Syrie : des milliers de tracts sur la Ghouta pour aider les civils à se sauver des terroristes

Pour la deuxième journée consécutive, la police militaire russe et l’armée syrienne ont échoué à assurer l’ouverture d’un corridor humanitaire visant à permettre aux civils de quitter la Ghouta contrôlée par des groupes rebelles djihadistes.

Afin de tenter de fournir aux civils les informations nécessaires pour fuir la Ghouta (banlieue est de Damas), malgré les tirs de barrage des groupes armés rebelles djihadistes, l’armée arabe syrienne a décidé ce 28 février de larguer par hélicoptère des milliers de tracts. Les instructions, accompagnées d’indications cartographiques permettent aux habitants de mieux connaître les points d’accès au corridor humanitaire, une technique déjà utilisée à Alep en 2016, alors que les rebelles empêchaient les civils de quitter les zones de combat.

Pour autant, ce même jour, les autorités russes ont dénoncé l’action des groupes armés rebelles, parmi lesquels les djihadistes de Jaïch al-Islam et de Fatah al-Cham (alias Front al-Nosra, lié à al-Qaïda). Selon Moscou, ces milices effectuent toujours des tirs de barrage afin d’empêcher les civils d’emprunter l’unique corridor humanitaire menant hors de la Ghouta et vers le centre de l’agglomération de Damas.

D’après Wafa Shabrouni, correspondante de la chaîne russe RT en Syrie, les djihadistes occupent des positions distantes de seulement 300 à 400 mètres du couloir humanitaire.

S’efforçant de concrétiser sur le terrain la résolution de l’ONU votée le 24 février dernier, la Russie avait annoncé la mise en œuvre d’une trêve quotidienne à partir du 27 février devant permettre d’instaurer des corridors humanitaires, mais l’ONU a annoncé la reprise des combats entre rebelles et forces gouvernementales. Moscou et Damas accusent les rebelles islamistes de cibler les corridors humanitaires, empêchant les civils de fuir.

Région à la fois urbaine et agricole, la Ghouta est le dernier bastion islamiste dans cette région. Un territoire encore contrôlé par différents groupes islamistes, qui ne cessent de mener des bombardements depuis cette périphérie vers le centre de Damas, faisant de nombreuses victimes civiles. Le 18 février, les forces gouvernementales syriennes ont lancé une vaste opération militaire afin de mettre fin à ces frappes et reconquérir la zone de la Ghouta

Si les pays occidentaux accusent les autorités syriennes de vouloir massacrer les civils, Damas répond que les djihadistes, fondus dans la population, retiennent celle-ci de façon à disposer d’un bouclier humain. Le 23 février dernier, les groupes rebelles de la Ghouta avaient ainsi refusé toute évacuation des civils de la zone, allant même jusqu’à proclamer qu’un déplacement forcé de population constituait à leurs yeux… un «crime de guerre».

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Les terroristes empêchent les civils de quitter la Ghouta

Les terroristes menacent de mort les civils qui veulent quitter la Ghouta orientale, selon le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie.

Les terroristes ne laissent pas les habitants de la Ghouta orientale quitter la zone dangereuse, ils les menacent de mort pour toute tentative de sortir de l’enclave, d’après les informations communiquées par le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie.

Ces 24 dernières heures, les terroristes ont tiré 13 obus contre des quartiers civils de Damas, ont fait savoir, au point de presse qui s’est tenu mercredi, les militaires russes.

«Il y a des dégâts et des blessés parmi les civils, dont des enfants, suite au pilonnage. Neuf habitants de la ville, dont trois enfants, ont été blessés», a déclaré Youri Evtouchenko, chef du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit.

Plus tôt dans la journée, un représentant du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, le général de division Zolotukhin, a déclaré que, selon les informations à sa disposition, environ 300 civils avaient essayé de passer par le couloir humanitaire mercredi matin. Cependant, des hommes armés ont ouvert le feu, forçant ainsi les gens à reculer.

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré lundi qu’à la demande de Vladimir Poutine une trêve humanitaire quotidienne serait instaurée dans la Ghouta orientale à partir du 27 février entre 9h et 14h, heure locale.

La première trêve humanitaire dans la Ghouta orientale a été sabordée par des terroristes. Aucun civil n’a pu quitter le secteur. Les forces armées syriennes respectent toutefois le cessez-le-feu et ne réagissent pas aux provocations, a déclaré mardi Vladimir Zolotukhin.

Bénédiction tacite de Washington

Lors de son allocution à Genève devant le Conseil des droits de l’homme, le ministre russe des Affaires étrangères a appelé Washington à établir un couloir humanitaire en Syrie, près de la frontière avec la Jordanie.

Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève le 28 février, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de nouveau appelé de ses vœux l’ouverture d’un couloir humanitaire par Washington au sud de la Syrie, au niveau de la frontière avec la Jordanie, une zone occupée par les Etats-Unis.

«Nous appelons les membres de la coalition américaine à permettre l’ouverture d’un couloir humanitaire vers les zones de la Syrie qui sont sous leur contrôle. Cela inclut le camp de réfugiés de Rubkan et toute la région d’al-Tanf», a précisé le ministre.

Selon Moscou, ce camp de Rubkan est utilisé comme base arrière par des combattants djihadistes, avec la bénédiction tacite de Washington.

Sergueï Lavrov a également dénoncé une certaine inégalité de traitement entre les groupes djihadistes en Syrie : «Nous considérons qu’il est inacceptable de séparer les groupes terroristes en deux groupes, les « bons » et les « mauvais », surtout lorsque cette qualification dépend des objectifs de ces groupes et de leurs modes de financement.»

«La Russie continuera à combattre vigoureusement cette politique du deux poids, deux mesures, notamment en portant assistance à l’armée syrienne dans son objectif d’élimination de toute menace terroriste.»

«Utilisant le prétexte de la liberté d’expression, certains membres de ce conseil se montrent réticents à condamner le terrorisme international sous toutes ses formes.»

Source : RT