
Abdessalem Laarif
Alors que les analystes politiques peinent à reprendre leurs esprits de l’authentique tournis institutionnel encore vaguement défini par un effet ou phénomène Macron, il ne se passe pas un jour sans que le nouveau locataire de l’Elysée ne prenne prétexte de l’expression du moindre usage, surtout consacré avant lui, bon ou mauvais, pour marquer son pouvoir du sceau de l’autorité et ce, avec une égalité de ton sidérante, jupitérienne.
Sont-ce là des signes de fragilité personnelle? Il est trop tôt pour se prononcer sur ce qu’il en sera à l’épreuve du temps, quoique l’on puisse déjà conclure à un genre d’autorité que l’on n’exerce pas dans les limites de son objet mais sous le couvert de laquelle on use du pouvoir, alors qu’elle est préalablement délimitée comme un cadre, un contenant plus qu’un contenu. Aussi, gare à y mettre tout !
En morigénant publiquement le général De Villiers, chef d’état–major des armées françaises, dans des termes peu respectueux de l’institution militaire, le risque sérieux est pris de voir un jour cette autorité s’écrouler sans rien épargner de ce qui lui aura été dû. D’ailleurs, par une maladresse symétrique, la déclaration présidentielle, reprenant les mêmes mots du premier ministre, selon laquelle le successeur désigné à la fonction, le général Lecointre dont la valeur, au vu de ses états de service, la lui font indiscutablement mériter, est un héros, me semble insultante pour le premier car la notion subjective ainsi évoquée suggère une différence entre les deux hommes. Macron est un monarque mais n’a pas les qualités d’un chef.
Abdessalem Laarif