Exclue en 2016 du Conseil des droits de l’homme des Nations unies ( CDH ) , la Russie a annoncé sa candidature à celui-ci. Moscou a vivement dénoncé la décision des Etats-Unis de quitter l’organe, évoquant le «mépris» de Washington pour les droits de l’homme.
Au lendemain du retrait annoncé par la représentante des Etats-Unis aux Nations unies (ONU), Nikki Haley, la Russie a annoncé qu’elle serait candidate au Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH) pour la période 2021-2023, conformément aux délais et règles de fonctionnement de l’institution internationale. La décision de Washington continue en effet de susciter des réactions sur la scène internationale et Moscou a accusé Washington d’instrumentaliser l’institution onusienne.
«Apparemment, les Etats-Unis préféreraient faire du Conseil un instrument docile pour promouvoir leurs intérêts, et pour punir les nations qui ne sont pas favorables [aux positions de Washington]», a observé la mission diplomatique russe dans un communiqué cité par l’agence Tass le 20 juin. La Russie a rappelé en outre que le CDH avait été crée, à l’instar des Nations unies dans leur totalité, «au service de tous [ses] Etats membres, et non pas d’une seule nation ou groupe de nations».
Grossier cynisme
«Les Etats-Unis ont une nouvelle fois porté un grave coup à leur réputation de défenseurs des droits de l’homme, ils ont montré leur mépris […] pour l’ONU et ses structures», a déclaré ce même jour lors d’une conférence de presse la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Poursuivant, la porte-parole russe a fustigé le «grossier cynisme» de Washington en matière de respect des droits de l’homme.
La Russie exclue de la CDH en 2016, l’Arabie saoudite maintenue
Le CDH a été créé en 2006 pour promouvoir et protéger les droits de l’homme à travers le monde. Ses rapports ont souvent contredit l’agenda géopolitique américain.
Au total, cette institution compte 47 places, réparties par régions. Un tiers des membres y siégeant est renouvelé chaque année, à l’issue d’un vote.
En octobre 2016, la Russie, qui prétendait à une place pour la zone Europe de l’Est, avait échoué à se maintenir au CDH, n’ayant obtenu que 112 soutiens parmi les 193 pays membres des Nations unies. Dans le même temps, l’Arabie saoudite, allié fidèle des Etats-Unis, était réélue pour représenter en matière de droits de l’homme le continent asiatique. Cette décision avait fait polémique, des ONG pointant du doigt l’intervention militaire menée par le royaume saoudien au Yémen, mais aussi les violations des droits de l’homme, et ceux des femmes, en Arabie saoudite même.
En juin 2016, les organisations Human Rights Watch et Amnesty International avaient publié un communiqué conjoint dans lequel elles appelaient à suspendre l’Arabie saoudite du Conseil. La Russie, elle, avait été mise en cause par d’autres ONG pour son rôle en Syrie, où elle intervient militairement au côté de Damas contre les groupes terroristes depuis 2015.
Israël ravi, les autres alliés des USA déçus
Si Israël se félicite de la décision américaine de quitter le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, estimant qu’il lui est hostile, ailleurs dans le monde, les premières réactions de capitales à ce retrait font état de déception et de regret.
Divers Etats, dont certains traditionnellement alliés de Washington comme le Royaume-Uni, ont déploré la décision des Etats-Unis de se retirer du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH). Au contraire, Israël s’est félicité le 20 juin de ce choix, accusant l’organisation d’hypocrisie et de parti pris anti-israélien. Les Etats-Unis avaient annoncé le 19 juin qu’ils se retiraient du CDH basé à Genève.
«Israël remercie le président Trump, le secrétaire [d’Etat Mike] Pompeo et la représentante [américaine à l’ONU Nikki] Haley pour leur décision courageuse contre l’hypocrisie et les mensonges du soi-disant Conseil des droits de l’homme de l’ONU», ont déclaré les services du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dans un communiqué.
A l’opposé d’Israël, le reste du monde a commencé à faire entendre un chœur de critiques au sujet du retrait américain. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Zeid Al Hussein, qui quitte son mandat dans deux mois, l’a immédiatement regretté. «C’est une nouvelle décevante, même si elle n’est pas surprenante. Au vu de l’état des droits de l’homme dans le monde d’aujourd’hui, les Etats-Unis devraient avancer et non reculer», a-t-il statué.
Chez les responsables politiques occidentaux, Boris Johnson, secrétaire d’Etat des Affaires étrangères du Royaume-Uni, a été l’un des premiers à réagir, sur Twitter. Il a jugé «regrettable» cette décision, et confirmé que son pays se maintiendrait dans l’organisation.
François Delattre, l’ambassadeur français à l’ONU, a estimé que ce désengagement n’était «pas un bon signal alors que les droits de l’homme sont massivement mis à l’épreuve».
Chez les Occidentaux toujours, Didier Reynders, le ministre fédéral belge des Affaires étrangères et européennes a déclaré pour sa part être «déçu».
La Suisse a fait connaître sa position, par le voix de Bénédic de Cerjat, ambassadeur de Suisse auprès de l’OTAN : «La Suisse regrette la décision des Etats-Unis de se retirer du Conseil des droits de l’Homme. Ils y avaient leur place et pouvaient y jouer un rôle important.»
Le CDH a été créé en 2006 pour promouvoir et protéger les droits de l’homme à travers le monde, mais ses rapports ont souvent contredit les priorités américaines. Fréquemment épinglé pour sa politique dans les territoires occupés, Israël a rompu tout contact avec l’organisation en 2012 en refusant une mission d’enquête internationale visant les territoires palestiniens.
Depuis l’arrivée début 2017 du républicain Donald Trump à la Maison Blanche, les Etats-Unis se sont retirés de l’Unesco et ont réduit leurs contributions à plusieurs organismes de l’ONU.
Il y a 12 ans, l’administration du républicain George W. Bush avait boycotté le CDH, avant que le démocrate Barack Obama ne décide d’y intégrer son pays à nouveau.
Source : Rt et agences