L’Arabie saoudite a signé le 5 octobre avec la Russie un accord préliminaire ouvrant la voie à l’achat de systèmes russes de défense antiaérienne S-400 ainsi qu’à leur production dans le royaume saoudien, allié traditionnel des Etats-Unis.
Le 5 octobre à l’occasion d’une visite du roi Salmane à Moscou, la Russie et l’Arabie saoudite ont signé un accord prévoyant l’achat par Ryad de missiles S400 mais aussi de systèmes antichars Kornet-EM, de lance-roquettes TOS-1A, de lance-grenades AGS-30 et de fusils d’assaut Kalachnikov AK-103, selon les modalités précisées dans un communiqué de la Saudi Arabian Military Industries (SAMI).
Le communiqué précise que « Les parties coopéreront pour mettre en place un projet de localisation de la production du système de défense anti-aérien S-400 et de l’entretien de ses pièces », a indiqué la même source, évoquant également des « transferts de technologie » pour d’autres armements.
Ce protocole « se concentre sur l’installation de la fabrication des systèmes d’armement avancés en Arabie saoudite » et « inclut le transfert de technologie » pour les Kornet-EM, TOS-1A et AGS-30, précise le communiqué.
Il inclut également « des programmes d’entraînement et d’éducation » pour les Saoudiens, selon la même source. Un système S-400 comprend plusieurs stations radar, ainsi que des missiles de diverses portées et des équipements de maintenance.
« Cette visite va donner une nouvelle impulsion puissante au développement des relations bilatérales », a déclaré le président russe Vladimir Poutine en ouvrant sa rencontre avec le roi Salmane.
Les accords signés jeudi « permettent d’élever le partenariat russo-saoudien à un niveau inédit », a renchéri le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, à l’issue de ces négociations.
Au total, une quinzaine d’accords représentant des « milliards de dollars » selon le président du Fonds russe des investissements directs Kiril Dmitriev, ont été signés
Vers une autre réalité géopolitique ?
Jugée historique et spectaculaire par les experts politiques, l’arrivée du souverain saoudien à Moscou et son entrevue avec Vladimir Poutine pourrait redessiner considérablement les équilibres au Moyen-Orient, rapporte le journal libanais l’Orient-Le Jour.
La visite à Moscou du roi Salmane ben Abdelaziz al-Saoud d’Arabie saoudite, âgé de 82 ans, dont le dernier déplacement remontait au mois de février dernier, témoigne du réchauffement des relations entre les deux États. Comme le relate le journal l’Orient-Le Jour, la rencontre entre le Président russe et le roi saoudien serait en mesure de bouleverser l’ordre géopolitique au Moyen-Orient.
D’après le média, ce rapprochement a été rendu possible grâce à la nomination du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui avait déjà connu une expérience d’intermédiaire entre ces deux États.
Pourtant, la visite à Moscou pourrait sembler étrange, notamment parce que les relations entre les États-Unis et la Russie ne cessent de se détériorer ces derniers temps, alors que l’Arabie saoudite collabore avec les autorités américaines et que la quasi-totalité de l’arsenal saoudien provient de l’Otan, souligne l’Orient-Le Jour.
En outre, selon la publication, après le déplacement de Donald Trump en mai dernier à Riyad, destiné à renforcer l’alliance entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, la Maison-Blanche n’allait pas être contente d’apprendre l’arrivée du roi Salmane à Moscou.
«Il faut comprendre les Saoudiens. Leur réputation est ternie à cause de la Syrie et du Yémen, ils ne sont plus aussi populaires qu’auparavant au Congrès ou au Sénat. L’amitié de Trump n’est pas une garantie suffisante!», déclare l’expert Florent Parmentier cité par le média.
Ainsi, comme le précise l’Orient-Le Jour, le «royaume reconnaît simplement la nouvelle donne géopolitique, Moscou faisant son retour en tant qu’acteur important et reprenant la place que la Russie avait perdue avec la dissolution de l’Union soviétique».
Le média résume que le monde se dirige vers un système d’alliances «plus flexibles et ouvertes, même si elles peuvent sembler contre nature».
Sources : RT, Sputnik et agences