Lettre à mon ami Hichem Ajbouni !

Pour commencer, je vous remercie d’avoir pris la peine de commenter mon statut intitulé  » je ne sortirai pas manifester le 14 janvier ». Nous avons tous les deux le même souci d’avoir et de voir une Tunisie meilleure et une Tunisie plus optimiste.
Que votre gentillesse et votre ouverture d’esprit me permettent certaines remarques pour enrichir le débat démocratique entre personnes responsables. Je commence par vous poser certaines questions ou plutôt certaines interrogations.

1) Avons nous connu une vraie révolution? Qui étaient ses leaders? quelles étaient ses revendications?
2) Quels rôles ont joué les puissances étrangères dans le soulèvement des tunisiens?
3) Les islamistes méritent-ils de gouverner? ont-ils bénéficié de l’aide de politiciens véreux qui ont mangé à tous les râteliers?
Supposons qu’il y a eu une révolution, regardons franchement ses conséquences;
1) le chômage a explosé
2) L’insécurité est généralisée
3) Le favoritisme est légion
4) la corruption s’est généralisée
5) les incivilités n’ont plus de limites
6) l’administration est foireuse
7) L’école publique qui agonisait avant 2011 a été achevée
8) La saleté est partout
9) les hôpitaux se sont délabrés
10) L’insolence est monnaie courante
11) il n y a plus aucun respect pour la hiérarchie
12) les médiocres ont pris le pouvoir
13) les brigands sont devenus des seigneurs
14) les voleurs ont trouvé refuge dans le parlement
15) nous n’avons plus de justice
16) Les terroristes pullulent dans les mosquées
17) nos filles sont allées se prostituer en Syrie et ailleurs
18) nos garçons (plus de 5000) sont devenus assassins au nom de Dieu
19) nous n’avons plus de diplomatie
20) nous ne sommes plus respectés dans le monde et nous sommes regardés comme un pays pourvoyeur d’assassins.

Oui, nous avons eu des élections et chaque jour qui passe nous montre qu’elles étaient bien taillées pour installer la gabegie dans le pays. Nous avons aussi une constitution qui consacre l’anarchie et la compromission. Notre parlement élu a servi de cache pour beaucoup de malfaiteurs et d’extrémistes. C’est à partir de lui qu’a commencé le démembrement de l’état. Des députés voyous, des mercenaires, des hystériques, des vendus ont peuplé cette institution et ont développé le mépris de l’état, les enchères de la compromission et la tachlication pure et simple de la république.

Nous sommes passé de « Al 3ahd el Jadid » ( l’ère nouvelle) à « El « 3ahd et ba2ed » (l’ère révolue) en conservant les mêmes pratiques avec un peu plus d’hypocrisie et de je-m’en-foutisme.

Ben Ali est mort depuis longtemps et beaucoup continuent à mâcher son nom pour expliquer leur propre échec!! Ce débiner et ne pas assumer sa responsabilité a fait sombrer le pays dans l’incertitude.

L’homme a perdu de sa valeur et a été touché dans son intégrité et son honneur. Parait-il qu’il est plus libre aujourd’hui!! Mais depuis quand aboyer donne à manger et soigne la population?

Et puis, parlons de cette liberté! Vous ne trouvez pas que le visage de nos journaux, de nos télévisions et de nos radios est plus répugnant aujourd’hui qu’hier?

Que pensez-vous de tous ses chroniqueurs qui ont perdu tout sens de responsabilité et de professionnalisme pour devenir des mercenaires des mots et des portes-flingue de politiciens corrompus?

Oui Si Hichem, la révolution a réuni la gauche caviar opportuniste et la droite islamiste dans une entreprise de destruction de la Tunisie. Des têtes mal faites cherchent à perdurer dans le paysage politique tunisien quitte à s’associer avec le diable. Il y a de quoi vomir à voir El Hezgui , Elloumi, Bouajila, Aloui, Ben Mbarek, Ben Achour et bien d’autres mettre la main dans la main avec les islamistes pour sauver leur peau.

Honteusement, il s’est avéré que, chez certains politiciens, pour exister, il faut soutenir les islamistes même s’il faut fermer les yeux sur le foyer de terrorisme chéri, dorloté et financé par El Karadhaoui et bien installé au centre de Tunis!

Peut être faudrait il comprendre une fois pour toute que la « fausse » religiosité n’absout pas les crimes commis par les islamistes?

Si Hichem, vous ( pas Hichem Ajbouni seulement) avez eu plusieurs occasions pour dénoncer l’islamisme rampant (et non l’islam) et vous avez manqué de courage pour le faire pour rester dans le politiquement correct. L’islamisme c’est la soumission aux ennemis de la Tunisie (la Turquie, le Qatar et bien d’autres). Il est l’obscurantisme, c’est le tribalisme, le frérisme, le recul et la désintégration de la République.

Vous êtes comptable (expert même) et vous savez mieux que quiconque donc parler les chiffres. Donnez moi un seul résultat positif dans la comptabilité du pays! Donnez-moi une seule réalisation pour le bien-être des tunisiens lors des 10 dernières années!

Je ne pleure pas la situation de Bhiri qui a détruit la justice tunisienne mais je pleure toutes les personnes qui étaient ses victimes. Bizarrement le droit de l’homme est à géométrie variable dans notre « nouvelle démocratie »!

Je confirme vos dires concernant l’ignorance politique des tunisiens, leur égoïsme et leur nonchalance mais un homme politique responsable a l’obligation de rehausser le niveau et à montrer le bon chemin. Il doit être conscient des souffrances de la population et ne doit nullement les utiliser pour cultiver sa puissance et soigner son image.

Vous êtes dirigeant dans un parti qui a un problème de tempo. Il danse toujours à contre temps mais je reste convaincu que vous (Hichem Ajbouni) êtes un homme du futur de la Tunisie. Je suis un électron libre dont le seul parti est la Tunisie. Nous nous retrouvons sur plusieurs approches et nous nous divergeons sur d’autres mais nous sommes animés tous les deux (et bien d’autres) par l’amour de ce pays. C’est pour cette raison que je vous réserve toute mon amitié.

Permettez moi de vous dire, pour finir ce billet, que je ne soutiens pas Kaes Said mais le peu de choses qui l’oppose aux islamistes. Toute personne normalement constituée ne cherche absolument pas à retourner en arrière pour au moins deux raisons:

1) Aucun miracle ne pourrait ressusciter Ben Ali.
2) L’avenir de la Tunisie n’est pas son passé (prenez-le comme un théorème) et l’age de pierres ou de briques n’est pas mon rêve ni mon souhait.

Avec toute ma considération et mon amitié.
!..AH..!

Ali Gannoun