Les bouleversements des dernières années et leur lot de tragédies frappant le pays font ressurgir de la mémoire de tout un chacun la nostalgie des jours heureux et le souvenir heureux du leader de la lutte pour l’indépendance et le fondateur de la Tunisie moderne …
Bien avant sa mort , Bourguiba était considéré comme un grand homme à l’instar d’un De Gaulle , d’un Gandhi , d’un Churchill …
Grand orateur , il s’adressait au peuple dans la langue du peuple , un peu améliorée , un peu édulcorée …Toute une génération se souvient de parents agglutinés autour de la radio , l’écoutant religieusement . La génération 60-80 fut , sûrement , la plus heureuse , ayant vécu l’explosion de tous les arts , de la culture , du cinéma , du théâtre … Une génération à la curiosité intellectuelle illimitée , audacieuse et brillante .. Le retour de Bourguiba et cet éveil de la mémoire collective s’expliquent par l’absence de tous les repères éducatifs et socio-culturels qui priment , aujourd’hui.
» Despote éclairé » , » peu lui importait que la voie menant à l’objectif soit directe ou tortueuse . Le responsable de la bataille doit s’assurer du meilleur itinéraire conduisant au but . Parfois , l’exigence de la lutte impose contours et détours » , disait-il !
Président , visionnaire , réformateur , » maître absolu » , maîtrisant la » chose politique » , il devait prendre des décisions pour le bien du pays et peu importe les mauvaises , celles qu’il a prises sous mauvaise influence !
» D’une poussière d’individus , d’un magma de tribus , de sous-tribus , tous courbés sous le joug de la résignation et du fatalisme , j’ai fait un peuple . «
» Traceur d’horizon » , la Tunisie lui est redevable de la façon dont il a gouverné le pays et plus particulièrement la femme à qui il a rendu fierté et dignité. Grâce à lui , la Tunisienne est libre , indépendante et souveraine ! L’éducation , l’analphabétisme éradiqué , la santé sont parmi ses plus belles réalisations … La Tunisienne a eu accès à la pilule et le droit à l’IVG , bien avant sa copine française qui ramait pour obtenir quelques droits dont jouissait déjà la Tunisienne. Cependant , de toutes les leçons que les Tunisiens allaient apprendre , celle-là est la plus importante : prendre leur destin en main , comprendre que le seul escalier menant au ciel est celui que l’on construit soi-même sur terre par le travail et l’acquisition de la connaissance !
Bourguiba était » réaliste » et être » réaliste » , aimait-il à dire , » c’est préférer une réforme modeste qui en permet une autre à un miracle impossible » .
Bourguiba , entre nostalgiques et détracteurs , demeurera le miracle tunisien , le rêve tunisien , l’exception tunisienne. L’Histoire retiendra , retient déjà le nom de ce Grand homme , ayant accompli des prodiges qui resteront à jamais dans la mémoire collective. Destin exceptionnel d’un homme né pour être le guide de tout un peuple à lui redevable à tout jamais ! Une légende ! L’Histoire retiendra également que ce Grand homme aimait tellement son pays qu’il le considérait comme le sien propre et ses habitants , ses propres enfants ! Il n’avait pas besoin ou n’éprouvait nul besoin de faire ériger des palais. La Tunisie était sienne … Il lui a légué une somme modique , mille dinars et quelques sur son compte bancaire , mais une richesse intarissable : le Savoir et l’Éducation pour tous et toutes !
Les années passent comme passent les cigognes et les khwemjias khommej , honnis de Bourguiba et de ses enfants , ont grimpé tout en haut de l’horloge et y ont planté leur bannière noire , celle de la mort , sous l’oeil attendri d’un ministre de l’Intérieur , ex-taulard , et avec la bénédiction d’un ex-taulard-fuyard , ayant une vision d’une Tunisie rétrograde wahhabite mtaa 3aza bouh ! Sauf que Bourguiba ne nous a jamais quitté(e)s ! Il était juste niché au fond de notre âme . L’âme est flamme et résiste !
Mounira Aouadi