L’Union Européenne va instaurer l’heure d’été toute l’année

Bruxelles va proposer la fin du changement d’heure dans l’Union Européenne ( UE ), objet d’une controverse permanente, en s’appuyant notamment sur une consultation publique menée cet été.

« Des millions de personnes ont répondu et sont d’avis qu’à l’avenir, c’est l’heure d’été qui devrait être tout le temps la règle, et nous allons réaliser cela », a expliqué vendredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à la chaîne de télévision allemande ZDF.

Un nombre record de 4,6 millions de réponses, en provenance des 28 États membres, ont été enregistrées au cours de cette consultation publique, qui s’est tenue du 4 juillet au 16 août.

Selon des résultats préliminaires, 84 % des répondants, qui se sont exprimés via un questionnaire en ligne, sont favorables à la fin du changement d’heure.

« Lorsque l’on consulte les citoyens sur quelque chose, il convient aussi ensuite de faire ce qu’ils souhaitent », a insisté Jean-Claude Juncker vendredi dans son entretien avec la ZDF.

« Le message est très clair », a pour sa part estimé à Bruxelles la commissaire européenne chargée des Transports, Violetta Bulc, dans un communiqué.

« Nous allons maintenant agir en conséquence et préparer une proposition législative pour le Parlement européen et le Conseil (qui représente les États membres, NDLR), qui décideront ensuite ensemble », a-t-elle précisé.

Un système désuet

Concrètement, la Commission ne va pas proposer de rester à l’heure d’été, mais uniquement de supprimer les deux changements d’heure annuels, a ensuite précisé un porte-parole de l’institution, Alexander Winterstein.

Les États membres seront libres de rester soit à l’heure d’été, soit à l’heure d’hiver, puisque cela est de leur compétence, a poursuivi le porte-parole, disant cependant s’attendre à ce que les discussions des capitales sur le sujet aboutissent à un résultat cohérent.

Selon la Commission, les opposants au changement d’heure ont mis en avant des « considérations relatives aux impacts négatifs sur la santé, à l’augmentation du nombre d’accidents de la route ou au manque d’économies d’énergie ».

Le changement entre heure d’été et d’hiver, introduit en Europe à l’origine pour réaliser des économies d’énergie, suscite de vives oppositions depuis des années.

Plusieurs pays du nord de l’Europe, comme la Lituanie, la Finlande, la Pologne ou la Suède, réclament l’abandon de ce système.

La consultation publique de la Commission fait notamment suite à une résolution adoptée en février par les députés européens, réclamant une « évaluation » détaillée du système de changement d’heure.

« De nombreuses études, si elles n’aboutissent pas à des conclusions définitives, ont indiqué l’existence d’effets négatifs sur la santé des êtres humains » de ces décalages d’une heure, avaient souligné les eurodéputés dans un communiqué.

« La directive actuelle, entrée en vigueur en 2001, fixe pour l’ensemble de l’UE une date et une heure harmonisées pour le début et la fin de la période de l’heure d’été, l’objectif étant d’aider le marché intérieur à fonctionner de façon efficace », avaient-ils rappelé.

Depuis 1996, tous les Européens avancent leur montre d’une heure le dernier dimanche de mars et la reculent d’une heure le dernier dimanche d’octobre.

Les résultats de la consultation publique laissent apparaître que les Allemands sont particulièrement intéressés par le sujet, puisque 3,79 % de leur population ont répondu au questionnaire.

Ils sont suivis par les Autrichiens (2,94 %) et les Luxembourgeois (1,78 %).

Dans tous les autres pays, moins de 1 % de la population s’est manifesté. Les Italiens ne sont par exemple que 0,04 % à avoir répondu à cette consultation et les Espagnols 0,19 %.

« Il ne s’agit pas d’un référendum », a argué Alexander Winterstein, expliquant que d’autres éléments avaient été pris en compte par la Commission comme des « études scientifiques ».

Les conséquences du maintien de l’heure d’été toute l’année

L’Union européenne veut mettre fin au changement d’heure. Selon le président de la commission, Jean-Claude Juncker, l’heure d’été devrait être retenue toute l’année. Un choix pas forcément très judicieux. On vous explique.

Le maître des horloges, c’est l’UE. L’Union européenne a proposé, jeudi 31 août de mettre fin au changement d’heure et pourrait adopter une bonne fois pour toutes l’heure d’été. Bruxelles s’appuie sur une consultation publique menée cet été pour justifier une telle initiative. « Des millions de personnes ont répondu et sont d’avis qu’à l’avenir, c’est l’heure d’été qui devrait être tout le temps la règle, et nous allons réaliser cela », a déclaré ce vendredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Instauré en France en 1976, puis progressivement en Europe au cours des années 80, le changement d’heure est censé permettre des économies d’énergie. Mais au fil des décennies, ce mythe s’est peu à peu effrité. Depuis plusieurs années, des pays du nord de l’Europe, comme la Finlande, la Lituanie, la Pologne ou encore la Suède, réclament son abandon pur et simple.

Se pose alors la question de l’heure qui doit être conservée tout au long de l’année. Si Jean-Claude Juncker plaide pour l’heure d’été, Alexander Winterstein, l’un des porte-paroles de l’Union européenne, s’est toutefois montré moins catégorique. Pour l’instant, la Commission ne va pas proposer de rester à l’heure d’été, mais uniquement de supprimer les deux changements d’heure annuels.

Les Etats membres seront libres de rester soit à l’heure d’été, soit à l’heure d’hiver, puisque cela est de leur compétence, poursuit le porte-parole, espérant toutefois que les discussions entre les capitales européennes sur le sujet aboutissent à un résultat cohérent.

En tout cas, instaurer toute l’année l’heure d’été en France présenterait quelques inconvénients. Tout d’abord, cela instaure un décalage sur l’heure solaire qui serait désormais de deux heures en permanence. Ce qui aurait pour conséquence de voir le jour se lever particulièrement tard les matins d’hiver. A la fin du mois de décembre, le soleil ne pointerait le bout de son nez pas avant 9h30.

Quel impact sur le sommeil ?

Plusieurs secteurs professionnels se verraient alors pénalisés. Celui de la construction notamment. Les travaux s’effectuant généralement le jour, il faudrait alors commencer la journée de travail plus tard en hiver. Les agriculteurs qui eux aussi commencent leur journée généralement très tôt seraient perdants en cas d’adoption permanente de l’heure d’été.

L’impact sur la santé, en particulier sur le sommeil, serait également négatif. En fin de journée, quand la luminosité diminue, le cerveau commence à secréter la mélatonine, une hormone qui permet l’endormissement. Or, si on garde l’heure d’été en hiver, l’obscurité arrivera plus tard et décalera ainsi la sécrétion de cette hormone si importante pour un sommeil de qualité.

Selon Leatitia Moreau, membre de l’Association Contre l’Heure d’Eté Double » (ACHED), cette décision serait aussi nocive sur le plan environnemental. « Le bilan carbone du système actuel est déjà mauvais en été. Maintenir l’heure d’été toute l’année serait encore pire pour le climat », assure-t-elle. De toute façon, « conserver l’heure d’été toute l’année n’a pas de sens. Ce serait irresponsable », résume-t-elle, se félicitant toutefois que l’Europe veuille enfin mettre fin au changement d’heure.

Avec agences