Le nombre de chômeurs ne cesse de grossir aux États-Unis, avec chaque semaine des millions de nouveaux inscrits, et le taux de chômage d’avril pourrait approcher les 20%, deux fois plus qu’au coeur de la Grande récession de 2009.
De nouveau la semaine passée, plus de 3 millions de personnes ont pointé au chômage pour la première fois, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail. Au total, depuis mi-mars, près de 33,5 millions d’Américains ont demandé une allocation chômage.
Le pic avait été atteint fin mars, avec 6,8 millions de nouveaux chômeurs en une semaine. Depuis, la décrue est très lente, et le temps où les États-Unis voyaient 200 000 ou 250 000 nouveaux demandeurs d’allocation chaque semaine semble bien loin.
Les mesures de confinement face à la progression du nouveau coronavirus ont été progressivement étendues dans le pays au cours de la deuxième quinzaine de mars.
Les restaurants, cafés, commerces, avaient alors dû fermer leurs portes, tout comme les écoles. Les femmes de ménage et baby-sitters ont été remerciées. Les taxis et autres chauffeurs n’ont soudainement plus eu de passagers à transporter.
«Alors que l’économie rouvre lentement, le rythme des licenciements devrait encore ralentir, mais le niveau restera probablement élevé au cours des prochaines semaines», a commenté Rubeela Farooqi, économiste pour HFE, dans une note.
«Nous espérons que juin verra le début d’un rebond alors que les États (fédérés) commenceront à rouvrir», mais «nous restons dans le flou concernant le rythme auquel les entreprises vont réembaucher», a indiqué Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics.
L’administration Trump et le Congrès ont débloqué un total de 669 milliards de dollars de prêts pour les petites et moyennes entreprises, afin de les aider à payer les salaires de leurs employés.
Les droits au chômage ont également été temporairement étendus à des personnes qui ne pouvaient auparavant pas y prétendre, comme les travailleurs indépendants.
De 3,5% à 20% de chômage en deux mois
Et le pays indemnise désormais plus de chômeurs que jamais, 22,6 millions de personnes au cours de la dernière semaine d’avril, quand ils étaient environ 1,7 million avant la pandémie.
Cela représente un taux de chômage indemnisé de 15,5%, en hausse de 3,1 points par rapport à la semaine précédente, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.
Le taux de chômage du mois d’avril sera publié vendredi, et atteindra un niveau historiquement élevé, possiblement de 20%.
La rapidité avec laquelle le marché du travail est passé de sa meilleure forme en 50 ans, à la pire situation de l’histoire récente, rend difficile toute comparaison.
En février encore, le président Donald Trump vantait ses 3,5% de chômage, et faisait de l’économie l’un de ses principaux arguments pour être réélu à la Maison-Blanche.
Le taux de chômage du mois de mars n’avait que peu augmenté, passant à 4,4%, car c’est la situation au 12e jour de chaque mois qui est prise en compte pour le calcul, soit avant la mise en place des mesures massives de confinement.
Et certains économistes tablent sur 28 millions d’emplois perdus en avril. En comparaison, 8,6 millions d’emplois avaient été détruits pendant les deux années de la crise financière mondiale.
La grande récession de 2009 n’est donc désormais plus la référence, largement dépassée par les chiffres de 2020, et il faut remonter à la Grande dépression des années 1930 pour trouver des ordres de grandeur comparables.
La première économie du monde a vu son Produit intérieur brut (PIB) reculer de 4,8% au premier trimestre, la baisse la plus importante depuis le 4e trimestre 2008, alors que les États-Unis s’enfonçaient dans la crise économique. La chute avait alors été de 8,4%.
75 500 morts
Les États-Unis ont déploré jeudi plus de 2400 décès supplémentaires du coronavirus en 24 heures, portant le bilan total de l’épidémie dans le pays à plus de 75 500 morts, selon le comptage de l’université Johns Hopkins.
Ces 2448 décès supplémentaires ont été recensés entre 20h30 jeudi et la veille à la même heure par l’université, qui actualise ses données en continu. Les États-Unis comptent par ailleurs plus de 1,25 million de cas officiellement diagnostiqués (+27 300 en 24h). Quelque 195 000 personnes sont déclarées guéries.