Syrie : Moscou considère le projet de résolution US sur l’attaque chimique sans fondement

La Russie et ses forces armées poursuivront leurs opérations visant à soutenir les efforts antiterroristes du gouvernement syrien, a déclaré ce mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, après que l’Occident a accusé Damas d’utiliser des armes chimiques contre les rebelles.

Le projet de résolution sur l’attaque chimique contre la ville syrienne de Khan Cheikhoun soumis par les Etats-Unis et d’autres pays est basé sur de fausses informations, a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.

Le 4 avril, l’aviation syrienne a frappé un entrepôt terroriste abritant des substances toxiques près de la ville de Khan Cheikhoun. Selon Maria Zakharova, ce fait a été immediatement instrumentalisé par « des médias engagés » pour accuser le gouvernement syrien d’utilliser des armes chimiques contre son peuple.

« Des échantillons de sol ont été prélevés et transmis à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Malheureusement, sans rien entreprendre et uniquement guidés par des informations fallacieuses, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne ont de nouveau jeté — il est impossible de dire « proposé » — au Conseil de sécurité de l’Onu un projet de résolution qui revêt un caractère anti-syrien et risque d’exacerber la situation politique déjà tendue qui règne en Syrie et dans la région dans son ensemble », a déclaré la diplomate.

Le porte-parole de la Défense russe a déclaré ,mardi 24 mars , que l’aviation syrienne avait détruit un entrepôt où l’opposition dite «modérée» gardait des stocks d’armes chimiques dont certaines devaient être envoyées en Irak.

«D’après les données du contrôle russe de l’espace aérien en Syrie, le 4 avril de 11h30 à 12h30 [heure locale], l’aviation syrienne a frappé un entrepôt d’armes chimiques et d’équipement militaire des terroristes, situé dans l’est du village rebelle de Khan Cheikhoun», a déclaré le porte-parole de la Défense russe, Igor Konachenkov.

«Dans cet entrepôt se trouvaient des ateliers pour la production de bombes chargées d’explosifs toxiques. Depuis ce grand atelier, les terroristes envoyaient des munitions contenant des substances chimiques en Irak. Leur utilisation a été prouvée maintes fois par les organisations internationales, ainsi que par les autorités irakiennes», a-t-il poursuivi. Ces mêmes munitions chimiques avaient été utilisées par des rebelles lors de l’attaque chimique d’Alep en 2016, a fait savoir le porte-parole de la Défense russe, qui avait participé à l’enquête de l’année dernière.

Le Conseil de sécurité de l’ONU était réuni ce mercredi en urgence pour débattre de l’attaque chimique présumée ayant fait 72 morts la veille en Syrie.

Mais la Russie a jugé « inacceptable » en l’état le projet de résolution présenté par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni condamnant cette attaque, une nouvelle illustration des divisions entre Occidentaux et Moscou sur le dossier syrien.

Au moment où le président François Hollande exigeait depuis la France des « sanctions » contre le régime syrien, son représentant à l’ONU, l’ambassadeur français François Delattre, dénonçait en entrant dans la salle du Conseil « des crimes de guerre, des crimes de guerre à grande échelle, des crimes de guerre avec des armes chimiques ».

Les frappes de Damas contre les cibles terroristes dans la province d’Idlib ont eu lieu au lendemain d’une attaque chimique ayant coûté la vie à des dizaines de civils. Si l’opposition syrienne fait état de 80 morts et près de 200 blessés, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) , basé en grande Bretagne , a annoncé la mort d’au moins 58 personnes, dont onze enfants.

L’opposition syrienne a accusé mardi le gouvernement de Bachar el-Assad d’avoir mené à Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib, une attaque « chimique ». Donald Trump a aussi imputé l’attaque au gouvernement du président syrien Bachar el-Assad. Le porte-parole de la Maison blanche Sean Spicer a déclaré que cet incident était devenu « une conséquence de la faiblesse et de l’irrésolution de l’administration précédente (celle de Barack Obama, ndlr.) ».

Damas a pour sa part démenti toutes les accusations en raison de leur caractère non fondé. Moscou a aussi déclaré ne pas être concerné par les accusations. Selon le ministère russe de la Défense, « aucune frappe aérienne n’a été menée par l’aviation russe dans les environs de Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib ».

Avec agences