J’ai lu « Le prince » de Machiavel avant d’atteindre l’âge de douze ou treize ans et me souviens trop bien de l’incrédulité suscitée dans mon esprit par une forme d’inventivité que je trouvais désuète dans ce qui allait devenir, à en croire des critiques avertis, le dictionnaire des rois. Deux considérations m’ont depuis lors fait tenir si longtemps pour invraisemblables les préceptes professés par l’auteur que je n’ai plus ressenti le besoin de le relire, l’une bien évidente d’ordre moral, l’autre d’ordre pratique ne laissant que peu de chances à des intrigues politiques grossières de l’emporter sur le bon sens, chose du monde la mieux partagée selon Descartes. Soyez rassurés, non seulement je me suis délesté de mes illusions, mais trouvé sur le même chemin réhabilitant Machiavel dans mon estime, les traces plus fraiches de Molière qui me font penser devoir relire « les fourberies de Scapin ».
Abdessalem Larif