Vendredi 27 décembre 2018 le Président de la République a réuni le Président de l’ARP , le chef du gouvernement, les secrétaires généraux de l’UGTT et de l’UTICA, les représentants des partis politiques et groupes parlementaires de la coalition parlementaire majoritaire à l’ARP qui ont voté la confiance au gouvernement Chahed remodelé et islamisé , pour débattre de la situation du pays.
Avant d’ouvrir le débat, le Président Béji a tenu de préciser qu’il n’était pas de l’école de Montaigne pour passer son temps à s’occuper du jardin du palais de Carthage. Il n’est pas un chef d’Etat dans un régime parlementaire qui se satisfait des cérémonies protocolaires et des cérémonies mondaines et qui signe une paperasse dont il ignore le contenu. Il n’est pas aussi un facteur comme il l’a bien précisé lors du dernier remaniement ministériel. Rien ne l’empêche d’exploiter le silence de la constitution qui lui ouvre un large champ d’intervention dans le cadre de la magistrature d’influence inaugurée au Portugal. Donc, il a un regard sur l’économique et le social, et il peut monter le ton contre le gouvernement et les partis qui le soutiennent pour leurs défaillances en ces domaines. Il a la sécurité du pays entre les mains, et il ne permettra à aucune partie de la mettre en péril.
Ces mises au point étant faites, il s’adresse à Youssef Chahed pour lui rappeler son échec cuisant dans la gestion des affaires du pays. Ses fanfaronnades sur des « réalisations » et des « acquis » dans le domaine économique, n’existant que dans ses rêves. Le pays est enfoncé dans une crise récurrente et le peuple souffre. Chahed en assume l’entière responsabilité, et il se doit de redresser la barre loin de toute démagogie d’une campagne électorale qu’il a commencée avant terme. Comme l’élève qui n’a pas fait ses devoirs, Youssef chahed avait la tête baissée, et était penaud devant son instituteur qui lui faisait la remontrance. Heureusement pour lui que la fal9a ( le baton ) est désormais interdite.
Au gourou Rchouda, suzerain du jeunot Youssef, Le Président lui a signifié qu’il était le principal responsable de l’abîme dans lequel le pays a sombré. A cet effet, Si Béji ne recourra pas à la violence, contrairement aux attentes du gourou, contre des jeunes sournoisement manipulés lors des agitations sociales sporadiques qui se sont déclarés dans certaines régions du pays. Le khouanji Harouni doit rester sur sa soif, l’armée n’est pas à la solde des islamistes d’Ennahdha et le peuple n’est pas une chaire à canon. Les maigres réserves en devises de la banque centrale ne permettent pas comme en fin 2010 et début 2011, l’importation de snipers sous le contrôle d’un Général qui s’est vendu aux charognards nahdhaouis et leurs commanditaires américano Qataris. La chaîne qatarie Al Jazeera et France24, ne se délecteront plus du sang des tunisiens.
A Taboubi, le Président de la République le conseille d’arrêter son Chow pour conquérir une légitimité syndicale de plus en plus érodée. L’UGTT assume elle aussi une part dans la crise par les abus, et le laxisme qu’elle a toléré ou provoqué au niveau des entreprises et établissement publics. La grève générale du 17 janvier 2019 ne doit pas avoir lieu. Celle du 26 janvier 1978 a dérapé et était lourde en perte humaine. L’Etat était en péril et l’Etat s’est défendu. Donc, l’Etat se défendra contre une horde du lumpenprolétariat rural et urbain manipulée à des fins obscures. Car, il faut l’avouer, en 1978, 1984, en 2010-2011, ce ne sont pas les syndicalistes et les opposants de salons qui sont morts sous les balles. C’est ce petit peuple désorienté et désespéré qu’on engageait dans des déboires dont il n’en saisissait ni les tenants ni les aboutissants et qu’on jetait dans la fournaise. Ces manipulations sordides ne doivent pas se reproduire.
Aux partis et groupes parlementaires de la coalition gouvernementale, le Président les a mis devant leurs responsabilités historiques de ne pas laisser le chef du gouvernement entraîner le pays dans une aventure que le pays ne peut supporter. Le pays a une image à redorer après avoir été ternie. La Ligue des Etats arabe se réunira en Tunisie, il ne faut lui assainir le climat. La Tunisie va jouer un rôle dans le rapprochement des pays arabes, surtout dans le dossier syrien. Elle en tirera certainement profit. Il ne faut pas hypothéquer les opportunités de cette réunion au sommet. Le président Egyptien Abdelfattah Sissi sera en Tunisie. Les hôtes de la Tunisie doivent être accueillis avec tous les honneurs, Islamistes nahdaouis s’abstenir.
En 2015, le Président de la République avait tenu la même réunion, dans presque les mêmes circonstances. Comme en ce 28 décembre 2018, l’UGTT menaçait d’une grève sur le Grand-Tunis, le 25 novembre 2015. BCE avait alors «poussé» le chef du gouvernement Habib Essid à signer l’accord salarial avec l’UGTT «pour avoir la paix sociale» comme le disait alors le chef de l’Etat.
Aujourd’hui les coupables de la crise sont désignés du doigt. Même le turbulent Mohsen Marzouk a été mis à l’ordre sur un ton sec quand il a essayé se délier de sa responsabilité dans la crise. Ils sont condamnés à trouver un accord sous l’arbitrage du Président pour préserver la paix sociale. S’ils refusent de s’entendre, ils assumeront seuls les conséquences qui en découleraient. Le rôle du chef du gouvernement n’est pas de constater une crise économique comme le commun des mortel, et de vendre des illusions, mais il se doit de la résoudre ou démissionner.
Mounir Chebil