Loin des embouteillages que la soumission des candidatures pour les élections législative et présidentielle a dû susciter, loin des bouleversements de l’échiquier politique que le décès du président Essebsi a dû occasionner, désolé de vous importuner sur un sujet qui passe inaperçu sans décréter la moindre urgence auprès des décideurs, encore moins auprès des partis politiques candidats comme si c’était le cadet de leurs soucis, et pourtant ce ne sont pas les indicateurs publiés qui manquent.
Fin juillet, l’INS publie l’Indice de Production Industrielle ( IPI ) pour le mois de mai 2019 enregistrant une baisse record de 5,1% qui succède à une autre publication un mois avant relative au même indice l’IPI du mois d’avril 2019 enregistrant une baisse de 3,4%.
J’ai beau à chercher ne serait-ce un paragraphe, une phrase dans la presse généraliste ou spécialisée, dans une émission radio ou télé : Walou…
Deux choses l’une, soit on ignore la portée économique d’un tel indicateur, soit on continue à reléguer au second plan la chose économique.
Les abonnés absents sont d’abord le gouvernement qui fait le mort, ensuite les médias qui sont apparemment partis en vacances et enfin les candidats aux différentes élections pour nous en parler comment ils comptent nous sortir de ce gouffre.
L’Economie tunisienne est structurée en trois secteurs primaire (l’agriculture à hauteur de 10% du PIB) et presque à fifty-fifty entre le secondaire (l’industrie) et tertiaire (les services).
L’importance du tissu industriel est cruciale pour l’économie tunisienne. On compte plus de 750 milles entreprises dont 450 milles unipersonnelles. Les entreprises structurées ( plus de 5 employées) s’élèvent seulement à 120 milles. Les TPE et les PME représentent plus de 99%. Ce secteur va mal et personne ne se soucie. l’intérêt porté aux start-up est bien (elles représentent un dix millième du tissu) mais quand est-il dès 99% du tissu industriel ? Elles sont simplement livrées à elles mêmes avec en guise de cerise sur le gâteau des conditions d’accès aux financements bancaires endurcies et rigides (TMM a 7,8%) et des délais de paiements moyens accablants ( dépassant les 6 mois).
Pour les novices, l’IPI est l’indice composite des différents segments de l’industrie tunisienne ( mines, extraction, ind. Agricoles et alimentaires, ind. Mécaniques et électriques, ind. Chimiques, ect. ).
Il est considéré, pour le cas de l’économie tunisienne comme le meilleur estimateur de la croissance étant donné que les secteurs primaire et tertiaire sont facilement observables ( la pluviométrie renseigne précisément sur la production agricole et les services sont également très visibles de part leurs expositions au quotidien dans l’économie à l’égard du secteur touristique).
Tout compte fait, les performances industrielles sont elles qui améliorent ou détériorent les performances acquises par les deux secteurs primaire et tertiaire. L’IPI synthétise cet effet.
Pour le second trimestre, on sait pertinemment que le secteur touristique a confirmé sa belle lancé du début d’année et continue à contribuer significativement à l’amélioration de la croissance du secteur tertiaire ainsi que la croissance agrégée.
La bonne nouvelle provient du secteur primaire qui dont la croissance évoluait en territoire rouge durant le T1. En effet, grâce à la récolte céréalière record, la croissance de la valeur ajoutée agricole sera même à deux chiffres ( mais toute chose égale par ailleurs, n’oublions pas que la part de contribution du secteur dans le PIB est de seulement 10%).
L’IPI s’enfonce dans un gouffre très critique. Deux mois sur trois sont au rouge vif. Accablé par d’abord les mines ( le phosphate dont la production est à l’arrêt durant plusieurs semaines et qui se répercute sur la production des industries chimiques également) ensuite les activités d’extraction ( le champ de Nawara dont le démarrage est reporté plusieurs fois la dernière en date est l’ajournement de juin à novembre. À terme (dans deux ans de démarrage), ce champ devrait produire 50% de la production gazière nationale à hauteur de 3000m3/j ), puis les IME qui continuent d’accuser des baisses d’activités importantes.
Compte tenu de l’ensemble de ses évolutions et selon mes propres estimations la croissance trimestrielle T2-2019 s’établirait entre 1,5% et 1,9%. Ce qui nous ramènerait à un rythme de croissance pour le premier semestre à 1,3% et 1,5%. Soit 50% des prévisions des autorités initialement établies à 3% révisées par le FMI à 2,6%.
-L’INS publiera les premiers résultats de cette croissance à partir du 15 août prochain…
Safouane Ben Aissa