La France fait partie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, et bénéficie à ce titre d’un droit de veto. L’Allemagne, accusée d’être trop timorée sur la relance de l’Europe face aux propositions françaises, a contre-attaqué mercredi en suggérant que Paris renonce à son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU
En réponse aux critiques françaises sur son immobilisme sur la scène internationale, l’Allemagne suggère que la France renonce à son siège permanent au sein du Conseil de sécurité de l’Onu. Berlin souhaiterait que Paris laisse sa place à une délégation de l’Union européenne.
L’Allemagne, a suggéré mercredi 28 novembre que Paris renonce à son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU au profit d’un siège pour l’Union européenne, un souhait allemand depuis plusieurs années.
« Si nous prenons l’Union européenne au sérieux, l’UE devrait également parler d’une seule voix au sein du Conseil de sécurité des Nations unies (…) À moyen terme, le siège de la France pourrait être transformé en siège de l’UE », a affirmé mercredi le vice-chancelier allemand Olaf Scholz, également ministre des Finances, lors d’un discours sur l’avenir de l’Europe tenu à Berlin.
Une réponse aux critiques françaises
En contrepartie, le poste distinct de chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations unies pourrait revenir de manière permanente à un Français, a-t-il estimé. admettant toutefois qu’un tel projet ne serait pas aisé à mettre en œuvre.
Cette proposition apparaît comme une manière pour les responsables allemands de répondre aux critiques récurrentes dont ils font l’objet sur leur timidité et leur manque d’audace dans les propositions de relance du projet européen, face aux initiatives venant notamment de la France, et de renvoyer la balle dans le camp français après les déclarations d’Emmanuel Macron.
Le président français a ainsi de plus en plus de mal à cacher son impatience à l’égard de l’Allemagne. Dans un discours devant la chambre des députés allemands le 18 novembre, il avait appelé à sortir de « l’immobilisme » et à surmonter les « tabous » pour relancer le projet européen en crise face au Brexit et à la montée des nationalismes.
L’Allemagne membre non permanent à partir de 2019
En 2012 lors d’un discours à l’occasion de la Conférence des ambassadeurs, François Hollande, alors président de la République, avait déjà appelé à « faire avancer la réforme du Conseil de sécurité pour permettre à de nouveaux membres permanents comme non permanents d’y siéger ». L’Allemagne doit occuper à partir de janvier 2019 l’un des dix sièges de membres non permanents, chacun choisis pour une période de deux ans.
La chancelière allemande Angela Merkel s’est récemment prononcée en faveur d’une « européanisation » des sièges non permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, pour faire en sorte que lorsqu’un pays de l’UE en obtient un, il parle au nom de tous les membres du bloc. Cela serait « très utile dans l’époque dans laquelle nous vivons », a-t-elle dit.
Et justement, l’Allemagne a été désignée pour occuper à partir de janvier 2019 l’un des dix sièges de membres non permanents, chacun choisis pour une période de deux ans. « Nous interpréterons notre siège au Conseil de sécurité des Nations Unies d’une manière européenne », a aussi jugé le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas qui, tout comme Scholz, est social-démocrate. Au-delà, des appels répétés ont été lancés en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, les grands pays émergents en particulier réclamant un siège dans ce forum.
Depuis sa création en 1945, la France est l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, avec la Grande-Bretagne, la Chine, la Russie et les États-Unis. Ils disposent d’un droit de veto.