Maroc : 24 personnes mortes dans un atelier de confection clandestin à Tanger

Au moins 24 personnes sont décédées lors d’une inondation survenue dans un atelier de textile clandestin installé dans le sous-sol d’une maison à Tanger, au Maroc. Des recherches se poursuivent.

L’agence de presse marocaine MAP rapporte qu’un atelier clandestin de textile, installé au sous-sol d’une maison privée à Tanger, au Maroc, a été inondé ce 8 février après des pluies violentes. Au moins 24 corps sans vie ont été repêchés, selon la même source, alors que les recherches se poursuivent. Dix personnes ont par ailleurs été secourues.

Le drame s’est déroulé à Hay Alinas, dans la zone d’El Mers.

Les secouristes avaient récupéré lundi en début d’après-midi vingt-quatre corps ainsi que dix survivants, qui ont été conduits à l’hôpital, a-t-elle précisé. Des représentants des autorités, présents sur place, ont fait état de vingt-cinq morts –17 femmes et 8 hommes âgés de 20 à 40 ans–, selon un journaliste local cité par l’AFP.

Le média marocain H24 rapporte qu’une «électrocution serait à l’origine du drame», mais cette précision n’a pas été confirmée de source officielle, pour l’heure. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances du drame.

Le site d’information Tanjanews a publié une video avant l’arrivée des secours. Sur celle-ci, on peut voir plusieurs individus tenter de sortir de l’usine submergée par les eaux.

« Comment des dizaines de travailleurs et de travailleuses ont-ils pu entrer pendant des années dans le garage d’un bâtiment résidentiel (…) sans que les autorités locales ne s’en aperçoivent », s’interroge l’Observatoire du nord des droits humains, une ONG locale, dans un communiqué.

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« Unités clandestines »

Plus de la moitié (54%) de la production du secteur « textile et cuir » du Maroc provient d’unités « informelles », incluant des unités de production « ne répondant pas aux normes légales », selon une étude publiée en 2018 par la Confédération patronale marocaine (CGEM).

Les présidents des différents groupes parlementaires ont d’ailleurs dénoncé lundi après-midi « l’existence de ces unités clandestines », tout en appelant à une enquête « complète » pour « établir toutes les responsabilités » du drame de Tanger.

L’économie informelle représentait au total plus de 20% du Produit intérieur brut du Maroc hors secteur primaire en 2014, soit environ 170 milliards de dirhams (environ 15 millions d’euros), le textile générant 11% de ce volume, selon l’étude de la CGEM.

Environ 2.000 décès sont liés chaque année à des accidents de travail, « soit l’un des chiffres les plus élevés » de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), selon des données présentées lors d’une récente table-ronde sur la « Sécurité au travail » organisée par le Conseil économique, social et environnemental du Maroc (CESE). Le royaume a connu ces dernières semaines plusieurs épisodes de pluies violentes, après une longue période de sécheresse.

Des intempéries ont entraîné début janvier des effondrements de maisons vétustes à Casablanca, capitale économique du pays, faisant au moins quatre morts et plusieurs blessés, selon les médias locaux. Souvent liées, à la campagne, à un phénomène de crues soudaines de rivières asséchées et, en ville, à un déficit de système d’évacuation des eaux, les inondations font régulièrement des victimes au Maroc.

C’est « le premier risque en termes de personnes tuées au niveau national », selon un rapport consacré aux risques climatiques publié en 2016 par l’Institut royal des études stratégiques (Ires). Des inondations liées à des pluies torrentielles ont fait en 2014 une cinquantaine de morts et des dégâts considérables dans le Sud.