Hier, je l’ai vu malgré mes appréhensions, je l’ai vu et ai encore en ce moment pire que la chair de poule : un vertige, de la nausée, un regard sombre vers un avenir qui bégaie monstrueusement la menace d’un vampire. La figure qui apparaît à la tv Nesma est gothique, émergeant d’outre-tombe. Les yeux imperceptibles, la vue qui louche, de la voix étouffée, sépulcreuse qui tonne, surgit un discours, tel un mauvais présage. Deux journalistes ‘aimables,’ effacés, voilent leur intervention par des questions timides avec l’intention de gêner pour plaire au public et donner l’impression d’une liberté entière. Tout a été bien manigancé. L’interview était enregistrée. Ça explique tout, et ce ‘tout’ résume la conspiration qui se trame. Le patron de la chaîne hante l’émission : un opportuniste notoire qui joue à toutes les sales cartes, mange aux sauces pourries des coups chaotiques.
Ghannouchi ne répond à aucune question embarrassante. Ce qu’il dit est quasiment préparé dans sa totalité pour désespérer ses ‘adversaires’, mais en-a-t-il ? Les seuls ennemis, clairvoyants, conscients de ses fourberies médiatiques sont des citoyens, souvent ‘éduqués’, intègres, qui n’ont jamais mordu à l’hameçon de l’opportunisme partisan. Je citerai ici, à titre d’exemples, nos amis Ali Gannoun, Ezzeddine Zayani, Abstar Ksibi, Rafik Mzali, Rachid Barnat, Rachid Ben Othman et Chokri Mamoghli, etc. Je suis désolé de ne pas citer de femmes. Je sais qu’elles sont les meilleures de ce que la Tunisie ait pu léguer. Je suis désolé de ne pas citer des noms de l’opposition politique officielle. Tout le monde sait pourquoi.
Ghannouchi s’adresse à des citoyens semblables, propres, honnêtes, incorruptibles. Les autres sont récupérés : un ramassis de voyous, anciennement vendus aux Trablesis et mouchards du RCD. Ghannouchi passe le message qui ne trompe pas. Il nous informe que les islamistes sont là, ils ont goûté à la soupe du pouvoir, et ils ne sont prêts à en donner une miette qu’à ceux qui les ‘lèchent’, et qui mourraient à défendre leurs desseins machiavéliques. Gannouchi parle en leader ‘charismatique’, en Leviathan monstrueux d’où se dégage un avenir sanguinaire.
Ghannouchi sait qu’il ne trompe pas. Son costume bleu et cravate semblent souffrir d’être forcés à ‘épouser’ un corps tombal, grotesque. Dans ce costume, la mort politique de Bèji Caid Essebsi est annoncée. Ghannouchi est le prochain résident du palais. Sachant que BCE n’est plus pour longtemps vu son âge, tout en oubliant le sien, Il a trouvé un meilleur allié dans le fils idiot de la famille. Un nouveau scénario de ‘sénilité’, semblable à celui subi par Bourguiba, n’est pas inconcevable. Le maquillage carnavalesque du gourou, sa mise en scène burlesque ne fait rire personne. Ainsi, il a atteint son objectif. La menace au pays est claire : gare à ceux qui osent rêver de nous déstabiliser !
Ghannouchi rêve d’être le Erdogan de ce petit patelin. La proie est facile. Les islamistes ont eu assez de temps pour comprendre les limites de la résistance chez les tunisiens dont la majorité ne comprend que des bêtes maigres, affamées. Le proverbe tunisien s’impose : « جَوَّعْ الكلبْ يتَبْعِكْ » ‘’ donner à manger à un chien qui a faim et il vous suivra’’, mordra vos ennemis à votre place.
Ainsi, Rached Ghannouchi peut tout cacher, tout se dévoile! Le roi est nu. L’ayatollah est obscène. Reste la seule énigme qui me fait penser à un loup que tous les bergers reconnaissent malgré son déguisement en agneau mais ne réagissent pour le débusquer. Ils le laissent parmi le troupeau et partent dormir la nuit. Le lendemain, à leur réveil, le loup a fini par dévorer toutes le brebis.
Abdennebi Ben Beya