L’armée israélienne affirme avoir « neutralisé » les chefs du Jihad islamique palestinien à Gaza

Les opérations israéliennes qui ont commencé vendredi dans l’enclave palestinienne ont fait trente et un morts, dont six enfants, selon le ministère de la santé à Gaza. Le groupe Jihad islamique palestinien a affirmé dimanche avoir tiré des roquettes vers Jérusalem.

L’armée israélienne a assuré samedi 6 août avoir « neutralisé » les chefs « militaires » du groupe Jihad islamique palestinien (JIP) à Gaza, lors d’opérations qui ont, selon les autorités de l’enclave palestinienne, fait trente et un morts, dont six enfants. Selon un bilan actualisé, le ministère de la santé à Gaza a ajouté que 275 personnes avaient été blessées.

En soirée, Oded Basiok, le chef de la direction des opérations de l’armée d’Israël, a fait parvenir un communiqué à l’AFP dans lequel il a affirmé que « la haute direction de l’aile militaire du Jihad islamique à Gaza a été neutralisée ». Tayssir Al-Jabari et Khaled Mansour ont été tués, a confirmé le JIP. Une vingtaine de membres du mouvement ont été arrêtés dans la nuit par les forces de sécurité israéliennes en Cisjordanie occupée, a ajouté dimanche l’armée.

« La bataille n’en est qu’à ses débuts », avait déclaré plus tôt Mohammed Al-Hindi, un responsable de ce groupe armé. Le JIP a affirmé dimanche avoir tiré des roquettes vers Jérusalem, pour la première fois depuis le début des hostilités. Des sirènes d’alerte ont retenti « dans le secteur autour de Jérusalem », a de son côté précisé l’armée israélienne, sans plus de détail. Ces tirs sont survenus alors que des centaines d’Israéliens sont rassemblés dans la Vieille Ville à l’occasion d’une fête juive, ce qui fait craindre des violences alors que des nationalistes se rendent sur l’esplanade des Mosquées, aussi appelée mont du Temple. Cette partie est située à Jérusalem-Est, secteur occupé et annexé par Israël.

Samedi après-midi, des sirènes d’alerte avaient déjà retenti dans la métropole israélienne de Tel-Aviv. Le système israélien de défense aérien, Dôme de fer, a intercepté 97 % des roquettes palestiniennes, selon l’armée israélienne.

Israël contredit le bilan donné par les autorités palestiniennes et assure que plusieurs enfants palestiniens ont été tués samedi soir à Jabaliya (Nord) par un tir de roquette raté du JIP. « Les forces de sécurité israéliennes n’ont pas frappé Jabaliya ces dernières heures », a déclaré le bureau du premier ministre israélien, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

L’armée israélienne a annoncé samedi qu’elle se préparait à « une semaine » de raids sur Gaza, visant le JIP, dont elle a dit avoir tué quinze combattants, dont le commandant en chef Tayssir Al-Jabari.

L’Egypte en possible médiateur

Cette nouvelle confrontation, qui a débuté vendredi, est la pire qui ait eu lieu entre Israël et des organisations armées de Gaza depuis la guerre de mai 2021, qui avait fait en onze jours 260 morts côté palestinien, parmi lesquels des combattants, et quatorze morts en Israël, dont un soldat, d’après les autorités locales.

Des sources égyptiennes ont affirmé à l’AFP que Le Caire, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, s’efforçait d’établir une médiation. Lors d’un discours, le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a affirmé travailler « sans relâche » pour ramener le calme. Cependant, sur le terrain, les échanges de tirs se sont poursuivis dans la nuit de samedi à dimanche, d’après des journalistes de l’AFP à Gaza. Israël ne mène « pas actuellement de négociations en vue d’un cessez-le-feu », a affirmé un porte-parole militaire israélien.

L’armée israélienne a commencé à frapper vendredi l’enclave de 2,3 millions d’habitants sous blocus dans le cadre d’une « attaque préventive » contre le JIP, a-t-elle dit. En représailles, environ quatre cents projectiles – roquettes et obus de mortier – ont été lancés ces dernières vingt-quatre heures depuis Gaza, d’après un responsable israélien. La plupart ont été interceptés par le bouclier antimissile, a précisé l’armée, et deux personnes ont été légèrement blessées par des éclats d’obus, selon des secouristes.

Une centrale électrique à l’arrêt

Les hostilités ont déjà privé Gaza, petite langue de terre coincée entre l’Egypte, la Méditerranée et Israël, de son unique centrale électrique. Elle « a cessé [de fonctionner] en raison d’une pénurie » de carburant, a expliqué samedi la compagnie d’électricité. Israël a bouclé les passages frontaliers ces derniers jours, interrompant de fait les livraisons de diesel. La coordinatrice des affaires humanitaires de l’ONU dans les territoires palestiniens, Lynn Hastings, a appelé à permettre l’entrée dans l’enclave de « carburant, de nourriture et de fournitures médicales ».

C’est l’arrestation d’un chef du JIP en Cisjordanie en début de semaine qui a mené à cette nouvelle confrontation. Craignant des représailles, les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles lançaient une opération à Gaza, micro-territoire gouverné par le mouvement islamiste Hamas et où le JIP est bien implanté.

Les forces israéliennes ont également arrêté en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, dix-neuf membres du groupe considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Après les premiers raids, le JIP a accusé Israël d’avoir « déclenché une guerre ».

Pour Yaïr Lapid, c’est une « opération de contre-terrorisme précise contre une menace immédiate », celle du JIP, « un supplétif de l’Iran » voulant « tuer des Israéliens innocents ». En 2019, la mort d’un commandant du JIP dans une opération israélienne avait déjà donné lieu à plusieurs jours d’échanges de tirs meurtriers. Le Hamas, qui a combattu Israël lors de quatre guerres depuis sa prise du pouvoir en 2007, s’était lui tenu à distance.