Quoique persévérant dans sa cabale contre les partis, (supposés être par définition une machine à produire des opportunistes) KS a pourtant choisi comme CDG une personnalité politique parfaitement partisane (la démission de ce dernier après sa nomination n’en faisant pas un indépendant).
En tout état de cause, Elyes Fakhfakh ( EF ) tente depuis lors de former un gouvernement selon la « ligne éditoriale » dictée par le président de la République, celle d’éviter à tout prix une collaboration avec deux partis désignés, QT et PDL, jugés inadaptés à un programme fidèle aux revendications de la révolution.
Nul besoin de s’attarder sur l’ironie d’une situation qui offre sans sourciller l’étiquette de « révolutionnaire » à certains partis qui ont amplement montré de part leur bilan objectif au pouvoir, et en dépit de leurs beaux discours, leur totale incompatibilité avec les principes d’égalité, de dignité, de liberté, de justice sociale, de transparence, de respect des normes démocratiques etc…
Malgré cet à peu prés de taille, EF rame depuis des jours.
Sa tant souhaitée coalition de toutes les tendances politiques « d’Est en Ouest » ne semble pas convenir aux principaux intéressés, en dépit dudit « programme » qui les avait tous préalablement enchantés .
Et chacun a ses raisons « stratégiques » pour se faire.
Ennahdha rue dans les brancards, figée dans une bouderie nostalgique des temps heureux des troïka 1 et 2, et de son union avec BCE-YC , celle de ses coalitions avec ses complaisants ex-alliés.
Et, via l’exigence d’intégrer QT dans la danse, elle cherche a priori à imposer un énième concubinage avec les rejetons de ceux-ci, espérant y trouver certainement le même confort, celui de continuer à régner à l’ombre des projecteurs.
Il est vrai que considérer Nida comme un des partenaires potentiels dans ce « gouvernement révolutionnaire » est susceptible de laisser EF à court d’argument pour justifier sous ce seul prétexte l’exclusion de QT…
Pendant ce temps, Tahya se fait discret et son chef, CDG à plein régime « heures sup », démontre « qu’il travaille », mais « que c’est difficile », sans oublier d’afficher une parfaite symbiose avec le président, qui par contre, se langui dans une sorte de chômage technique (selon ses propres aveux télévisuels).
Du côté du Tayar et d’Echâab, ce jeu de funambule s’avère clairement périlleux et ils le savent.
D’ailleurs, ils ne sont déjà plus complètement sur la même longueur d’onde.
A quel prix se payera cette potentielle coalition avec non seulement Ennahdha, « la mangeuse d’hommes » de notre paysage politique, mais aussi avec l’adversaire d’hier, le YC ciblé durant des mois par de virulentes critiques accusatrices de bien des maux « archi-contre-révolutionnaires »?
Un vrai casse tête, donc, pour le CDG nominé, s’il s’en tient à sa « ligne éditoriale »…
Un « ça passe ou ça casse » qui peut mener à une dissolution de l’assemblée en cas d’échec, selon le bon vouloir du président-joueur KS.
Celui ci se prépare -t-il déjà pour des élections législatives anticipées (malgré son déni quasi postural qui commence à devenir familier), via des « listes indépendantes-surprises » prêtes à l’emploi ?
Ou préférera-t-il une prolongation, peu codifiée constitutionnellement, du gouvernement YC ?
Après la pluie, vient le beau temps, dit-on
Mais comme la pluie se fait visiblement attendre, il nous faudra nous armer de patience avant de voir le beau temps arriver…
Selma Mabrouk