Les électeurs iraniens ont plébiscité la politique de dialogue avec l’Ouest d’Hassan Rohani, le reconduisant à la tête de l’Etat avec un score triomphal, largement devant son rival conservateur, Ebrahim Raissi.
«Le peuple iranien a choisi la voie de l’entente avec le monde», a déclaré le 20 mai Hassan Rohani, réélu président de la République islamique d’Iran dès le premier tour avec 57% des voix, devant Ebrahim Raissi, qui a en obtenu 38,3%.
«Le message de notre peuple a été clairement exprimé. Le peuple iranien a choisi la voie de l’entente avec le monde, loin de l’extrémisme. Il veut vivre en paix et dans l’amitié avec le reste du monde, mais n’accepte pas la menace et l’humiliation», a poursuivi le vainqueur de l’élection présidentielle du 19 mai, dans une allocution retransmise à la télévision d’Etat Irib.
Victoire sans appel
«41,2 millions d’Iraniens ont participé à l’élection [présidentielle]», soit un taux de participation de 73%, a précisé le ministre de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli.
Hassan Rohani augmente considérablement le nombre de ses électeurs par rapport à sa première élection en 2013 : il avait alors obtenu 18,6 millions de voix (50,7%) sur 36 millions de votants.
Pendant la campagne électorale, il avait demandé aux Iraniens de lui accorder plus de voix pour pouvoir poursuivre ses réformes sur le plan intérieur et sa politique d’ouverture à l’Ouest.
Avant même l’annonce des résultats définitifs, des dirigeants conservateurs avaient reconnu la victoire du président sortant, décrit comme modéré par la presse occidentale. «Les premiers décomptes montrent que M. Rohani est le vainqueur […] et il faut le féliciter», avait notamment écrit sur l’application Telegram Alireza Zakani, ancien député conservateur qui avait activement participé à la campagne contre la réélection du président sortant.
Un mandat marqué par la signature de l’accord nucléaire avec les grandes puissances
Réalisation la plus notable des quatre premières années de présidence d’Hassan Rohani, l’accord sur le nucléaire, signé en juillet 2015 avec les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne, est entré en vigueur en janvier 2016. En échange d’une levée partielle des sanctions internationales qui frappaient l’Iran depuis près de 10 ans, Téhéran s’est engagé à limiter son programme nucléaire à des fins strictement civiles. Cet accord aura permis à l’Iran, notamment, de reprendre ses exportations de pétrole.
La pérennité de cet accord international pourrait néanmoins être compromise par le nouveau président américain, qui l’a durement critiqué. Donald Trump a en effet l’intention de réévaluer la position de Washington face à Téhéran. «L’accord nucléaire avec l’Iran, signé en 2015, ne parvient pas à remplir l’objectif d’un Iran dénucléarisé», martelait encore le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, le 19 avril.
Le 17 mai, deux jours avant l’élection présidentielle iranienne, Washington avait annoncé sa volonté de renouveler l’allègement des sanctions contre l’Iran, conformément à l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, mais a assorti cette décision de nouvelles sanctions ciblées liées au programme de missiles balistiques de l’Iran.
Sur le plan intérieur, Hassan Rohani a réussi à faire chuter l’inflation de 40% en 2013 à 9,5%. Le chômage, en revanche, a légèrement progressé sous son mandat, passant de 10,5% à environ 12,4% selon les chiffres officiels.
Washington et Riyad accusent
Depuis Riyad, le secrétaire d’Etat américain a appelé le président iranien réélu Hassan Rohani à démanteler «le réseau de terrorisme» qu’entretiendrait son pays et à mettre fin à ses essais de missiles balistiques.
«J’espère que Rohani […] engagera un processus de démantèlement du financement du réseau de terrorisme d’Iran, des moyens, de la logistique et de tout ce qu’il apporte aux forces déstabilisatrices dans la région [du Moyen-Orient]», a déclaré selon l’AFP le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, depuis la capitale saoudienne Riyad, où il était en visite officielle avec le président américain Donald Trump le 20 mai.
Il exprimait alors un point de vue partagé par les autorités saoudiennes, qui considèrent le Hezbollah libanais dont des membres combattent en Syrie aux côtés des forces gouvernementales, comme une organisation terroriste. L’Arabie saoudite, en outre, se trouve être le grand rival de l’Iran dans la région moyen-orientale, et entretient avec ce dernier des relations extrêmement tendues.
«Nous espérons aussi que monsieur Rohani mette fin aux essais de missiles balistiques [et qu’il] rétablisse les droits des Iraniens à la liberté d’expression et d’association», a encore dit Rex Tillerson, au jour de la réélection du président iranien.
En même qu’ils confirmaient leur ligne dure à l’égard de l’Iran, les Etats-Unis renforçaient leur traditionnelle alliance stratégique avec l’Arabie saoudite, un brin affaiblie durant la présidence Obama.
Lors de cette visite officielle, le président américain Donald Trump, que Rex Tillerson accompagnait, a en effet signé de juteux contrats d’armements avec Riyad.
Les déclarations sévères de Rex Tillerson visant l’Iran s’inscrivent dans la ligne politique défendue par Donald Trump au cours des deniers mois : celui-ci entend notamment réévaluer la position américaine sur l’accord nucléaire iranien, conclu durant le mandant de son prédécesseur. «L’accord nucléaire avec l’Iran, signé en 2015, ne parvient pas à remplir l’objectif d’un Iran dénucléarisé», martelait encore Rex Tillerson, le 19 avril dernier.
Considéré comme un modéré par la presse occidentale, le président iranien Hassan Rohani a justement été réélu – entre autres – sur sa politique d’ouverture à l’Ouest, dont l’élément majeur aura été la signature de cet accord nucléaire avec Washington et les puissances occidentales.
Avec agences