L’occupant israélien arrête deux Italiens ayant peint un portrait géant d’Ahed Tamimi

Deux Italiens et un Palestinien ont été arrêté par la police israélienne pour avoir peint un portrait d’Ahed Tamimi sur le mur de séparation en Cisjordanie.

Venus d’Italie pour peindre le portrait de l’icône de la résistance palestinienne, deux artistes ont été arrêtés samedi 28 juillet par la police israélienne.

Quelques jours avant la libération de l’adolescente, un portrait géant à son effigie a été peint sur le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie. La peinture murale est l’oeuvre de l’artiste de rue italien Jorit Agoch, qui apparaît masqué.

La veille de la libération en catimini d’Ahed Tamimi, la police israélienne a interpellé un Palestinien et deux Italiens ayant peint le portrait de cette adolescente, considérée comme une égérie de la cause palestinienne, sur le mur de séparation israélien en Cisjordanie, a fait savoir le département des négociations de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

«Les forces israéliennes ont arrêté deux artistes italiens et un citoyen palestinien», indique la source.

Comme le précise l’agence palestinienne Wafa, la police israélienne a arrêté les artistes venus exprès d’Italie pour peindre le portrait de la jeune fille à l’occasion de sa prochaine libération, au moment où ils achevaient leur œuvre à Bethléem, non loin de la mosquée Bilal Ben Rabah.

Les trois hommes arrêtés, dont les visages étaient masqués, sont accusés d’avoir peint illégalement sur le mur, précise la police israélienne. Ils étaient toujours en détention dimanche.

Haute de près de quatre mètres, la fresque représente le désormais célèbre visage de cette jeune Palestinienne de 17 ans, qui a purgé huit mois de prison pour avoir giflé des soldats israéliens dans la cour de la maison familiale. 

Ahed Tamimi, devenue une héroïne aux yeux des Palestiniens, a été filmée le 15 décembre en train de s’opposer à un officier et un soldat israéliens devant sa maison, dans le village cisjordanien de Nabi Saleh.

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Une vidéo de la confrontation la montre en train de gifler l’officier et de frapper le soldat au visage, leur donnant aussi des coups de pied. Les deux hommes étaient équipés de casque et de tenue de combat et sont restés passifs.
Les soldats israéliens s’étaient déployés pour surveiller une manifestation de Palestiniens, qui a lieu chaque semaine dans ce village, pour protester contre la politique d’Israël en Cisjordanie.

L’adolescente a été inculpée le 1er janvier de plusieurs chefs d’accusation, dont coups et blessures, jets de pierre, incitation et participation à de «violentes émeutes».

Elle a été condamnée fin mars par un tribunal militaire israélien à huit mois de prison. Ce dimanche elle a été libérée.

Appel à l’aide

Le ministère italien des Affaires étrangères a indiqué dimanche suivre « avec la plus grande attention le cas des deux Italiens arrêtés à Bethléem », précisant que que le consul italien s’était rendu « au lieu de détention à Jérusalem » et qu’un avocat du consulat avait pu s’entretenir avec les deux hommes.

Mercredi, l’artiste de rue italien Jorit Agoch avait revendiqué être l’auteur du portrait. Un message publié samedi soir sur une page Facebook qui porte son nom indiquait qu’il avait été arrêté et demandait de l’aide.

Le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie occupée est recouvert à de nombreux endroits de graffitis et de peintures, dont certaines de l’artiste de rue britannique Banksy, pour soutenir la cause palestinienne.

« La résistance continue jusqu’à ce que l’occupation prenne fin »

La jeune fille de 17 ans et sa mère, Narimane, également incarcérée à la suite de l’incident, ont été transférées depuis la prison Sharon en Israël jusqu’à la Cisjordanie occupée où elles résident, a indiqué Assaf Librati, le porte-parole de la prison.

Elles ont été conduites par des soldats israéliens jusqu’à leur village de Nabi Saleh. Face à un mur de caméras, les épaules recouvertes d’un keffieh, châle blanc et noir symbole de la résistance palestinienne, Ahed Tamimi a adressé des remerciements à la foule venue l’accueillir.

« La résistance continue jusqu’à ce que l’occupation prenne fin », a-t-elle clamé, sa voix recouverte par les cris de ses soutiens