Dans une tribune publiée dans Libération le 13 mai environ 380 artistes dénoncent le silence du monde du cinéma face au «génocide en cours à Gaza». Parmi les signataires figurent le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar, l’ex-footballeur et acteur Éric Cantona et l’acteur américain Richard Gere.
Rendant hommage à la photojournaliste palestinienne Fatma Hassouna, tuée le 16 avril par l’armée israélienne, une tribune signée par plus de 380 artistes dénonce le silence du monde du cinéma face au « génocide en cours à Gaza ».
Dans ce texte publié par Libération le 13 mai, les signataires rappellent le meurtre de Fatma Hassouna, survenu « le lendemain de l’annonce de la sélection du film PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK de Sepideh Farsi, dont elle était l’héroïne, dans la sélection ACID du Festival de Cannes ».
La jeune Palestinienne de 25 ans avait été prise pour cible par l’armée israélienne. Elle est morte avec dix de ses proches, dont « sa sœur enceinte ».
Une passivité qui fait honte
Les signataires de la tribune rappellent l’agression par des colons israéliens, puis le kidnapping par l’armée israélienne du réalisateur palestinien Hamdan Ballal, oscarisé pour son film No Other Land, et dénoncent « l’absence de soutien de l’Académie des Oscars ».
« Une telle passivité nous fait honte », peut-on lire dans le texte joint à l’article publié par Libération, où figure la liste complète des signataires. Parmi eux, des noms de renommée mondiale à l’instar de ceux du réalisateur espagnol, Pedro Almodóvar, de l’ex-footballeur et acteur Éric Cantona, de l’acteur américain Richard Gere et du Suédois palme d’or à Cannes, Ruben Östlund.
Nous ne pouvons rester silencieux
Les artistes et acteurs de la culture estiment qu’ils « ne peuvent rester silencieux tandis qu’un génocide est en cours à Gaza ». Ils s’interrogent : « À quoi servent nos métiers, si ce n’est à tirer des leçons de l’Histoire, des films engagés, si nous ne sommes pas présents pour protéger les voix opprimées ? ».
La tribune dénonce également les attaques de « l’extrême droite, le fascisme, le colonialisme, les mouvements anti-trans et anti-LGBTQIA+, sexistes, racistes, islamophobes et antisémites » contre le monde du cinéma, de l’édition et les universités.
Cliquez ici pour voir la liste complète des signataires de la tribune.
************
Pour Fatem
Fatma Hassona (Fatem) avait 25 ans. Elle était une photojournaliste indépendante palestinienne. Elle a été prise pour cible par l’armée israélienne le 16 avril 2025, soit le lendemain de l’annonce de la sélection du film PUT YOUR SOUL ON YOUR HAND AND WALK de Sepideh Farsi, dont elle était l’héroïne, dans la sélection ACID du festival de Cannes.
Elle allait se marier.
Dix de ses proches, dont sa sœur enceinte ont été tué•es par cette même frappe israélienne.
Depuis les terribles massacres du 7 octobre 2023, aucun journaliste étranger n’a été autorisé à entrer dans la bande de Gaza. L’armée israélienne cible des civils. Plus de 200 journalistes ont été délibérément tué•e•s.
Auteurs et autrices, réalisateurs et réalisatrices, artistes, sont brutalement assassiné•e•s. Fin mars le réalisateur palestinien Hamdan Ballal, oscarisé pour son film NO OTHER LAND, documentaire coréalisée avec Yuval Abraham, Basel Adra et Rachel Szor, a été violemment agressé par des colons israéliens puis kidnappé par l’armée, avant d’être libéré sous la pression internationale. L’absence de soutien de l’Académie des Oscars à Hamdan Ballal, a suscité l’indignation de ses propres membres et elle a dû s’excuser publiquement de son inaction.
Une telle passivité nous fait honte.
Pourquoi le cinéma, vivier d’œuvres sociales, engagées, paraît se désintéresser de l’horreur du réel, de l’oppression subie par nos consœurs et confrères ?
Nous artistes et acteur•ice•s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux•se•s tandis qu’un génocide est en cours à Gaza et que cette actualité indicible, touche nos milieux de plein fouet.
A quoi servent nos métiers si ce n’est à tirer des leçons de l’Histoire, des films engagés, si nous ne sommes pas présent•e•s pour protéger les voix opprimées?
Pourquoi ce silence?
L’extrême droite, le fascisme, le colonialisme, les mouvements anti-trans et anti-LGBTQIA+, sexistes, racistes, islamophobes et antisémites mènent leur bataille sur le terrain des idées, s’attaquent à l’édition, au cinéma, aux universités, et c’est pourquoi nous avons le devoir de lutter.
Refusons que notre art soit complice du pire.
Levons-nous.
Nommons le réel.
Osons le regarder collectivement avec la précision du cœur pour qu’il ne puisse plus être silencié et couvert.
Refusons les propagandes qui colonisent sans arrêt nos imaginaires et nous font perdre le sens de nos humanités.
Pour Fatem, pour toutes celles et ceux qui meurent dans l’indifférence.
Le cinéma se doit de porter leurs messages, d’être un reflet de nos sociétés.
Agissons avant qu’il ne soit trop tard.