Libye : Paris juge « inacceptable le soutien militaire turc » au gouvernement Sarraj

La France a jugé , lundi 15 juin , inacceptable le soutien militaire apporté par la Turquie au gouvernement d’entente nationale (GEN) dirigé par Faez Sarraj en Libye dans son offensive qui se poursuit contre les forces du maréchal Khalifa Haftar.

Les milices islamistes du GEN , soutenues par la Turquie , ont lancé une contre-offensive contre les forces du maréchal Haftar après avoir repoussé en début de mois leur assaut contre la capitale Tripoli, bien que les deux camps aient accepté la semaine dernière de négocier un cessez-le-feu sous l’égide de l’Onu.

«La France condamne toutes les ingérences étrangères en Libye, sans exception», déclare le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. «Aujourd’hui, bien que les deux camps libyens aient accepté de s’engager dans la négociation d’un cessez-le-feu, l’offensive conduite par les forces favorables au gouvernement d’entente nationale se poursuit, avec le soutien massif de la Turquie en violation de l’embargo sur les armes des Nations unies.»

«La poursuite des ingérences étrangères, notamment l’intensification du soutien turc, (…) n’est pas acceptable, et cela doit cesser», ajoute le Quai d’Orsay.

La France  irritée par l’intervention « agressive » de la Turquie 

La France a critiqué dimanche l’intervention « agressive » de la Turquie dans le conflit libyen comme inacceptable, accusant Ankara membre de l’OTAN d’avoir violé un embargo sur les armes de l’ONU et d’avoir envoyé une demi-douzaine de navires sur les côtes du pays déchiré par la guerre.

La Turquie, soutenue par son principal allié régional, le Qatar, soutient le gouvernement d’entente nationale (GEN) reconnu par l’ONU à Tripoli dans le conflit contre les forces de l’homme fort de l’est de la Libye, Khalifa Haftar.

Paris est irrité par « une position encore plus agressive et insistante de la Turquie, avec sept navires turcs déployés au large des côtes libyennes et des violations de l’embargo sur les armes », a déclaré un haut responsable présidentiel.

« Les Turcs se comportent de manière inacceptable et exploitent l’OTAN. La France ne peut pas se contenter de rester », a ajouté le responsable, qui a demandé à ne pas être nommé.

Le président français Emmanuel Macron a déjà eu des entretiens sur la question cette semaine avec le leader américain Donald Trump, et « des échanges auront lieu dans les semaines à venir à ce sujet avec les partenaires de l’OTAN », a indiqué le responsable.

Les commentaires sont venus après qu’un navire de guerre turc a empêché mercredi une nouvelle mission navale de l’UE imposant l’embargo sur les armes en Libye de contrôler un cargo suspect au large des côtes libyennes.

La Turquie a envoyé des combattants syriens, des conseillers militaires et des drones pour soutenir le GNA, dans un déploiement qui a changé le cours du conflit, les forces de Haftar subissant une série de défaites.

Les tensions ont augmenté au cours de la dernière rencontre entre Macron et le président turc Recep Tayyip Erdogan, notamment lorsque le dirigeant français a déclaré que l’absence de réponse de l’OTAN à une opération unilatérale turque dans le nord de la Syrie montrait que l’alliance subissait une « mort cérébrale ».

Bien qu’ils soient des côtés opposés du conflit, certains analystes pensent que la Russie et la Turquie pourraient encore ne pas trouver d’accord pour la Libye comme ils l’ont fait avec la Syrie.

Mais les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la Russie ont reporté dimanche une visite prévue en Turquie pour discuter des conflits en Libye et en Syrie, sans aucune raison claire.