Les déclarations du vice-Premier ministre turc invitent à faire participer le président Bachar al-Assad au processus de règlement du conflit syrien. Une inflexion de taille qui arrive après la libération d’Alep des griffes des terroristes.
Le vice-Premier ministre turc Mehmet Simsek a affirmé vendredi 20 janvier qu’il n’était « pas réaliste » pour Ankara d’insister sur un règlement du conflit en Syrie excluant le président Bachar al-Assad, à quelques jours de discussions à Astana visant à consolider le cessez-le-feu. Ces déclarations sont un virage significatif de la part d’Ankara qui voulait la tête de Bachar à tous prix
« La situation sur le terrain a changé de façon spectaculaire et la Turquie ne peut plus insister sur un règlement sans Assad. Ce n’est pas réaliste », a déclaré le vice-Premier ministre turc Mehmet Simsek, lors d’une réunion consacrée à la Syrie et l’Irak au Forum économique mondial de Davos en Suisse. « Assad est clairement responsable », a-t-il réaffirmé. « Mais nous devons être pragmatiques et réalistes. »
Ces déclarations semblent traduire une inflexion de la position de la Turquie au sujet du président Assad, dans un contexte de rapprochement entre Ankara et Moscou, qui soutient le régime de Damas.
Les services du Premier ministre et du président turcs n’ont pas réagi dans l’immédiat à ces déclarations, qui tranchent avec la position habituelle d’Ankara.
La Turquie a longtemps activement soutenu l’opposition qui cherche à renverser M. Assad, autrefois régulièrement qualifié de « monstre aux mains couvertes de sang » par le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Les autorités turques ont jusqu’ici toujours affirmé que Bachar al-Assad n’avait aucun rôle à jouer dans l’avenir de la Syrie, où plus de 310.000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en 2011.
Mais Ankara a depuis plusieurs semaines mis en sourdine ses critiques visant Damas, notamment lors de la reprise totale de la ville d’Alep (nord-ouest) par les forces du régime le mois dernier.
« Nous pensons que les souffrances du peuple syrien, les tragédies… Assad est clairement responsable. Mais nous devons être pragmatiques et réalistes », a insisté M. Simsek.
Conditions posées par Assad
Sur le terrain, cinq soldats turcs ont été tués et neuf blessés dans une attaque à la voiture piégée du groupe terroriste Daech dans le nord de la Syrie, où Ankara a lancé une opération fin août pour repousser les jihadistes et les milices kurdes vers le sud.
Et le Pentagone a affirmé vendredi 20 janvier qu’un bombardement américain avait tué jeudi plus de 100 combattants d’Al-Qaïda dans un « camp d’entraînement » de la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.
Depuis le 1er janvier, « les frappes américaines ont tué plus de 180 » jihadistes d’Al-Qaïda, a précisé le Pentagone.
A quelques jours de l’ouverture des négociations entre régime et rebelles à Astana, le Conseil de sécurité de l’ONU estime que ces pourparlers sont une étape « importante » avant les négociations sous l’égide de l’ONU prévues pour le 8 février à Genève.
« Astana représente un important tremplin » pour la reprise des négociations inter-syriennes conduites par l’ONU, a déclaré l’ambassadeur suédois Olog Skoog, qui préside le Conseil en janvier.
Avant la réunion d’Astana, le président Assad a adopté une position intransigeante, dans une interview à la télévision japonaise TBS.
Il a appelé les rebelles à accepter le principe de rendre leurs armes en échange d’une amnistie, et rejeté l’idée d’un gouvernement de transition ainsi que toute discussion sur son départ. « Il n’y a rien dans notre Constitution qui s’appelle le gouvernement de transition ».
Le responsable turc Mehmet Simsek a déclaré que la priorité était de « trouver un règlement plus durable et contenir les organisations et activités terroristes. « Astana peut amorcer le début de ce processus de façon significative », a-t-il ajouté.
Avec agences