Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est engagé lundi 19 mars à élargir dans le nord de la Syrie une offensive lancée contre une milice kurde, au lendemain de la conquête de la ville d’Afrine, largement désertée et théâtre de scènes de « chaos ».
« Les opérations militaires de la Turquie en Syrie se poursuivront plus à l’est jusqu’à ce que plusieurs villes s’étendant sur des centaines de kilomètres vers la frontière irakienne aient été débarrassées de la présence de radicaux », a déclaré lundi le Président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le Président turc Recep Tayyip Erdogana indiqué que la Turquie viserait également les régions autour de Manbij, Qamishli, Ayn al-Arab et Ras al-Ain, a communiqué l’agence Reuters.
Erdogan a également déclaré que la Turquie mènerait une offensive contre les combattants kurdes dans le nord de l’Irak si Bagdad ne nettoyait pas la région.
Le 20 janvier dernier, l’armée turque a lancé l’opération Rameau d’olivier à Afrine, région syrienne contrôlée par les Unités de protection du peuple kurdes (YPG), organisation considérée comme terroriste par Ankara.
Ankara n’a jamais caché son hostilité face à l’autonomie de facto acquise par les Kurdes de Syrie dans de vastes territoires près de la frontière turque, à la faveur du conflit meurtrier et complexe qui ravage la Syrie depuis 2011.
Les forces proturques ont conquis dimanche la grande ville d’Afrine, dans le cadre d’une offensive lancée le 20 janvier par Ankara avec des supplétifs syriens dans le nord-ouest de la Syrie.
Vidée de ses dizaines de milliers d’habitants, la cité a été le théâtre de scènes de pillage.
« En prenant le contrôle de la ville d’Afrine, nous avons laissé derrière nous l’étape la plus importante de l’opération », a déclaré lundi M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.
« Maintenant, après (Afrine), nous allons poursuivre ce processus jusqu’à la destruction totale de ce corridor constitué de Minbej, Aïn al-Arab (nom de Kobané en arabe), Tal Abyad, Ras al-Aïn et Qamichli », a-t-il martelé.
Son offensive vise la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), classée « terroriste » par les autorités turques, mais allié précieux de Washington dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
M. Erdogan avait déjà menacé d’élargir l’opération vers Minbej, à une centaine de km à l’est d’Afrine, mais où sont stationnées des troupes américaines, qui continuent de soutenir les combattants kurdes dans la lutte contre l’EI.
‘Zone d’influence’ turque
Les violences à Afrine ont poussé à l’exil quelque 250.000 civils, a souligné l’OSDH, selon qui plus de 1.500 combattants kurdes ont été tués, ainsi que 400 rebelles alliés à la Turquie. Ankara a fait état de 46 soldats tués dans ses rangs.
La conquête d’Afrine constitue un tournant pour Ankara, qui consolide son rôle dans une guerre complexe opposant sur plusieurs fronts des belligérants soutenus par des puissances étrangères.
« C’est une grande victoire pour Erdogan », estime l’analyste Fabrice Balanche, confirmant que la Turquie construit « une zone d’influence dans le nord » syrien.
« Le rêve d’autonomie des Kurdes s’effondre. Les YPG vont se faire écraser par la Turquie (…) », assure ce spécialiste de la Syrie.
Lundi à Afrine, de nouveaux pillages ont été menés par des combattants syriens pro-Ankara, selon un correspondant l’OSDH. « C’est le chaos généralisé », a ajouté l’ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources sur le terrain.
La veille déjà, des correspondants de presse avaient vu des magasins saccagés, des combattants chargeant pêle-mêle dans des pick-up cartons de nourriture, chèvres, couvertures et même des motos, avant de quitter la ville.
Les forces turques et leurs supplétifs syriens mènent des opérations de déminage dans la ville, selon l’OSDH.
Avec agences