Pakistan : un médecin aurait inoculé le virus du sida à plus de 400 enfants

Le VIH aurait a priori été transmis à des centaines de personnes via une seringue contaminée, réutilisée à plusieurs reprises par un médecin. Il a été arrêté par les autorités locales.

Un docteur a été arrêté dans la province du Sindh, au sud du Pakistan, après que 430 enfants et 100 adultes aient été testés positifs au VIH, raconte The Guardian. « 60% sont des enfants de moins de 5 ans », explique Sikandar Memon, qui gère le programme anti-sida pour le compte de la province, au journal britannique.

Une seringue contaminée réutilisée

Des centaines de personnes ont été testées positives dans plusieurs villages près de la ville de Larkana ces dernières semaines. Le virus semble avoir été transmis par l’usage répété par le médecin incriminé d’une seringue contaminée. Les enquêteurs affirment que l’homme accusé est lui-même séropositif.

La question est désormais de savoir s’il était au courant, ou non, de ce qu’il faisait. Emprisonné dans une cellule délabrée dans la ville de Ratodero, il nie avoir inoculé sciemment le virus aux patients et se plaint d’être détenu au côté de criminels de droit commun.

Quand les premières personnes contaminées ont été testées, la panique a envahi la région. La police a par exemple été dépêchée pour maintenir l’ordre dans la foule tendue devant le centre d’analyse mis en place à Wasayo (province du Sindh).

Un autre médecin inocule le VIH à au moins 90 personnes dont 65 enfants 

Quand une consultation chez le médecin tourne au drame. Au Pakistan, dans la province de Sindh dans le Sud du pays, au moins 90 personnes, dont 65 enfants, ont été contaminées par le VIH après avoir été piquées par une seringue contaminée. « Nous avons arrêté un médecin », a annoncé le chef de la police de Larkana, commune où ce désastre a eu lieu. « D’après les autorités sanitaires, il injectait des médicaments avec une seule seringue », a expliqué le Dr Azra Pechuho, ministre de la Santé du Sindh. L’homme en question, lui-même séropositif, nie les charges dont il fait l’objet.

L’enquête a commencé la fin du mois d’avril , après que 18 enfants vivant en banlieue de Larkana ont été testés positifs au VIH. Les autorités sanitaires ont alors lancé une campagne de dépistage plus large. Au total, « plus de 90 personnes », dont 65 enfants, auraient été diagnostiquées séropositives, selon un responsable sanitaire du district de Lakana. Quant aux parents des enfants infectés, ils ne sont pas malades, précise Azra Pechuho.

Selon un document de police, une clinique est « la source de la diffusion de la maladie », mais il n’est pas précisé si le médecin arrêté y travaillait. Les responsables sanitaires de la région ont également annoncé avoir fermé plus de vingt locaux gérés par « des charlatans », craignant que la réutilisation des seringues mal stérilisées ne soit à l’origine des infections. Car ces médecins exerçant sans formation ni diplôme et dispensant des soins à des prix défiant toute concurrence sont malheureusement très nombreux et fortement plébiscités au Pakistan, pays au système de santé quasiment inexistant. En attendant d’en savoir plus, l’investigation continue, a déclaré le Dr Sikandar Ali, manager du programme pour le contrôle du sida dans la région de Sindh, au journal The Telegraph.

600.000 charlatans actifs au Pakistan

Le pays, dont la population est en croissance rapide, souffre déjà d’un manque d’infrastructures médicales, longtemps négligées par les autorités. Si bien que les communautés rurales pauvres sont particulièrement vulnérables face aux pratiques médicales douteuses.

« Selon certaines données gouvernementales, environ 600.000 charlatans sont actifs dans le pays et environ 270.000 pratiquent dans la province du Sindh », a indiqué l’agence UNAIDS dans un communiqué.

« Des piqûres à plusieurs patients avec une seule seringue »

Des responsables provinciaux du secteur de la santé notent que les patients sont particulièrement exposés aux contaminations et aux virus par le biais d’injections.

« Pour économiser de l’argent, ces charlatans feront des piqûres à plusieurs patients avec une seule seringue. Cela pourrait être la cause principale de la multiplication des cas », estime Sikandar Memon.

Le Pakistan a longtemps été considéré comme un pays où la prévalence du VIH était faible. Mais le virus se propage désormais à un rythme inquiétant, en particulier chez les toxicomanes et chez les travailleurs du sexe. Avec quelque 20.000 nouveaux cas de séropositivité recensés pour la seule année 2017, le rythme de propagation de la maladie au Pakistan est le 2è plus rapide en Asie, selon des statistiques de l’Onu.

L’année dernière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait fait part de son inquiétude sur le sujet. Avec 20 000 nouveaux cas par an, le Pakistan est en effet devenu le pays où le virus se propage le plus vite.  

D’après les derniers chiffres du gouvernement, seuls 16% des 150 000 personnes officiellement infectées ont été diagnostiquées et parmi elles, 9% ont accès à un traitement. Quant au 135 000 malades restants, ils « se baladent de communautés en communautés, susceptibles d’infecter les autres, mêmes leurs bébés pas encore nés », avait alerté le Dr Saima Paracha du Programme National de Contrôle du VIH l’année dernière.

Le sida dans le monde

Au niveau mondial, 36, 9 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2017, d’après le site sida-info.org. La même année, 940 000 personnes seraient décédées de maladies liées au virus. Quant à la France, en 2017, environ 6 400 personnes ont découvert leur séropositivité, un chiffre qui ne diminue plus depuis 2010, selon le dernier bilan de la surveillance du VIH de Santé Publique France.

Parmi les personnes diagnostiquées en 2017, 3 600 (56%) ont été contaminées lors de rapports hétérosexuels, 2 600 (41%) lors de rapports entre hommes et 130 (2%) par usage de drogues injectables. Chez les hétérosexuels, les personnes les plus touchées sont nées à l’étranger (75%), principalement en Afrique subsaharienne. Enfin, 52% des découvertes de séropositivité concerne des personnes n’ayant jamais été testées auparavant. Et Santé publique France de conclure : « ces chiffres soulignent l’importance du dépistage du VIH ». Rappelons que le dépistage régulier des MST bactériennes est également indispensable pour une vie sexuelle épanouie et sans risques.