Les initiatives se multiplient pour proposer un dialogue national, la dernière étant celle de l’UGTT. Je ne doute pas des bonnes intentions des uns et des autres pour sortir le pays de sa crise profonde. Ceux qui proposent ou soutiennent ces initiatives le font par similitude avec le dialogue national de 2013. Or le contexte est totalement différent. En 2013, nous étions gouvernés par un système politique provisoire, en attente de constitution et de l’organisation d’élections qui stabilisent le pays sur le plan politique. Et puis, n’oublions pas le rôle du terrorisme et surtout des assassinats politiques dans l’accélération de la chute de la troïka. Aujourd’hui, les conditions sont différentes. Organiser un dialogue national à peine un an après les élections traduit 2 choses (1) L’échec des 3 présidences (république, ARP et gouvernement) à gouverner le pays, leurs limites n’étant plus à démontrer et (2) l’échec du système politique adopté après la révolution à offrir au pays la stabilité nécessaire au développement socioéconomique.
Partant de là, un dialogue national incluant tout le monde, y compris ceux qui assument la responsabilité de l’échec depuis 10 ans, n’a pas de sens, sauf les réhabiliter. On ne peut pas faire partie et du problème, et de la solution! De même, il est illusoire de vouloir résoudre la crise socioéconomique sans résoudre la crise politique. Aucune réforme n’est envisageable sans réforme du système politique. Que faire alors? Si nous devons aller vers un dialogue national et la proposition de plan d’urgence, il faudrait le limiter à 3 composantes (1) les organitions nationales (UGTT, UTICA, UNAP, UNFT), (2) des représentants de la société civile et (3) surtout des experts indépendants en droit et en économie, de même qu’il faudrait le limiter dans le temps. Autrement, ce serait la fuite en avant, la légitimisation de l’échec et la négation de la redevabilité.
Adel Ben Amor