Le secrétaire général du Hezbollah accuse Riyad d’avoir demandé à Israël de frapper le Liban
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a révélé que l’Arabie Saoudite a incité Israël à frapper le Liban. Dans un discours retransmis, ce vendredi, par la chaîne AlManar, à l’occasion de l’Arbaïn de l’imam Hussein et de la journée du martyr du Hezbollah,Nasrallah a précisé qu’il ne s’agit pas d’analyses mais des informations. L’Arabie s’est dit prête à payer des dizaines de milliards dollars à Israël pour mener cette guerre, a affirmé le numéro un du Hezbollah.
S’agissant de la démission forcée du Premier ministre Saad Hariri depuis Ryad, Nasrallah a assuré que M.Hariri est assigné à résidence en Arabie saoudite. Il a également appelé les Libanais à l’unité face au complot saoudien contre le Liban et le Hezbollah, tout en saluant la gestion sage du chef de l’Etat.
Et d’ajouter : l’humiliation du Premier ministre libanais est une humiliation pour tous les Libanais, appelant à agir pour sa libération.
« Depuis samedi, on a mis le Liban devant une nouvelle réalité dangereuse. On entend des menaces ici et là », a dénoncé le leader chiite, lors d’un discours
« En un an, le Liban est entré dans une phase de stabilité politique, la situation était bonne (…). Mais d’un coup, l’Arabie saoudite convoque à Riyad le Premier ministre urgemment, sans ses conseillers. Il s’y rend, et on lui impose de démissionner et de lire le communiqué qu’ils ont écrit, mettant de facto le Liban devant une nouvelle réalité. S’en suivent des déclarations saoudiennes en série, notamment des menaces », a rappelé Hassan Nasrallah. « Il s’agit d’une ingérence inédite et publique de la part de l’Arabie » dans les affaires du Liban, a-t-il insisté.
« Cet homme est détenu en Arabie saoudite »
« Cela ne fait plus de doute. Cet homme (Saad Hariri) est détenu en Arabie saoudite, et ne peut jusqu’à nouvel ordre rentrer au Liban. Le chef du gouvernement libanais est en détention en Arabie saoudite, a insisté le leader chiite. Il s’agit également pour l’Arabie d’une tentative d’imposer un nouveau leadership sunnite, et même un nouveau chef de gouvernement. »
Hassan Nasrallah a estimé dans ce contexte que « l’insulte saoudienne contre Saad Hariri est une insulte contre tout le Liban ». « Nous condamnons l’ingérence saoudienne dans les affaires libanaises. Ils n’ont pas le droit de faire cela. Et nous condamnons leurs agissements honteux avec le président Hariri. Nous considérons, en tant que Hezbollah et Libanais, que l’insulte contre Saad Hariri est une insulte contre tout le Liban. Saad Hariri est le Premier ministre du Liban. M. Hariri n’a pas écrit un mot du communiqué qu’il a lu lors de sa démission », a insisté le leader chiite.
« Nous appelons comme le bloc parlementaire du Futur au retour de M. Hariri au Liban. S’il veut démissionner, qu’il rentre au pays et qu’il fasse ce qu’il veut. Il pourrait dire qu’il voudrait rester Premier ministre ou démissionner, ou encore déclarer la guerre au Hezbollah. Mais qu’il rentre au pays. Car il est inacceptable qu’il reste Premier ministre du Liban alors qu’il est en résidence surveillée », a prévenu Hassan Nasrallah.
« Nous considérons que cette démission est illégale et n’a aucune valeur, car elle a été faite sous la contrainte, a martelé le chef du parti chiite. Nous avons toujours un gouvernement en exercice. Ce gouvernement n’est pas démissionnaire, et il ne peut y a voir de consultations pour former un nouveau cabinet. »
« Frapper le Liban »
Dans ce contexte tendu, Hassan Nasrallah a affirmé sans ambages que l’Arabie saoudite a demandé à Israël de frapper militairement le Liban. « L’Arabie saoudite a demandé à Israël de frapper le Liban. Et elle est prête à offrir des dizaines de milliards de dollars pour cela », a-t-il assuré, parlant d' »informations sûres ». « La guerre de juillet 2006 (entre le Hezbollah et Israël) a également été menée à la demande et sur incitation de l’Arabie saoudite qui avait demandé la poursuite des hostilités jusqu’à la destruction de la Résistance. Il est clair que l’Arabie a déclaré la guerre au Hezbollah. Mais elle l’a également déclarée à tout le Liban », a ajouté le numéro un du parti chiite.
« Nous ne croyons pas qu’une guerre avec Israël aura lieu bientôt. L’ennemi israélien sait que le coût d’une telle guerre serait très élevé », a-t-il fait savoir. « Nous suivons la situation de près, et les Israéliens sont prudents. Nous sommes aujourd’hui plus forts que par le passé. Et je mets en garde Israël contre toute erreur de calcul. Ils ne devraient pas croire que nous sommes occupés ou craintifs. »
Selon Hassan Nasrallah, l’Arabie saoudite veut « se défouler au Liban », car elle ne peut pas affronter l’Iran. « L’Arabie, en voyant tous ses échecs dans la région, se dit qu’elle peut réaliser des avancées au Liban. Il n’est pas vrai que le Liban est sous l’emprise de l’Iran. L’Arabie, tout comme l’Iran, ont une influence au Liban. Mais à la différence de Riyad, Téhéran ne se mêle pas des affaires libanaises. Je vous le dis, l’Iran a de l’influence au Liban mais n’instrumentalise pas cette influence pour obtenir des gains. Je vous défie de me donner un seul exemple qui contredise mes propos », a insisté Hassan Nasrallah.
Et le numéro un du Hezbollah de lancer : « Si les Saoudiens croient qu’ils peuvent faire échec à la Résistance (…) ils se trompent. Ils feront face à la défaite, tout comme cela a été le cas ailleurs dans la région. Ils ne peuvent pas battre le Hezbollah ».