Erdogan demande à Macron de subir un « examen de santé mentale »

L’islamiste président turc a appelé le chef d’État français à subir un « examen de santé mentale ».« Quel est le problème de Macron avec l’Islam ? » a fustigé Erdogan

L’islamiste président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué ce samedi avec virulence l’attitude de son homologue français Emmanuel Macron envers les musulmans, allant jusqu’à mettre en question sa « santé mentale ».

« Tout ce qu’on peut dire d’un chef d’État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c’est: allez d’abord faire des examens de santé mentale », a déclaré  Erdogan, dans un discours télévisé.

« Il s’en prend sans cesse à moi. Cela ne lui apportera rien. Nous verrons quel sera son sort lors des élections. (Ce type d’attitude) n’aura rien fait gagner à la France et ne lui fera rien gagner. Nous, nous continuerons d’agir conformément à nos principes » a déclaré Erdogan.

Erdogan s’est également exprimé au sujet de la montée de l’islamophobie en Europe et de la descente de la police allemande dans une mosquée à Berlin.

« Rien ne peut expliquer la descente de centaines de policiers dans une mosquée en Allemagne. Cela s’appelle de l’islamophobie. Le fascisme européen a atteint une nouvelle ampleur avec ce type d’attaques contre les droits des citoyens musulmans. L’Europe prépare sa propre fin avec le combat qu’elle a lancé contre les musulmans. S’ils n’y mettent pas fin, cette « maladie » rongera toute l’Europe de l’intérieur » a-t-il averti.

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Les propos d’Erdogan sont inacceptables

L’Élysée contre-attaque. La présidence française a dénoncé samedi 24 octobre des propos jugés « inacceptables » du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a mis en question « la santé mentale » de son homologue français Emmanuel Macron en raison de son attitude envers les musulmans.

« Les propos du président Erdogan sont inacceptables. L’outrance et la grossièreté ne sont pas une méthode. Nous exigeons d’Erdogan qu’il change le cours de sa politique car elle est dangereuse à tous points de vue. Nous n’entrons pas dans des polémiques inutiles et n’acceptons pas les insultes », a commenté l’Élysée auprès de l’Agence France-Presse, en annonçant le rappel pour consultation de l’ambassadeur de France à Ankara.

« Absence de messages de condoléances après l’assassinat de Samuel Paty »

« La France note par ailleurs l’absence de messages de condoléances et de soutien du président turc après l’assassinat de Samuel Paty », a ajouté l’Élysée, une semaine après le meurtre par un islamiste de cet enseignant, décapité à proximité de son collège de la banlieue parisienne. La présidence française a également souligné les « déclarations très offensives de ces derniers jours » du président turc, « notamment sur l’appel au boycott des produits français ».

Des tensions entre la Turquie et la France

Il y a deux semaines, le président turc avait dénoncé comme une provocation les déclarations du président français sur le « séparatisme islamiste » et la nécessité de « structurer l’islam » en France.

Un projet de loi sur la lutte contre « les séparatismes » en France, qui vise l’islam radical, doit être présenté début décembre. Il vise à renforcer la laïcité et à consolider les principes républicains en France et comporte plusieurs points susceptibles de provoquer des tensions avec la Turquie, comme le contrôle renforcé des financements des mosquées ou l’interdiction de la formation des imams à l’étranger.

Ce contentieux vient s’ajouter à une longue liste de désaccords entre Emmanuel Macron et son homologue turc, qui prend régulièrement la défense des minorités musulmanes dans le monde. Des tensions en Méditerranée au conflit en Libye, en passant par les affrontements au Karabakh, de nombreux dossiers opposent actuellement Paris et Ankara.