Nous apprenons de source digne de confiance que le conseil scientifique de la Faculté de Pharmacie de Monastir s’est réuni le mercredi 8 mai 2019 pour débattre de l’adoption d’un nouveau statut de « Professeur Universitaire au Foyer » qui autorise les enseignants à ne pas exercer dans les hôpitaux pour rester chez eux tout en percevant leurs salaires dans leur intégralité .
Jusque-là , seul le statut de « Professeur Hospitalo-Universitaire » existe. Il donne droit aux enseignants d’exercer dans les hôpitaux universitaires (38H par semaine) et d’enseigner à la faculté de pharmacie 20H par an en moyenne, selon l’effectif par spécialités et le volume horaire dans le cursus.
Le nouveau statut bizarre de « Professeur Universitaire au Foyer » a été inventé par le Ministère de la Santé pour contourner la loi. Ainsi le ministre peut recourir à ce statut pour rendre un service non mérité à un cadre ou bien lorsqu’il laisse pourrir une situation conflictuelle par peur d’affronter des hors la loi. Tout ceci en sacrifiant les cadres compétents, la sécurité des malades et la qualité des soins.
Ce statut est déjà entré en application avant d’être publié au journal officiel. Il dispense les professeurs de l’exercice hospitalier et les contraint seulement à leur charge universitaire de 20H par an. Le salaire reste conservé dans son intégralité.
Le statut de « Professeur Universitaire au Foyer » a été appliqué pour la première fois en fin 2018 sur Pr.Emna Zribi ancienne chef de service à l’Hôpital Habib Bourguiba de Sfax qui a été acculée à quitter l’hôpital avec la complicité du directeur régional de la santé de Sfax et la caution du Ministre islamiste de la santé le imed hammami. Nous précisons que Pr. Zribi était lauréate de sa promotion et son cursus était couronné par un prix présidentiel.
Ce statut maudît a frappé Pr.Senda Bahri qui n’exerce plus son activité hospitalière. Nous précisons que Pr.Bahri avait créé l’unité de « Nutrition parentérale en néonatologie » de la Rabta conformément aux standards internationaux et l’a dirigée pendant plusieurs années en assurant la sécurité de perfusion des médicaments à nos nouveaux nés. Le drame des 14 décès n’aurait jamais pu se produire si elle n’avait pas quitté son poste de chef de service de la pharmacie de cette maternité, il y’a un an et demi.
Actuellement le tour vient au Professeur Ghaya Merdassi, première spécialiste en biologie de la reproduction diplômée de la Faculté de pharmacie de Monastir. Son dossier est en cours de mijotage à feu doux pour qu’elle soit éjectée de l’Unité de Procréation Médicalement Assistée à Hôpital Aziza Othmana. Ainsi elle risque d’abandonner son activité hospitalière. Un soin malsain est accordé à l’enrobage de son dossier afin que la pilule soit avalisée sans heurt. Le scénario du complot monté, les enjeux de cette destitution compromettant de hauts responsables sont encore tenus secrets dans l’attente de l’application injuste, sur Pr.Merdassi, de ce statut par Madame la Ministre.
Il est important de souligner le dénominateur commun aux trois cas concernés par le statut de « Professeur Universitaire au Foyer » :
• Leur compétence professionnelle affirmée.
• Leur refus de quitter la Tunisie malgré les opportunités offertes pour travailler à l’étranger.
• Elles sont toutes des femmes. On se demande si en Tunisie , il n’y a pas aujourd’hui , une nouvelle stratégie qui se tisse à l’ombre pour mettre les femmes au foyer concrétisant la conviction des frères musulmans et de leurs alliés tel que « Boukou Haram » (signifie : l’enseignement aux filles est islamiquement interdit).
• Ces trois professeurs n’ont pas de soutien d’un grand parti politique pour faire valoir leur droit et leur devoir de servir les malades et la santé publique. En Tunisie post-14 janvier, si tu n’as pas de soutien tu ne peux pas revendiquer ton droit. Le cas contraire tu peux exercer en toute sérénité même hors la loi. Le cas flagrant de la télé Zitouna et la radio El Koraan-al-Karim soutenues par ennahdha qui exercent sans visa au moment où la chaîne Nesma a été fermée par la force publique est bien illustrant.
Nous demandons aux responsables de la faculté de pharmacie et du conseil national de l’ordre des pharmaciens : Comment accepteriez-vous que ces compétences désertent nos hôpitaux et privent nos étudiants de formation hospitalière de qualité ?
Nous demandons à Mme la Ministre de la Santé, au Président du gouvernement et au seul parti politique qui dispose du droit de « veto » pour la nomination et la destitution des hauts responsables (le parti des frères musulmans): N’est-il pas un délit puni par la loi de payer des fonctionnaires pour un service non accompli ?
Nous demandons enfin au citoyen Tunisien: As-tu encore de la patience pour continuer à supporter ce gouvernement manipulé par Ennahdha qui est décidé à détruire les trois piliers de la société Tunisienne fondés par Bourguiba, à savoir la Santé, l’Enseignement et le droit des Femmes ?
K.A
Illustration : les trois ministres responsables de ce chao qui se sont succédés à la tête du ministère de la santé