En conférence de presse, le ministre russe des Affaires étrangères a dénoncé la présence des Etats-Unis dans le sud de la Syrie. D’après lui, à l’abri de la base militaire US d’Al-Tanf, les djihadistes anti-Damas reconstitueraient leurs forces.
Moscou appelle les États-Unis à fermer leur base militaire d’al-Tanf, située dans le sud-est de la Syrie à la frontière avec la Jordanie et l’Irak.
«Il faut immédiatement fermer cette zone et assurer l’accès des convois humanitaires au camp de réfugiés», a déclaré ce lundi le ministre russe des Affaires étrangères, intervenant lors du Forum de discussions Valdaï.
Alors que les rebelles combattant le gouvernement syrien se réactivent dans plusieurs régions du pays, la bataille de l’information reprend de plus belle. Tandis que les Occidentaux pointent du doigt des supposées attaques chimiques à la Ghouta dans la banlieue de Damas et à Idlib dans le nord de la Syrie, Moscou s’inquiète pour sa part d’une reconstitution des forces djihadistes rebelles dans le sud du pays, dans la région d’Al-Tanf, frontalière avec la Jordanie et l’Irak.
Selon Moscou, celles-ci bénéficieraient de la protection des Etats-Unis qui ont établi dans la région d’Al-Tanf une base militaire en 2016 en violation du droit international, puisque n’ayant pas obtenu l’accord de Damas. «A l’intérieur de la zone d’Al-Tanf, que les Américains ont déclarée unilatéralement sous leur protection, et dans le camp de réfugiés [de Roukban], les djihadistes reconstituent leurs forces», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ce 19 février lord d’une conférence de presse. «A plusieurs reprises, [les djihadistes] ont mené des raids depuis [cette zone] vers d’autres territoires de la République arabe syrienne», a-t-il précisé, ajoutant : «Cette zone doit être fermée immédiatement.»
Un trou noir américain
Le ministre russe des Affaires étrangères a en outre évoqué le sort des civils du camp de réfugiés de Roukban qui fait partie du périmètre passé sous contrôle direct de l’armée des Etats-Unis. «Nos collègues des Nations unies, pour certaines raisons, hésitent à dire que les convois humanitaires ne parviennent pas à accéder dans cette zone contrôlée par les Etats-Unis», a-t-il déploré. Et le chef de la diplomatie russe d’ajouter : «Ils portent au contraire toute leur attention sur la situation humanitaire à Idlib et dans la Ghouta-Est.»
Ce n’est néanmoins pas la première fois que Moscou dénonce la présence militaire – directe et non pas sous couvert de la coalition dite arabo-occidentale – des Etats-Unis dans cette province d’Al-Tanf. En novembre 2017, l’armée russe affirmait déjà que l’armée américaine était en train de former une nouvelle opposition «modérée», après les revers des rebelles antigouvernementaux et l’effondrement de Daesh.
Un mois plus tôt, en octobre, Moscou avait révélé que le groupe terroriste Daesh menait des attaques contre les troupes syriennes depuis un «trou noir» autour de la base américaine en Syrie. Selon la Défense russe, des détachements de Daesh sortaient régulièrement de cette zone pour mener des attaques de diversion contre les troupes de l’armée syrienne et les civils.
Discipliner le Front al-Nosra
Moscou appelle les pays occidentaux qui ont les moyens d’influencer les jihadiste du Front al-Nosra à discipliner cette organisation, sans quoi elle sera détruite, a déclaré lundi Sergueï Lavrov. L’armée arabe syrienne et les forces russes en Syrie poursuivront la lutte contre le réseau terroriste du « Front Nosra » a-t-il précisé .
Le Conseil de sécurité de l’Onu discute activement ces derniers temps des problèmes humanitaires à Idlib et dans la Ghouta orientale, appelant l’armée gouvernementale syrienne à mettre fin à son offensive dans la région. Cependant, selon le ministre russe des Affaires étrangères, «derrière ces appels se cache le désir de retirer al-Nosra des zones bombardées».
«Le problème réside dans le fait que les combattants du Front al-Nosra mènent le bal à Idlib et dans la Ghouta orientale, alors que cette organisation a été classée comme terroriste par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Conformément à tous les accords existants, la lutte contre le terrorisme ne doit être limitée en rien, et nous sommes très préoccupés par le fait que seule l’armée syrienne et les forces aérospatiales russes tentent de stopper le groupe terroriste d’Al-Qaïda, le Front al-Nosra, et ceux qui coopèrent avec lui», a déclaré Sergueï Lavrov.
«Si on parle de la résolution des problèmes humanitaires, nous demandons à nos collègues occidentaux qui ont les moyens d’influencer le Front al-Nosra et qui ne le nient pas, de discipliner cette organisation terroriste. Sans quoi elle est vouée à être détruite, il n’y a aucun doute à ce sujet», a conclu M. Lavrov.
Le ministre russe des Affaires étrangères a néanmoins précisé que toutes les précautions nécessaires pour que les civils ne soient pas victimes de cette situation devaient être prises.
Source : RT et Sputnik