L’assassinat de Koshoggi aurait été comme beaucoup d’autres crimes horribles, comparable à la mort d’un chien écrasé sur l’autoroute pas une voiture, si ce n’était l’entrée en ligne de considérations cyniques liées à des règlements de comptes sordides et à une affaire mafieuse de racket et de thin Azrak, car même les « défenseurs des droits de l’homme », ne s’émeuvent pas pour tout crime. C’est toujours deux poids, deux mesures.
LES RÈGLEMENTS DE COMPTE.
Il y a un fait, tout assassinat froidement planifié contre tout être humain est condamnable, que dire quand il est entouré d’une monstrueuse atrocité comme celui perpétré à l’encontre de Jamel Koshoggi, journaliste saoudien dissident, à l’intérieur du consulat saoudien à Ankara.
Seulement, ce crime a pris la dimension d’une grande bulle de dimension internationale par l’effet, tout d’abord, du grand tapage orchestré par le régime d’Erdogan, qui pourtant, lui et les droits de l’Homme constituent deux lignes parallèles. D’ailleurs, sans trop remonter dans l’histoire, on ne connaît de la Turquie que les exactions et les tueries commises par l’empire ottoman contre les peuples qu’il dominait et particulièrement contre les arabes du Proche Orient. Le massacre en dernier en date est le génocide des Arméniens, au début du siècle, au cours duquel les deux tiers des Arméniens, soit plus d’un million, qui vivent alors sur le territoire actuel de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande ampleur. Suite au présumé coup d’Etat contre Erdogan, selon Reporters sans frontières 58000 personnes sont faits prisonniers durant des purges dans la pure tradition hitlérienne, dont de nombreux journalistes critiques envers le pouvoir,, sans compter les exécutions sommaires perpétrées par la police et les partisans d’Erdogan. Ce dernier en a profiter pour museler toute opposition à son pouvoir.
Les Kurdes continuent à être bombardés, tués et persécutés. En Syrie, en plus de l’intervention directe de la Turquie pour destituer Bachar Al Asad et dans le sillage pour lutter contre les Kurdes de Syrie et procéder à des annexions territoriales pour se rapprocher des frontières saoudiennes, ce pays a armé et financé des groupes terroristes qui ont semé la terreur en Syrie. La Turquie est devenue un lieu d’entraînement pour ces groupes et un territoire de transit pour les terroristes de daéch et autre pour semer la mort en Syrie. Les ténors des droits de l’Homme se sont faits muets.
Donc, Erdogan n’est pas mu par des considérations humanitaires dans l’affaire de Koshoggi. Ses motivations portent sur la déstabilisation du régime Saoudien. En tant que frère musulman, il réfute la légitimité des al Saoud à gouverner le Najd et le Hidjaz et surtout à administrer les lieux saints. Ses prétentions se fondent sur le fait que l’empire ottoman contrôlait pendant près de 400 ans la région du Hedjaz et du Najran, étendant son influence jusqu’au Nejd et à la côte Est de Est de l’Arabie, en Arabie saoudite moderne. Seulement dès le début du XIXème siècle les Al Saoud d’obédience wahhabite avait défié l’autorité Ottomane. Ils ont occupé De 1805 à 1811, la ville sainte est occupée par les émirs saoudiens du Nejd , puis reprise par l’armée égyptienne de Méhémet Ali qui la restitue au sultan ottoman. Les hostilités entre les al Saoud et les ottomans ont duré presqu’un siècle. A la première guerre mondiale l’Arabie se mit du côté des alliés contre les ottomans et leur contribution était déterminante pour la victoire des alliés dans la région. Les Ottomans sont dépossédés de toutes leurs provinces du Proche Orient et surtout dépossédés des grandes richesses de l’Arabie.
Par ailleurs les el Saoud ont durement réprimé l’organisation des frères musulmans qui a fait son apparition en 1912, et qui a défié l’autorité des el Saoud et des Hachimites, réussissant à occuper la Mecque en 1924. Ibn Saoud a écrasé l’armée des frères musulmans en 1929, ( Voire Hammadi Rédissi, el wahhabia, naissance et évolution, 2018, p. 65 à 75) Les fréristes égyptiens syriens et irakiens qui ont fuit la répression des régimes nationaliste vers l’ Arabie Saoudite, ont fini par y susciter la création d’un mouvement de Frères musulmans en, appelé «le mouvement du réveil islamique» qui n’hésite pas à se lever contre le régime wahhabite, puisque les fréristes par essence, ne reconnaissent pas la légitimité des Al-Saoud. Pour cela, ce mouvement a été durement réprimé en Arabie Saoudite.
Ainsi, l’affaire Koshoggi est-elle pour le frère musulman Erdogan un règlement de comptes à l’encontre du régime wahhabite d’el Saoud en vue de le déstabiliser et qui porte en substance des prétentions hégémoniques qui puisent leurs fondements dans l’histoire.
LE RACKET
Du coté américain, à mon humble connaissance, la CIA en a commis des crimes plus horribles sans que cela n’ait ému outre mesure l’opinion de part le monde. Toute l’histoire américaine est imbibée de sang. Génocide des indiens, Hirochima, Nagasaki portent encore les traces des bombes atomiques américaines. La population vietnamienne est décimée par le napalm, les gaz. Des villages sont rayés de la carte, la torture était monnaie courante… L’Irak ne s’est pas encore remis des horreurs commises par l’armée américaine où toutes sortes d’armes étaient utilisées, corps calcinés, corps torturés, société éclatée, déracinée. La Syrie est le théâtre d’atrocités commises par des monstres génétiquement modifiés dans les laboratoires de la mort américains : Talibans, Qaïda, Daech, Jabhet Ennousra, Ansar Echam, Zenki… Crimes contre l’humanité passés sous silence. Les NaziS se sont pris aux juifs, les Américains s’en sont pris aux arabes depuis les années 90, pour garantir la main mise sur leurs richesses.
La Maison Blanche, a depuis la chute du mur de Berlin, des projets pour remodeler la carte du Moyen Orient et diviser le royaume d’Arabie Saoudite quitte à se défaire de la dynastie al Saoud malgré l’alliance scellée par le pacte de Quincy en février 1945. Le processus de ce qui est abusivement « printemps arabe » devait aboutir à la déstabilisation des al Saoud. Ces derniers le savent. Et ils essayent de s’en prémunir par diverses manœuvres.
Par ailleurs les pays arabes sont hantés par le danger chiite iranien en Irakien en Syrie , au Liban et au Yémen . Les USA étaient volontaires pour les protéger. Ainsi les pays arabes du Golf sont-ils tenus de rétribuer cette protection d’une manière ou d’une autre. Le racket de ces pays qui était en sous sol, Trump a dit clairement qu’il allait le pratiquer à ciel ouvert. Les pays arabe sont une vache à traire et il s’est fait fermier pour accomplir la besogne. Il fallait renflouer les caisses du trésor américain d’un maximum de flux monétaire pour combler entre autre le lourd déficit à l’égard de la Chine accumulé depuis la crise de 2007-2008 et insuffler plus de dynamisme à l’économie américaine. Trump l’a clairement déclaré « L’Arabie saoudite paie pour se protéger, même par des armes qu’elle ne pourrait jamais utiliser. »
Pour le moment, Trump fait semblant de se démarquer de la politique étrangère d’Obama. Mais c’est dans le but de racketter les pays du Golf et particulièrement l’Arabie Saoudite qu’il entoure de sa sollicitude. Selon l’administration américaine, la sécurité nationale des États-Unis passera par le renforcement de la sécurité d’un important partenaire qui a été et continue d’être selon cette administration, une facteur-clé de la stabilité politique et du progrès économique au Moyen-Orient. Le président Trump veut que l’Arabie saoudite joue un plus grand rôle militaire dans la région, en premier lieu face à l’Iran chiite, bête noire commune des Américains et du royaume sunnite et en Syrie, dont il aimerait retirer les troupes américaines engagées contre les djihadistes du groupe État islamique et éviter qu’un futur départ des Américains n’offre un boulevard à Téhéran. Mais cela n’empêche que les USA continuent à être présents en Syrie aux côté des terroristes.
Les pressions et les menaces faites sur le régime saoudien et les sollicitudes qui s’en suivent ont engendré en 2017 des accords entre la Maison Blanche et Riadh portant sur des investissements dans divers domaines d’une valeur de plus de 380 milliards de dollars, et un accord de 110 milliards de dollars de vente d’armes le plus important dans l’histoire des Etats Unis.
Dans l’affaire Koshoggi, Trump au départ parut scandalisé, pour déclarer par la suite qu’il n’entendait pas prendre le risque de détruire l’économie mondiale en faisant preuve de fermeté à l’égard de l’Arabie saoudite. Le président américain a fait cette déclaration se montrant déterminé à maintenir ses relations actuelles avec les Saoudiens malgré les appels de parlementaires démocrates et républicains à se montrer plus intransigeant avec le régime de Ryad. Le résultat ne s’est pas fait attendre le prix du baril du pétrole est au plus bas, d’autres contrats suivront, au grand bonheur du citoyen américain.
T’HIIN AZRA9
Au moment où Erdogan cherche à enfoncer Ben Salman dans l’affaire de Koshoggi pour raison d’Etat et que Trump ferme les yeux pour raison d’Etat aussi, la diplomatie tunisienne a fait prévaloir, elle aussi, la raison d’Etat. L’Arabie Saoudite a aidé la Tunisie à avoir sa souveraineté. L’Arabie Saoudite est un Etat souverain et nous devons respecter sa souveraineté et son droit à l’autodétermination, conformément aux règles de droit international. Ce qu’il en fait de ses espions parmi ses citoyens relève de sa politique intérieure. On peut déplorer certains actes, mais pas espérer un le chaos d’un « printemps arabe » aux couleurs automnales en Arabie Saoudite avec pour élément déclencheur un Bouazizi en la personne de Koshoggi. Le droit international humanitaire préconisé par Henry Bernard Lévy a détruit l’Irak et actuellement la Syrie. Il faut être idiot pour se faire adepte de ce sioniste et de son sosie Bernard Kouchner.
Des Tunisiens se font chantres des droits de l’Homme pour manifester contre la visite du prince héritier de l’Arabie Saoudite. Ces personnes ne connaissent pas la raison d’Etat car, elles ne croient pas à l’Etat. Elles sont financées et engraissées par des parties étrangères pour inféoder la Tunisie à la l’Internationale frériste. Quand est-ce que les frères musulmans se dérangeaient-ils pour des questions de Droits de l’homme ? Seulement, il faut qu’ils satisfassent leur maître Edogan et leur bailleur de fond qatari. Quand aux Zazous des droits de l’homme du genre chikli chikla Ben Salman ça va pas, ils sont obligés de faire leurs cirques pour justifier un peu les fonds reçus d’Europe entre autres et qui sont dépensés au passage dans les hôtels et les besoins personnels. Ainsi, à chacun son T’hiin.
Béji Caïed Essebsi a renfloué les caisses de l’Etat et non ses poches et de quelle manière. L’image qu’il a fait de la Tunisie, sa diplomatie prévoyante et conséquente, son courage de se défaire du cancer frériste quand des poltrons s’en sont inoculés, ont porté leurs fruits au grand bonheur des Tunisiens. Nous lui devons son abnégation pour défendre l’Etat. Heureusement que notre exécutif est bicéphale. Car faute de symbiose entre les deux têtes de l’exécutif, il a fallu la maturité et la sagesse de la tête du patriarche pour compenser la frivolité de la tête du jeunot.
Mounir Chebil