La Russie devient le premier fournisseur de pétrole de la Chine

Les importations chinoises de pétrole russe ont bondi de 55% en mai sur un an.

Alors que les pays de l’Union européenne tentent de se passer de l’or noir russe depuis le début de la guerre en Ukraine, la Chine a au contraire augmenté ses importations de pétrole brut provenant de Russie de 55% en mai par rapport à l’an passé.

Un bond qui s’explique par la chute des prix du pétrole russe en raison des sanctions visant Moscou. Les raffineurs chinois en ont profité pour augmenter leurs approvisionnements en important 8,42 millions de tonnes, soit environ 1,98 million de barils par jour, selon les données de l’Administration générale des douanes chinoises citées par l’agence Reuters.

Des chiffres records qui font désormais de la Russie le premier fournisseur de pétrole de la Chine, devant l’Arabie Saoudite, reléguée au deuxième rang avec 7,82 millions de tonnes importées (+9% sur un an) en mai, soit 1,84 million de barils par jour.

Importations de GNL russe en forte hausse

L’Irak se place troisième avec 4,69 millions de tonnes (+4,5%) fournies à Pékin. Viennent ensuite l’Angola (3,15 millions, -3,6%) et le Brésil (2,21 millions, -19%), victimes de la baisse des prix du pétrole russe.

Au total, les importations de pétrole brut de la Chine ont augmenté de près de 12% en mai à 10,8 millions de barils par jour, contre une moyenne de 10,3 millions en 2021. Les données des douanes montrent également que les importations chinoises de gaz naturel liquéfié russe se sont élevées à 400.000 tonnes en mai, en hausse de 56% sur un an.

Avant cette hausse des livraisons, la Russie fournissait à la Chine 16% de son pétrole, avec en moyenne 1,59 million de barils livrés chaque jour l’an dernier, selon la banque ANZ. Si le gaz naturel russe représentait en temps normal 5% de la consommation chinoise, en février dernier, Pékin et Moscou ont scellé un nouvel accord pour la fourniture de 10 milliards de m3 de gaz naturel à la Chine en provenance de l’Extrême-Orient russe. Les deux pays ont aussi plusieurs projets de gazoducs, dont le premier est entré en service en 2019.

La solidité du lien économique entre les deux pays se mesure également sur le front des exportations chinoises, la Chine étant le premier partenaire commercial de Moscou. Elles ont, en effet, augmenté depuis le début de l’année. Sur les deux premiers mois de 2022, les ventes du géant asiatique vers son voisin russe ont bondi de 41,5% sur un an, selon les douanes chinoises, sans que le détail des produits concernés ait été précisé.

Un soutien mutuel

Depuis le début du conflit en Ukraine le 24 février dernier, la Chine n’a eu de cesse de rappeler sa proximité avec la Russie, comme lors d’un appel entre le président chinois Xi Jinping avec son homologue russe Vladimir Poutine, mercredi dernier. « La Chine est disposée à poursuivre avec la Russie le soutien mutuel sur les questions de souveraineté, de sécurité, ainsi que sur d’autres questions d’intérêt fondamental et préoccupations majeures », a ainsi indiqué le chef d’Etat chinois, selon des propos cités par l’agence de presse Chine nouvelle.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux dirigeants étaient convenus d’« élargir la coopération dans les domaines énergétique, financier, industriel, des transports et autres, en tenant compte de la situation économique mondiale qui s’est compliquée en raison des sanctions illégitimes de l’Occident ». Les dirigeants russe et chinois ont en outre discuté du « développement des relations militaires et militaro-techniques », selon la présidence russe, affirmant que leur échange avait été « chaleureux et amical ». Xi Jinping et Vladimir Poutine ont également souligné leur intention de « bâtir un système de relations internationales réellement multipolaire et juste ».

La Chine se refuse depuis l’intervention russe en Ukraine à employer le mot « invasion » pour décrire cette opération militaire. Elle censure d’ailleurs sur son territoire les contenus en ligne jugés pro-occidentaux ou défavorables à la Russie. Tout en disant reconnaître la souveraineté de l’Ukraine, elle considère également que la Russie a des préoccupations légitimes en matière de sécurité qui doivent être entendues et rejette la faute du conflit sur les Etats-Unis et l’Otan.

Mises en garde des Occidentaux

Ces derniers n’ont de cesse de condamner ce rapprochement et d’alerter la Chine sur ses conséquences. Ils l’ont notamment mis en garde contre tout soutien au régime du président russe qui permettrait à Moscou d’atténuer l’impact des sanctions. « Nous sommes préoccupés par le fait qu’ils envisagent d’assister directement la Russie avec de l’équipement militaire qui serait utilisé en Ukraine », s’est ainsi alarmé le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, mi mars, prévenant que la Chine s’exposerait à des représailles si elle devait « soutenir l’agression russe » contre l’Ukraine.