
Abdessalem Laarif
Devant les signes patents d’une montée des nationalismes en Amérique et en Europe, désormais auréolés des vertus indiscutables que sont les légitimes défenses culturelle et sécuritaire, il m’afflige de lire sur Facebook leur dénonciation par des tunisiens aux titres comminatoires de la xénophobie et du racisme, comme pour revendiquer le mérite, bien méprisable, d’en représenter les cibles. Aussi, un devoir de vérité s’impose t-il à nous pour bannir de nos esprits les stigmates d’une prostration mentale trop longtemps subie dans nos rapports aux grandes puissances et dont nous n’avons su nous libérer que dans les stades de foot ball.
Les sociétés occidentales ne pouvaient supporter plus longtemps que nos coreligionnaires, surtout d’origines maghrébines, d’abord attirés par le confort strictement matériel d’une citoyenneté d’emprunt y prissent ensuite leurs aises, déformant leurs langues et chahutant leur mode de vie pour finalement enfanter des âmes perdues qui y sèment la mort au nom d’Allah.
Poutine, Trump, May, Le Pen, Fillon peut être, ne sont pas là par accident. Plus qu’une vague, c’est une lame de fond qui les porte, mais ne nous répétons pas.
En désespoir de voir un jour la plupart de leurs dirigeants cesser de guetter, serviles, les bonnes et moins bonnes dispositions de tel donneur d’ordres étranger ou tel autre à leur endroit, il importe plus que jamais aux arabes, en général, de faire leur profit de la leçon qui leur est en quelque sorte retournée par lesdites puissances, celle d’une dignité collective qui, hier seulement, portée par de vrais leaders, leur valait le respect de toutes même parfois sans trop le laisser paraître et qu’il est, dans ce contexte, tout aussi séant de désigner par indépendantisme ou nationalisme. L’histoire n’attend que d’être épluchée pour me conforter dans l’espoir de n’étonner personne en soutenant que les nations fortes, pour le devenir puis le rester, souvent en dépit de dimensions géographiques réduites, ont de tous temps eu la même peur des faibles, des lâches et des esclaves, c’est-à-dire des pays mal gouvernés. Au fait, si le cas cité en dernier lieu n’était pas celui de la Tunisie, fourvoyée contre la volonté de son peuple par l’inconscience ou la fourberie de ses élus dans de bien aventureuses et viles compromissions, comment serait-elle alors devenue vraisemblablement le premier pays exportateur de terrorisme au monde ?
Trêve de flagornerie et d’ergoterie, car c’est de cela qu’il s’agit quand certains d’entre nous applaudissent comme un succès diplomatique, photos dans le Bureau Ovale à l’appui , la compassion monétisée d’un Obama, d’ailleurs réduite de moitié par le Sénat, et quand certains autres se dressent , colères, contre la simple ignorance par un premier ministre français des goûts vestimentaires des tunisiennes et rient de la manière dont il a écorché, au Palais de Carthage, le nom de leur Président sans toutefois s’inquiéter du peu d’intérêt que cela trahit pour sa personne et par voie de conséquence pour son rôle à la tête de l’Etat.
Je ne crains pas de me livrer en saluant les nationalismes renaissants, si au-delà du glas du terrorisme islamiste qu’ils annoncent, les peuples arabes, durement éprouvés dans le jeu pervers des stratèges d’apocalypse américains et français qui s’en vont, y faisaient écho pour qu’enfin une paix réelle et une coopération confiante et mutuellement profitable entre des états sûrs puissent être instaurées.
Abdessalem Larif