La guerre au Yémen a fait plus de 60 000 morts ,selon Acled

L’ONG Acled a publié un rapport faisant état de 60 223 personnes tuées depuis 2016 dans la guerre au Yémen. Un bilan qui contraste avec les «plus de 10 000 morts» annoncés par les médias, un bilan qui date… de début 2017.

Spécialisée dans l’analyse de données sur les violences politiques à travers le monde, l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled; cliquez ici pour lire en anglais ) a publié , ce 11 décembre 2018, un rapport sur la guerre au Yémen. Entre autres informations, le document évoque, pour la période du mois de janvier 2016 au mois de novembre 2018, un bilan de 60 223 morts, précisant que près de la moitié de ces décès auraient eu lieu en 2018.

Le chiffre contraste significativement avec celui des plus de «10 000 morts» régulièrement repris, jusqu’à ce jour, dans le paysage médiatique. «La guerre au Yémen a fait au moins 10 000 morts», écrit par exemple l’AFP ce même 17 décembre 2018. Problème de cette estimation très médiatisée ? Elle provient en fait d’un bilan de l’ONU datant de début 2017, faute de données plus récentes de l’organisme international.

«On cite souvent le chiffre de 10 000 morts. Il provient d’un officiel de l’ONU qui évoquait les seules victimes civiles, au début de l’année 2017. Un chiffre qui n’a pas bougé depuis lors», estimait pour sa part le journaliste Patrick Cockburn, le 26 octobre 2018, dans les colonnes du quotidien britannique The Independent. De rares estimations indépendantes existaient cependant, comme le chiffre de 50 000 morts avancé en août 2018 par le Washington Post.

Andrea Carboni, l’un des chercheurs qui a travaillé sur ce rapport, a ainsi expliqué à RT que la crise au Yémen avait été largement sous-estimée, dénonçant une «attitude paresseuse» du monde médiatique qui, en relayant le seul chiffre de l’ONU «minimise considérablement la dévastation».

Dans un tweet publié ce 11 décembre, le chercheur précise que le mois de novembre de l’année 2018 a été «le mois le plus violent depuis que l’Acled a commencé à suivre la violence au Yémen, avec 3 058 décès signalés».

« today released a press statement as conflict-related deaths in #Yemen between Jan 2016 and Nov 2018 now exceeds 60,000. November 2018 was the most violent month since ACLED started tracking violence in Yemen, with 3,058 reported fatalities.« 

L’ONG, qui base son travail sur l’analyse et le recoupement de centaines de sources locales, précise que ses estimations incluent uniquement les décès «directement causés par la violence». Et de préciser : «Des estimations complémentaires produites par des organisations comme Save the Children indiquent que des dizaines de milliers de personnes supplémentaires pourraient être mortes d’autres causes liées aux conflits, comme la famine et la maladie.»

Entre gouvernement et rebelles : vers des pourparlers de paix ?

Depuis 2015, le Yémen est le théâtre d’une guerre opposant les rebelles chiites houthis, qui contrôlent la capitale yéménite Sanaa et le port de Hodeida, à une coalition arabe sous commandement saoudien qui défend le gouvernement réfugié à Aden et qui mène quotidiennement des raids aériens sur le Yémen.

Au mois d’août, au moins 66 enfants perdaient la vie dans des frappes de la coalition saoudienne dans la province de Saada, au nord du pays.

Pour la première fois depuis 2016, de fragiles pourparlers de paix inter-yéménites se sont ouverts le 6 décembre en Suède, juste après le redoublement des violences sur le port d’Hodeida, par lequel transitent les échanges commerciaux.

Cessez le feu fragile

Alors que des combats se sont poursuivis ces derniers jours, un responsable de l’ONU a assuré lundi que le cessez-le-feu à Hodeida, au Yémen, serait appliqué mardi.
Le cessez-le-feu à Hodeida, au Yémen, sera appliqué mardi, a assuré lundi un responsable de l’ONU, alors que des combats se sont poursuivis ces derniers jours en dépit de l’accord conclu jeudi dernier en Suède spécifiant une entrée en vigueur immédiate. « Oui, c’est vrai », a répondu ce responsable, qui a requis l’anonymat, interrogé sur des informations selon lesquelles le cessez-le-feu devait finalement être appliqué à compter de mardi, à lundi 22 heures, heure française.

Une date choisie pour des raisons « opérationnelles ». Ce responsable a expliqué le choix de cette date par des raisons « opérationnelles ». Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Khaled al-Yemani, avait affirmé dimanche soir dans une déclaration à la chaîne de télévision officielle du Yémen, que la cessez-le-feu entrerait en vigueur mardi à minuit.

Les combats n’ont pas cessé depuis jeudi. Les combats entre les forces pro-gouvernementales et les rebelles Houthis n’ont pas cessé dans la ville de Hodeida et sa province depuis la conclusion jeudi de l’accord de Suède. Selon les termes de l’accord annoncé par l’ONU, un cessez-le-feu devait pourtant entrer « immédiatement » en vigueur dans cette ville aux mains de la rébellion et qui constitue le principal point de fixation du conflit depuis des mois. Un retrait des combattants était par ailleurs prévu au cours des « prochains jours ».