La Tunisie abrite à partir de mardi 24 avril le Forum économique africain dans le but de promouvoir les échanges avec les pays de l’Afrique subsaharienne qui ne dépassent actuellement 2% de la totalité des échanges de la Tunisie avec l’extérieur, a relevé le secrétaire d’Etat au commerce extérieur Hichem Ben Ahmed lors d’une conférence de presse tenue lundi au Centre de promotion des exportations (CEPEX).
Selon les organisateurs, 800 experts, hommes d’affaires et représentants des secteurs public et privé africains dont 200 personnalités de haut rang, venus 38 pays du continent, prendront part à ce forum parrainé par le ministère tunisien du Commerce, en collaboration avec la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (BADEA), l’Agence allemande de coopération technique (GIZ) et de nombreux autres partenaires.
Des délégations officielles de haut niveau, conduites par des ministres et des conseillers spéciaux auprès de chefs d’Etat viendront du Sénégal, Cote d’Ivoire, Guinée équatoriale, Burkina, Niger, Ghana, Rwanda, Djibouti, Libye et d’autres pays de toutes les sous-régions du continent. Des dirigeants de grands groupes ont commencé à affluer, dimanche soir, à Tunis, en provenance d’Algérie, du Maroc, du Mali, du Tchad, du Bénin, de Madagascar et près d’une trentaine d’autres pays.
Les organisateurs ont par ailleurs, pris l’initiative d’y associer des étudiants et stagiaires africains en Tunisie à travers leur seize associations.
Deux jours durant, les travaux s’articuleront en débats, ateliers thématiques et rencontres B2B de partenariats. Outre le débat sur le renforcement institutionnel requis, cinq panels de discussion traiteront tour-à-tour des questions suivantes :
Construire en Afrique : un marché en expansion, Les Tics pour un développement durable en Afrique
La santé, vers de nouveaux modèles,
L’enseignement universitaire et l’employabilité,
L’Agribusiness.
Mais, au-delà de ces échanges, ce sont les rencontres avec les décisionnaires dans les pays participants pour mieux connaitre le climat des affaires et déloquer les difficultés rencontrées, et les contacts entre les chefs d’entreprise qui sont les plus prisés.
« Promouvoir les potentialités dans nos pays respectifs, prospecter des opportunités, identifier des partenaires et amorcer des actions concrètes : tels sont nos objectifs » affirme le ministre du Commerce Omar Béhi.
Selon lui, « le maître-mot doit être la concrétisation ».
Pour le ministre du Commerce, Omar Béhi, il s’agit d’un « événement très important » qui consiste à « faire rencontrer l’Afrique avec l’Afrique » et qui a pour objectif de renforcer les domaines de partenariats stratégiques entre la Tunisie et le continent Africain ».
Le ministre a ajouté que ce forum s’inscrit dans le cadre de la stratégie du gouvernement visant à permettre aux entreprises tunisiennes d’accéder aux marchés africains afin d’exposer leurs produits et impulser les investissements, affirmant que la Tunisie compte beaucoup sur les pays africains afin de redynamiser son économie.
Il a, à cet égard, mis l’accent sur les efforts consentis par le gouvernement visant à faciliter les opérations d’exportation vers les pays africains à travers l’assouplissement de la loi de change. Et d’affirmer que plusieurs mesures ont été prises et relatives à l’octroi d’avantages préférentiels aux entreprises désirant accéder aux grands marchés du continent.
Le secrétaire d’Etat a tenu quant à lui, à préciser qu’il s’agit en l’occurrence d’une « approche gagnant-gagnant ». « Nous ne voulons pas uniquement vendre nos produits, nous désirons plutôt que le bateau qui se rend en Afrique pour les exporter revienne rempli de produits provenant des pays africains de manière à ce que les échanges soient profitables aux uns et aux autres », a-t-il fait valoir.
En réponse à une question d’Anadolu sur une potentielle coopération triangulaire Tunisie-Turquie-Afrique, le responsable tunisien a affirmé que l’économie et le commerce tunisiens « sont ouverts à tous les pays » « Tous les partenariats sont les bienvenus », a-t-il déclaré.
En ce qui concerne des problèmes qui se posent au plan de la logistique, singulièrement du transport, M. Ben Ahmed a annoncé la prochaine ouverture par la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) d’une ligne maritime qui reliera la Tunisie à trois pays d’Afrique subsaharienne, à savoir le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Au niveau du transport aérien, il a affirmé que la compagnie « Tunisair » ouvrira de nouvelles lignes pour desservir huit pays africains en 2020, contre huit actuellement.
« La stratégie de la Tunisie en direction de l’Afrique est claire: elle prévoit une adhésion en juin prochain, à la Communauté économique de l’Afrique de l’Est et Australe (COMESA), en tant que pays membre, qui lui offrira une zone de libre-échange sans droits de douane pour un marché qui compte plus de 400 millions de consommateurs, en plus du marché de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de 500 millions de consommateurs, dont la Tunisie est membre observateur », a-t-il fait remarquer.
De son côté, Radhi Meddeb, Commissaire général du Forum, a fait ressortir la place attribuée au secteur privé dans ce processus. » En mettant en place ce partenariat public privé et en en confiant la direction et la coordination à un représentant du secteur privé, indique-t-il, le ministère du Commerce a exprimé sa ferme volonté de faire en sorte que ce forum bénéficie de l’appui des plus hautes autorités tunisiennes et d’en faire un lieu de rencontre d’opérateurs économiques et de facilitation de leurs affaires ».
Il a précisé que le forum se décline en deux parties : la première, sur une demi-journée, sera institutionnelle. Elle donnera l’occasion aux autorités tunisiennes mais aussi aux représentants de plusieurs institutions africaines d’exposer leur vision et leur engagement pour favoriser la construction économique du continent, leurs stratégies pour y parvenir et les politiques publiques déployées pour en accélérer la mise en œuvre par les opérateurs économiques.
« La suite sera consacrée aux débats et échanges entre opérateurs économiques et financiers, mais aussi institutionnels, autour de cinq thématiques essentielles. Le choix des thèmes objets des cinq panels retenus l’a été en fonction des besoins du continent africain, des exigences encore insuffisamment satisfaites de sa jeunesse et de sa classe moyenne émergente mais aussi des capacités et de l’expertise tunisienne.
Cela va du secteur des infrastructures, à celui des technologies de l’information et de la communication, de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur, de la santé et de l’agroalimentaire.
Pour chacun de ces secteurs, la demande africaine est forte. Elle est appelée à être de plus en plus soutenue. L’offre tunisienne est de qualité. Elle est reconnue, adaptée et appréciée. Les opportunités de coopération sont multiples. Les financements sont disponibles et les triangulations souhaitées. L’offre de la Tunisie se veut solidaire et partenariale », a-t-il assuré.
Des statistiques avancées le ministre du Commerce relèvent qu’une série de mesures s’inscrivant dans le cadre du Plan national du renforcement des exportations tunisiennes ont été prises afin d’atteindre un taux de croissance de 20%, soit un volume total des exportations estimé à 50 milliards de dinars à l’horizon 2020.
Ci-bas le communiqué du forum .Cliquez ici pour visiter le site
Forum Economique Africain
Le Ministère du Commerce organisera le Forum Economique Africain les 24 et 25 avril 2018, en collaboration avec la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), L’Agence Allemande de Coopération Internationale (GIZ) et la Société Internationale Islamique de Financement du Commerce (ITFC).
Ce forum sera marqué par une présence de 38 Etats et 200 responsables africains de haut niveau ainsi que 800 participants (experts, hommes d’affaires…).
A signaler, cet événement économique majeur a pour objectif de favoriser le partenariat Sud-Sud et impulser les échanges économiques entre les pays africains et identifier les grandes opportunités de coopération entre opérateurs économiques et institutionnels africains.
En outre, ce Forum s’inscrit dans le cadre de la stratégie du gouvernement tunisien visant à intensifier ses rapports économiques avec les pays africains et booster ses exportations vers ces pays.
Cinq secteurs économiques relatifs au Bâtiment et Travaux Publics(BTP), aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), à l’Enseignement Supérieur, à la Santé et à l’agriculture seront au centre de débats. En effet, ces secteurs ont été choisis selon les besoins du marché africain.
La stratégie générale de ce forum repose sur la présence conjointe de secteur public et de secteur privé, l’échange des expériences et le savoir-faire, l’exploration des idées innovatrice ainsi que le partage des « success stories » africains.
L’Afrique au cœur de la stratégie nationale d’exportation
Le gouvernement tunisien a annoncé dans le cadre de la stratégie nationale d’exportation, une série des mesures afin d’atteindre une croissance annuelle de plus de 20% des exportations au cours de la période 2018-2020. En effet, le Conseil Supérieur de l’Exportation a pris au cours de sa première réunion qui a tenu jeudi 4 janvier 2018 des mesures spécifiques pour encourager l’export vers les pays africains :
• Octroyer de privilèges préférentiels pour le soutien des exportations sur le marché africain : 70% pour l’exploration des marchés (frais de transport et d’hébergement), 60% pour le transport aérien et 50% pour le transport maritime.
• Prendre en charge par l’Etat de 50% de la garantie à l’exportation par l’intermédiaire de la Compagnie Tunisienne d’Assurance du Commerce Extérieur (COTUNACE) pour les exportations vers les marchés africains et la révision des mécanismes d’intervention du Fonds de garantie des exportations.
• Fournir des facilités nécessaires en matière d’assurance, de financement et de change au profit des entreprises nationales qui remportent des appels d’offre importants dans les pays africains.
• Elargir le réseau des représentations commerciales tunisiennes en Afrique subsaharienne (à Kenya et Nigéria) et la création d’une ligne maritime reliant la Tunisie à l’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Côte d’Ivoire et Bénin).
D’autre part, le gouvernement tunisien a consenti des efforts pour rejoindre des communautés économiques africaines régionales. En effet, la Tunisie sera officiellement membre du Marché Commun pour l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) au cours du mois de juin 2018.
De même, la Tunisie a obtenu le statut d’observateur auprès de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au mois de juin 2017 et la signature d’un accord d’un Mémorandum d’Entente avec ce groupement au mois de novembre 2017 qui prévoit le lancement de consultations pour l’entrée en négociations sur un accord commercial préférentiel.
De plus, le gouvernement tunisien a signé l’accord de la zone de libre-échange continentale (ZLEC) au cours du Sommet africain extraordinaire qui s’est tenu à Kigali le 21 mars 2018.
Tous ces efforts ont pour objectif d’accéder aux marchés africains en matière d’investissement et de commerce et de développer nos exportations (biens et services) sur le marché africain.
Source : CEPEX