riyad « ne peut pas laisser le Liban devenir une base-arrière d’attaques contre le royaume », appelant le gouvernement libanais à agir fermement et résolument contre le Hezbollah.

Jeudi, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Bahreïn et les Emirats arabes unis avaient appelé leurs ressortissants à quitter « le plus vite possible » le Liban.

Avec agences