Je savais qu’il allait revenir. Son discours de passation de pouvoir après la démission de son gouvernement était un au revoir non déguisé. Un de ses proches collaborateurs m’a assuré que son patron est un « mo7rath » de travail hors norme . S’agissant de ses convictions religieuses, il n’en a jamais fait l’étalage en public.
Cependant, personnellement j’ai du mal à faire le bilan de son passage au gouvernement et je ne me rappelle pas de grandes réalisions à lui attribuer. Mais tout de même, nous savons tous que les nominations hasardeuses dans la fonction publique n’ont jamais été remises en cause par son gouvernement alors qu’elles étaient une exigence capitale pour la constitution de son gouvernement.
Ceci ne m’empêche pas de faire la constatation suivante: Mahdi Jomaa était de tous les gouvernements post 14 janvier 2011 jusqu’à celui de Si Habib Essid. En clair, il fait partie des bénis de « Dieu », et cette bénédiction ne peut être que conditionnée par la docilité (et un peu plus) envers Ennahdha.
Et la je rejoins Si Adnane Belhajamor qui, dans son analyse ( lire ci-bas ) de l’arrivée de l’Alternative dans le paysage politique tunisien, s’est posé la question de la proximité de ce parti avec le mouvement islamiste Ennahdha car sur ce sujet Si Jomaa n’a pas été très loquace.
Personnellement, je considère que dans l’état actuel des choses, tout nouveau parti est une nouvelle division et une surexposition de nouveaux égos. J’ajoute que la multiplication des partis favorise de manière très significative Ennahdha car, ne touchant pas son électorat, elle dilue les voix de l’opposition pour l’anéantir définitivement.
Pour participer au débat, je me permets aussi de poser certaines questions pêle-mêle à ce parti ( par le biais de ses dirigeants) pour qu’on puisse l’identifier et comprendre ses spécificités:
1) Est-il pour un amendement de la constitution pour changer le système de gouvernance en Tunisie et arrêter le système actuel qui ne permet aucun avancement
2) serait il d’accord pour concrétiser la laïcité et la liberté de conscience?
3) Est-il pour ou contre la loi électorale actuelle et serait il d’accord pour la changer au plus vite pour adopter un scrutin uninominale majoritaire à deux tours?
4) Pour la lutte contre le terrorisme, serait il capable de dénoncer et de poursuivre toutes les personnes impliquées dans les différentes tueries y compris celles qui occupent de grandes responsabilitéss politiques?
5) Quels sont ses projets s’agissant de la neutralisation des grands trafiquants et de leurs soutiens?
6) s’agissant de l’égalité des chances entre citoyens, quels sont les mécanismes et les garanties à prévoir et à décider pour les assurer et les pérenniser?
7) Comment redorer et rendre compétitif notre système éducatif et comment libérer l’université du corporatisme et de l’invasion de la médiocrité?
8) Est-il capable d’arrêter le système de l’État providence et d’encourager les initiatives privées?
9) Serait-il capable d’adopter des lois civiles (inspirées des grandes démocraties du monde) pour la gestions du quotidien des citoyens (héritage, adoption, mariage, …) et de cesser toute référence à la religion dans les écrits?
J’attends les réponses à ces questions pour pouvoir poser d’autres dans le but de clarifier les tenants et les aboutissants de ce parti.
J’imagine que mon amie Sana Ghenima pour qui j’ai beaucoup d’estime et de considération n’a pas choisi par hasard de faire partie des membres fondateurs de ce parti, de même que Si Tawfik Jlassi et j’espère que je trouverai chez eux de quoi calmer mes angoisses et mes interrogations.
Enfin, je rappelle le proverbe tunisien: (Al Badil) Tabdil esrouj fih raha, j’attends confirmation!
!..AH..!
Ali Gannoun
Vous allez devoir vite , très vite , annoncer votre position à l’égard de Nahdha et de l’islam politique .
A Mahdi Jomaa qui a annoncé aujourd’hui officiellement la création d’un nouveau parti , je livre mon sentiment et mes interrogations: :
Vous allez devoir vite , très vite , annoncer votre position à l’égard de Nahdha et de l’islam politique .
Mahdi Jomaa , vous êtes un monsieur , qui jeune étudiant déjà , a appartenu à cette mouvance . On vous a retrouvé 25 ans plus tard ministre de la Troika proposé par Nahdha et vous semblez avoir donné satisfaction à ce parti au point d‘être proposé par cette même Nahdha comme chef du gouvernement . On est tenté d’appeler ça une cohérence sur le long cours !!
Nous ne vous avons jamais entendu évoquer des questions en relation avec le besoin de continuer le processus de modernisation culturelle et sociétale engagé depuis l’indépendance par Bourguiba et les bâtisseurs de l’Etat tunisien .
Pour le besoin de clarté et pour éviter à notre peuple une autre déception , vous êtes appelé à vous prononcer sur les problèmes de modernité et sur votre conception de la république civile et démocratique .
J’ose espérer que vous ne vous offusquerez pas de cette interrogation. C’est essentiellement par rapport à ces questions que les démocrates et les modernistes de ce pays se détermineront politiquement à votre égard
Et d’ajouter
Lorsque j’ai décidé hier matin d’interpeller Mahdi Jomaa en lui posant des questions sur sa façon de voir les relations entre son nouveau parti et la Nahdha , je l’ai fait d’une manière franche et directe , loin de tout calcul politicien ou volonté de nuire gratuitement à l’ancien chef du gouvernement.
Mes interrogations étaient légitimes et justifiées . Le problème du modèle de société devant prévaloir dans notre pays est un problème on ne peut plus sérieux et déterminant .
Une large frange de l’opinion publique politisée veut savoir comment chaque politicien , se voulant chef et figure de proue , voit la chose. N’est ce pas à l’ordre du jour et n’est ce pas la question brûlante et prioritaire qui leste le pays et empêche son envol ?
Je savais évidemment que certaines personnes allaient être contrariées par mon texte . Mais je ne pensais point que les réactions allaient être aussi agressives .
Soit , je prends et je ne regrette pas un instant d’avoir publié mon interpellation reprise par quelques journaux électroniques et partagée par des centaines de « facebookeurs ». J’ai l’habitude de gérer ces situations .
Mes opinions , je les proclame toutes choses restant égales par ailleurs , c’est à dire sans développer de haine et sans remettre en question mon amitié et les bonnes relations que j’entretiens au niveau personnel avec des personnes qui font partie de la première spirale des dirigeants du parti « Al-Badil » . Je pense notamment à deux dames pour qui j’ai une amitié et une sympathie indéfectibles , j’ai nommé Sana Ghenima et Donia Hedda-ellouze . La valeur intrinsèque de nombreux cadres dirigeants du parti de MJ n’est plus à démontrer .
Nous devons tous apprendre à gérer nos divergences et différences d’opinion dans le strict respect du principe de la libre expression. Je suis inscrit moi même à » l’école qui dispense cet apprentissage ».
Tout s’apprend en effet , on ne naît pas démocrate , je ne le sais que trop
Adnane Belhajamor