Libye: Tension entre le gouvernement Sarraj et Paris

Le Gouvernement d’union nationale (GNA) en Libye a annoncé , mercredi 29 avril,  avoir protesté auprès de Paris au sujet du survol «sans autorisation» de territoires sous son contrôle d’un avion de combat français Rafale.

Dans un bref communiqué, le ministère des Affaires étrangères du GNA a «exprimé son mécontentement après la violation de l’espace aérien libyen par l’armée de l’air française», protestant auprès de Paris au sujet du survol «sans autorisation» de ses territoires d’un avion de combat Rafale.

Le GNA a encore dénoncé «une violation de la souveraineté libyenne».

«Le ministère français des Affaires étrangères nous a indiqué qu’il allait contacter le ministère français de la Défense et nous fournir les circonstances» de ce survol, toujours d’après le communiqué, cité par l’AFP.
Selon le GNA, le Rafale ainsi qu’un avion de ravitaillement ont été repérés au-dessus de la ville de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, et d’Abou Grein, une zone plus à l’est.

Ce dernier secteur est le théâtre de combats entre les forces alliées au GNA et celles du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, qui mène depuis avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli, siège du GNA reconnu par l’Onu.

Les pro-GNA accusent la France de soutenir politiquement et militairement le maréchal Haftar.

Paris prône le dialogue entre les parties

Paris dément régulièrement soutenir l’offensive du maréchal, et a estimé mardi que la solution au conflit ne pouvait passer «que par le dialogue entre les parties sous l’égide des Nations unies, non par des décisions unilatérales».
La diplomatie française réagissait à la déclaration la veille du maréchal Haftar qui a dit disposer d’un «mandat du peuple» pour gouverner seul la Libye. 

Le Gouvernement d’union nationale libyen (GNA) basé à Tripoli a dénoncé, mardi 28 avril, un énième « coup d’État » du maréchal Khalifa Haftar, au lendemain de la proclamation par l’homme fort de l’Est qu’il disposait d’un « mandat du peuple » pour gouverner seul la Libye, en proie au chaos.

Accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer une nouvelle dictature militaire en Libye, près d’une décennie après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le maréchal, qui contrôle l’Est mais aussi une partie du Sud, a annoncé lundi le transfert du pouvoir à son armée autoproclamée, disant avoir « accepté la volonté du peuple et son mandat ».

Khalifa Haftar, qui tient sa légitimité d’un Parlement élu basé aussi dans l’est, n’a pas précisé auprès de quelle institution il avait reçu « mandat ». Il n’a pas non plus expliqué les implications politiques de son annonce : le Parlement et le gouvernement parallèle dont il est issu vont-ils être dissous ? Selon une source proche du dirigeant libyen, il s’apprête, pour le moins, à annoncer un nouveau gouvernement.

Lundi soir, le maréchal Haftar a également annoncé « la fin de l’accord de Skhirat », signé en 2015 au Maroc sous l’égide de l’ONU et dont est issu le GNA, basé à Tripoli, dans le nord-ouest du pays. 

« Signe de désespoir »

En réaction aux propos du haut-gradé, le GNA de Fayez al-Sarraj a dénoncé une « farce et un nouveau coup d’État », « qui s’ajoute à une longue série ».

En 2017, le maréchal avait déjà assuré que l’accord de Skhirat avait « expiré ». En 2014, il avait affirmé dans un discours à la télévision qu’il allait prendre le pouvoir, mais son annonce était restée sans suite.

Khalifa Haftar, qui tente depuis un an de s’emparer militairement de Tripoli, veut par son annonce « dissimuler la défaite de ses milices et mercenaires » et « l’échec de son projet dictatorial », a argué le GNA, en allusion aux récents revers des pro-Haftar.

« La décision de Haftar d’officialiser son contrôle direct sur l’Est (…) est un signe de son désespoir croissant face aux succès du GNA dans l’ouest », juge aussi Hamish Kinnear, analyste pour la société de conseil Verisk Maplecroft.

Soutenues par Ankara, les forces du GNA ont repris il y a deux semaines aux pro-Haftar deux villes stratégiques de l’ouest et cernent Tarhouna, la plus importante base arrière du maréchal, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Tripoli.

Exacerbé au fil des mois par les ingérences armées étrangères, avec notamment les Émirats arabes unis soutenant le maréchal Haftar, et la Turquie appuyant le GNA, le conflit en Libye a fait depuis plus d’un an des centaines de morts et plus de 200.000 déplacés.