L’Inde a affirmé avoir subi, samedi matin, une nouvelle série d’attaques pakistanaises, notamment de drones, sur son sol. Ces nouvelles frappes ont peu après été confirmées par le Pakistan qui a évoqué une riposte à une précédente attaque indienne.
Attaques de drones, tirs d’artillerie, frappes de missiles : le Pakistan et l’Inde ont encore intensifié leurs opérations, ce samedi 10 mai, au quatrième jour de leur confrontation militaire, sourds aux appels insistants à la retenue des États-Unis ou de la Chine.
Depuis les frappes indiennes menées mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l’attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien, les deux puissances nucléaires se rendent coup pour coup dans une inquiétante escalade.
Avant l’aube samedi, deux explosions ont retenti dans la capitale pakistanaise Islamabad et à Rawalpindi, ville toute proche où se trouvent l’état-major et les services du renseignement pakistanais. Le porte-parole de l’armée pakistanaise, Ahmed Sharif Chaudhry, est alors apparu à la télévision d’État pour annoncer que « l’Inde a(vait) attaqué avec des missiles » et que « les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot (avaient) été visées ». « Vous pouvez vous préparer maintenant à notre réponse », a-t-il lancé à l’intention de l’Inde.
« Avec l’opération ‘Edifice compact' », lancée dans la nuit de vendredi à samedi selon des sources pakistanaises de sécurité, « le Pakistan a visé les installations militaires indiennes depuis lesquelles des attaques avaient été lancées contre lui », a ensuite confirmé le Premier ministre, Shehbaz Sharif, cité par son bureau, ajoutant : « aujourd’hui, nous avons donné à l’Inde une réponse adéquate et vengé les morts innocents ».
Dans la foulée, l’Inde a confirmé avoir subi une série d’attaques pakistanaises, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires situées dans toute la partie nord-ouest de son territoire.
La principale ville du Cachemire indien, Srinagar, a été plusieurs fois secouée samedi par de violentes détonations, ont constaté des journalistes de l’AFP.
De son côté, le ministre de l’Information du Cachemire pakistanais, Mazhar Saeed Shah, a affirmé à l’AFP que « 11 personnes, dont quatre femmes et un enfant » avaient été tuées dans la nuit, « dans d’intenses bombardements indiens, sur plus de cinq endroits de la Ligne de contrôle », la frontière de facto dans la région disputée.
« Depuis mercredi, 28 personnes ont été tuées et 125 blessées dans des bombardements indiens ou des frappes de missiles » dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan, a-t-il ajouté
L’aggravation des combats entre les deux rivaux a suscité les appels au calme de plus en plus inquiets de nombreuses capitales étrangères.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, s’est entretenu avec ses homologues indien et pakistanais et les a exhortés « à rétablir une communication directe pour éviter toute erreur de calcul », selon sa porte-parole, Tammy Bruce.
Appels à la désescalade
Les États-Unis ont formellement offert leur médiation aux deux pays.
La Chine a haussé le ton samedi en appelant « fermement » les deux pays voisins à la retenue, alors que les pays membres du G7 ont de leur côté exigé « une désescalade immédiate ».
Rivaux depuis leur indépendance et leur douloureuse partition en 1947, l’Inde et le Pakistan traversent leur plus grave crise des deux dernières décennies depuis l’assassinat de 26 civils le mois dernier dans la ville de Pahalgam, au Cachemire indien.
New Delhi accuse Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu’elle soupçonne de l’attaque, ce que son voisin dément fermement. Les combats qui les opposent depuis mercredi font aussi l’objet d’une féroce bataille de communication.
Guerre d’information
New Delhi avait affirmé ces derniers jours avoir été la cible d’une vague d’attaques de drones pakistanais au Cachemire et au Penjab, État frontalier dans le nord-ouest.
Ce que disent les deux camps est impossible à vérifier de source indépendante, notamment parce que de nombreuses zones sont inaccessibles.
L’Inde a fermé 24 aéroports et les médias locaux affirment que le trafic aérien sera suspendu jusqu’à la semaine prochaine. Des dizaines de millions d’enfants sont privés d’école des deux côtés de la frontière.
La confrontation se fait aussi sur l’information. L’Inde a ordonné au réseau social X de bloquer plus de 8 000 comptes, dont ceux de médias internationaux. Le réseau d’Elon Musk a dit s’y être conformé à contrecœur, dénonçant une « censure ».
New Delhi avait déjà exigé l’interdiction de plusieurs comptes de figures politiques, de célébrités ou de médias pakistanais.
Avec agences