Palestine : Maîtrisons l’histoire et cessons de « chialer »

L’émission Forum qui passe tous les jours sur Mosaïque fm. a consacré le numéro d’aujourd’hui à la question palestinienne. Comme d’habitude, les interventions sont motivées par l’émotion et les sentiments. C’est un concert de larmes et de lamentations et on se place volontiers dans la posture de la victime outragée. Par conséquent, pour y remédier, on propose des solutions imbéciles et dictées par l’émotion : la criminalisation de la normalisation avec Israël, l’endoctrinement des jeunes à l’école dès le bas âge…

Il ne suffit pas de « chialer » et de parler de « colonisation » et d’« injustice », il faut s’imposer un travail intellectuel très poussé. Il faut procéder à un travail de déconstruction. C’est, par ailleurs, un exercice intellectuel dans lequel les penseurs juifs excellent. Un long travail de déconstruction théorique et de reconstruction politique doit être effectué pour démontrer aux Occidentaux et aux peuples étrangers à ce conflit que la réalité n’est pas telle qu’ils l’entendent.

Quand on aborde la question palestinienne, il y a un domaine qu’il faut maîtriser car il révèle les enjeux qu’il faut absolument connaître : l’Histoire. La question historique est fondamentale ; historique, et pas religieuse, il ne faut pas les mêler les uns aux autres comme le fait sans cesse la « rue arabe » pour que cela ne devienne pas une querelle théologique, une guerre de religions.

Il faut bien démontrer que ceux qui défendent la politique de l’Etat d’Israël le font à partir de présupposés historiques. Ces derniers doivent être déconstruits pour pouvoir démontrer leur caractère infondé. Si on ne déconstruit pas ces présupposés historiques, les défenseurs de la cause palestinienne ne pourront pas contester l’orientation actuelle d’Israël de façon sérieuse et s’en tiendront aux arguments superficiels et au manichéisme primaire (« nous les gentilles victimes » vs « eux les méchants sionistes », etc.).

Il faut travailler sur la démythification d’Israël pour lui ôter toute légitimité. Les chercheurs et intellectuels israéliens et de confession juive ont bien exploré ce champ de recherche, contrairement à ceux du monde dit arabo-musulman.

Israël a été créé le 14 mai 1948, mais il avait été pensé dès la fin du XIXème siècle, notamment par Theodor Herzl le promoteur du sionisme, comme étant le retour à la terre qui leur serait promise. L’on oublie souvent que l’Etat d’Israël a été pensé par un Theodor Herzl qui estimait que la terre d’Israël lui a été promise par un Dieu auquel il ne croyait pas.

En effet, les Israéliens estiment que cette terre leur appartient depuis 3000 ans, voire 5000 ans. Ainsi, tout ce qui vient après, notamment les exactions et expropriations commises par l’armée israélienne, ne sont plus de la colonisation, mais, au contraire, une « reconquête » , une « décolonisation ». Il y a ce dogme qui est loin d’être une vérité de raison et qui prétend que cette terre est à eux, qu’elle leur appartient de droit divin, parce que Yahvé en a voulu ainsi. Il faut déconstruire tout ça.

Comme cette terre leur appartient depuis plus de 3000 ans, ou depuis 5000 ans, les Palestiniens deviennent les « colons » et les Israéliens les « décolonisateurs ». Ainsi, toute la réflexion est inversée de manière pernicieuse. Il faut construire une pensée solide à partir d’un rapport objectif aux faits historiques et susciter l’attention de l’opinion sur la manière dont les sionistes imposent leur lecture du « conflit israélo-palestinien » à partir d’un messianisme conquérant qui justifie tout ce qui se passe actuellement en Israël et en Palestine.

En somme, les Israéliens disent : « vous êtes sur nos terres et, au nom de Dieu, nous avons le droit de vous chasser de ces terres, voire de vous éliminer, parce que Dieu nous a promis cette terre. » Et les Arabes n’ont pas été capables d’opposer un discours solide et crédible à ces assertions théologiques. Ils se contentent de prévaloir leurs propres considérations identitaires et opposent à la violence israélienne des dogmes identitaires « Nous, les arabo-musulmans… » entrecoupés de récriminations et de lamentations.

Pierrot LeFou