On parle d’un taux d’abstention record pour les prochaines élections municipales qui avoisinerait les 60%.
Chers jeunes concitoyens, chers jeunes Tunisiens,
Le 06 mai se joue l’avenir de la Tunisie pour cinq ans et probablement pour plus que ça. Par les bulletins de vote vous est donnée la possibilité de faire entendre vos voix. C’est tout à la fois banal et en même temps extraordinaire et finalement crucial pour la Tunisie, pour vous, pour ceux qui viendront ensuite et pour ceux qui vous ont gagné cette liberté.
Avoir 20-30 ans c’est pouvoir embrasser tous les possibles, tenter toutes les aventures, « voler, chanter, partir, repartir, souffrir, aimer » et risquer sans jamais avoir à le regretter. À 20-30 ans le regret est le compagnon de la paresse, le frère de la résignation, l’ami de l’abandon. À 20-30 ans, on ne laisse à personne le soin de voir à sa place, de sentir à sa place, de tenter à sa place… ou de voter à sa place.
Bien sûr, vous pouvez hausser les épaules en prétextant que ça ne changera rien, qu’ils sont tous pareils, que vous n’y croyez pas, que vous n’y croyez plus, que vous avez mieux à faire… mais alors qu’adviendra-t-il le lendemain matin. Que direz-vous, qui serez-vous au cœur de votre municipalité qui aura commencé à faire son choix. Où serez-vous quand fort d’une élection peut-être gagnée sur le dos de votre abstention, un nouvel conseil municipal rabotera vos droits, réduira le champ de vos possibles ou amputera ce que vos parents ou vos grands-parents avaient acquis sur les barricades de leurs combats, sur les piquets de leurs grèves ou sur les pavés de leurs sacrifices.
Quoi qu’il arrive le 06 mai prochain, allez jusqu’à votre bureau de vote et là, faites votre choix, celui de votre génération, celui de vos désirs, celui de votre utopie, de vos croyances ou de votre ambition, mais faites votre choix ; celui de l’avenir que vous voulez pour vous, faites entendre votre voix, celle de la liberté, celle de l’égalité ou celle de la responsabilité… Ne laissez à personne le soin de parler pour vous, de crier pour vous, d’être citoyens pour vous et finalement de choisir pour vous le visage de votre commune que vous ne reconnaitriez plus.
Ce qui se joue le 06 mai vous engage et même vous oblige. On ne peut décemment pas tourner le dos à des élections librement offertes et ensuite venir critiquer les résultats inattendus d’un « hold-up électoral », venir marcher pour protester, venir chanter avec ceux qui ont mérité ce droit par le simple cheminement qui mène de la posture de la critique assise à celle du citoyen, dressé, responsable et digne.
Ni la loi, ni la morale ne vous obligent à aller voter le 06 mai prochain, mais votre conscience de citoyen, oui.
Myriam Boujbel