Après une purge anti-corruption sans précédent en Arabie Saoudite, le président américain a apporté mardi son soutien à Riyad et accusé les détenus de profiter de leur pays depuis des années.
Après une purge anti-corruption sans précédent en Arabie Saoudite, le président américain a apporté mardi son soutien à Riyad et accusé les détenus de profiter de leur pays depuis des années.
Mardi, s’exprimant sur son compte Twitter, avant son départ du Japon pour la Corée du Sud, le président des États-Unis a fait part de son « entière confiance dans le roi Salman et le prince héritier d’Arabie saoudite », Mohammed bin Salman, le fils du roi. « Ils savent exactement ce qu’ils font », a ajouté M. Trump avant de reprendre la thèse officielle saoudienne justifiant la purge. « Certains de ceux qu’ils traitent durement « profitent » de leur pays depuis des années ! », a-t-il ajouté.
I have great confidence in King Salman and the Crown Prince of Saudi Arabia, they know exactly what they are doing….
et d’ajouter
…Some of those they are harshly treating have been “milking” their country for years!
Un réchauffement relationnel lié à l’Iran
Après des années glaciales, les relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite se sont brusquement réchauffées avec l’adoption par la nouvelle administration américaine d’une posture agressive vis-à-vis de l’Iran. Le pouvoir saoudien avait été prompt à nouer un lien étroit avec M. Trump au lendemain de son élection, il y a un an. Le président a d’ailleurs effectué sa toute première visite à l’étranger à Riyad, en mai, où il a été reçu avec tous les honneurs.
Les Saoudiens ont pris soin à cette occasion de multiplier les promesses de commandes d’armes, un point que M. Trump omet rarement de mentionner lorsqu’il évoque le royaume. Washington, à la différence de l’administration de Barack Obama, n’émet désormais plus aucune réserve sur la conduite de la guerre que Riyad mène depuis plus de deux années au Yémen, sur l’initiative du prince héritier, en dépit de la catastrophe humanitaire qu’elle a contribué à alimenter sans pour l’instant de résultats probants.
Le tir d’un missile en direction de Riyad par la milice houthiste que combat l’Arabie saoudite (qui la juge manipulée par l’Iran) en a encore attesté samedi. Ce missile a été détruit par une batterie américaine THAAD (Terminal High-Altitude Area Defense) ce dont M. Trump s’est félicité à plusieurs reprises lors de sa visite au Japon, y voyant un signe de l’excellence américaine.
« Deux princes » trentenaires
Cette convergence géopolitique entre les deux pays est manifestement renforcée par les relations personnelles entretenues par le prince héritier, Mohammed bin Salman (MBS), le nouvel homme fort du royaume, et Jared Kushner, le gendre du président, tous les deux trentenaires.
La presse américaine avait révélé avant la purge que M. Kushner, qui occupe une fonction officielle de conseiller à la Maison Blanche et qui est notamment chargé du dossier israélo-palestinien, s’était rendu discrètement en Arabie saoudite en octobre. Selon le chroniqueur diplomatique du Washington Post David Ignatius, « les deux princes » auraient veillé plusieurs nuits consécutives jusqu’à l’aube, « échangeant des histoires et échafaudant des stratégies ».
Parmi les victimes de la purge saoudienne figurent notamment les princes Miteb bin Abdallah et Walid bin Talal. Le premier était le responsable de la Garde nationale, une force chargée de longue date de la protection des sites stratégiques saoudiens et reflétant des complexes équilibres tribaux du pays. Le second est sans doute l’homme d’affaires le plus connu à l’extérieur du royaume, fort d’un portefeuille de participations dans des poids lourds de l’économie mondiale.