Donald Trump suspendu par Facebook pour deux ans

Deux ans : c’est la durée au cours de laquelle le compte Facebook de l’ancien président américain restera suspendu, a fait savoir le réseau social dans un message qui détaille aussi de nouvelles mesures quant à la modération des comptes de responsables politiques.

Facebook a annoncé ce vendredi qu’il bloquait l’accès de Donald Trump au réseau pour deux ans, et que les personnalités politiques seraient désormais sanctionnées comme les autres internautes si elles enfreignent les règles du média social, notamment en cas de désinformation.

L’ex-président américain ne pourra revenir sur Facebook que lorsque les « risques pour la sécurité du public auront disparu » , a précisé la plateforme. Trump s’est empressé de dénoncer dans un communiqué de presse une « insulte » à ses 75 millions d’électeurs et électrices.

[Facebook] ne devrait pas pouvoir s’en tirer avec cette censure et ce muselage. À la fin, nous allons gagner. Notre pays ne peut plus supporter ces abus plus longtemps!

Une citation de :Donald Trump

Le géant américain des réseaux sociaux a confirmé la nouvelle du site The Verge jeudi selon laquelle Facebook cesserait le traitement de faveur qu’il accorde aux personnalités politiques, dans la foulée des remontrances de son conseil de surveillance.

« Les mêmes règles devraient s’appliquer à tous les utilisateurs et utilisatrices » , ont déclaré les membres de cette jeune instance indépendante, appelée à décider si Facebook a eu raison ou non de bannir l’ancien président Donald Trump. Ce dernier est accusé d’avoir encouragé ses partisans et partisanes lors de l’attaque du Capitole survenue au début du mois de janvier, allant à l’encontre du règlement de la plateforme sur l’apologie de la violence.

Cette cour suprême a reconnu l’urgence de l’intervention sur le moment, mais elle a renvoyé la décision ultime – le laisser revenir ou pas – à Facebook. Elle a surtout appelé le réseau à clarifier ses règles arbitraires.

L’attaque du Capitole, un tournant

Or, jusqu’au mois de janvier, Facebook avait surtout fait preuve de laxisme à l’endroit du milliardaire républicain. Mark Zuckerberg, le patron du groupe californien, refuse depuis des années de jouer le rôle « d’arbitre de la vérité en ligne » .

Cette position est devenue intenable avec Donald Trump, prompt à minimiser la gravité de la pandémie ou à dénoncer, sans preuve, une prétendue fraude électorale. Autant de propos qui jettent de l’huile sur le feu dans un pays déjà très divisé.

L’invasion du Congrès, qui a fait plusieurs morts, a marqué un tournant. Mais Facebook n’était pas revenu sur sa liste de personnalités politiques exemptées de certaines de ses règles et sanctions (sur la désinformation, notamment) au nom de l’intérêt du public à se faire sa propre opinion.

Une politique critiquée
Ce traitement de faveur suscite beaucoup de critiques, y compris à l’interne.

La réticence de Facebook à retirer des messages de Donald Trump il y a un an, considérés comme des soutiens aux violences policières pendant les manifestations contre le racisme systémique, avait été désavouée publiquement par des membres du personnel.

Accusés de servir de mégaphone à l’ancien président, le réseau social et les autres plateformes, comme Twitter, ont durci leur modération des contenus en ajoutant notamment des épingles aux messages jugés litigieux.

Ces initiatives n’empêchent pas les démocrates de reprocher aux réseaux sociaux leur inefficacité à contenir la désinformation, tandis que le camp républicain les accuse de censure.

Selon The Verge, Facebook pourrait aussi faire preuve de plus de transparence sur les avertissements en cas d’infraction, qui peuvent conduire à l’exclusion des comptes récidivistes.

Facebook emboîte ainsi le pas à Twitter, qui a déjà annoncé mettre fin au traitement spécial dont bénéficiaient les personnalités politiques sur son réseau social.