L’inflation continuera de s’envoler en Tunisie pour atteindre 10,5 pc en 2023 contre 8,3 pc attendus en 2022 aggravant encore la crise économique et politique qui secoue ce pays.
L’annonce de la projection de l’inflation a été faite par le ministre tunisien de l’Economie, Samir Saïed, lors d’une conférence de presse. « 2023 sera une année difficile », a déclaré le ministre, notant que le gouvernement tunisien n’a pas d’alternative à un accord avec le Fonds monétaire international, faisant référence à un plan de sauvetage de 1,9 milliard de dollars pour aider le pays à faire face à ses besoins d’emprunt l’année prochaine.
La Tunisie dépend fortement des importations alimentaires et énergétiques, et son économie a également été frappée par des troubles au milieu des pires tensions politiques depuis une décennie.
Suite au taux de participation électoral le plus bas jamais enregistré (8,8 pc) lors des élections législatives tunisiennes du 17 décembre, l’opposition a appelé le président Kais Saied à démissionner, affirmant qu’il avait perdu sa légitimité alors que les électeurs avaient massivement boycotté les élections.
Le pays a plongé dans l’incertitude politique après que le président Kais Saied a suspendu le parlement et introduit une nouvelle constitution, réduisant l’importance des partis politiques. Ces mesures ont été décrites comme un coup d’État contre la démocratie, suscitant des inquiétudes régionales et internationales quant à la stabilité du pays.
Commentant la faible participation électorale, le département d’État américain a déclaré que la baisse des votes « renforce la nécessité d’élargir davantage la participation politique au cours des prochains mois ».
« Nous réitérons l’importance d’adopter des réformes inclusives et transparentes, notamment la mise en place d’un corps législatif élu, la création de la Cour constitutionnelle et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous les Tunisiens », a souligné le gouvernement américain.
« Nous continuerons à soutenir les aspirations du peuple tunisien à un gouvernement démocratique et responsable qui protège la liberté d’expression et la dissidence et qui soutient la société civile. Nous exhortons également le gouvernement tunisien à prendre les mesures nécessaires pour faire face à la crise économique actuelle et parvenir à la stabilité et à la prospérité à long terme pour tous les Tunisiens », a souligné le département d’État américain.
Le déficit commercial de la Tunisie s’est creusé d’un record de 56% au premier semestre 2022, atteignant 8,1% du PIB, tandis que le déficit budgétaire, aggravé par l’augmentation des subventions énergétiques et alimentaires, devrait atteindre 9,1% en 2022, contre 7,4% en 2021, selon le dernier rapport de la Banque mondiale.
La lenteur de la reprise économique après le COVID-19 et un retard dans la mise en œuvre de réformes clés, y compris des subventions, risquent de mettre encore plus à rude épreuve les finances publiques de la Tunisie et d’aggraver les déficits budgétaire et commercial, a averti la Banque mondiale.