L’Opep n’augmentera pas sa production pour remplacer le pétrole russe

Le cartel continue d’ignorer les appels des pays consommateurs de pétrole à augmenter largement sa production. L’envolée des cours devrait se poursuivre avec la mise en oeuvre de l’embargo européen sur le pétrole russe.

Le groupe des pays exportateurs de pétrole a préservé ses rapports avec la Russie en refusant d’augmenter largement sa production de pétrole pour faire face à la montée des prix et au possible embargo sur le pétrole russe que pourrait décider l’UE.

Le pétrole russe, qui pourrait être placé prochainement sous embargo par l’UE, ne sera pas remplacé par une production accrue de pétrole des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les Echos ont en effet rapporté le 5 mai que l’Opep avait refusé les demandes des pays consommateurs d’augmenter généreusement la production de pétrole face à l’envolée du cours du baril, qui pourrait encore s’accroître avec une confirmation d’un embargo de l’UE sur le pétrole russe. L’Opep va ainsi limiter la hausse, à «un niveau conforme au programme annoncé par le cartel pour relancer sa production, au sortir du Covid-19, mais qui s’avère très insuffisant pour limiter l’inflation du cours du baril», écrit le quotidien économique.

Jeudi 5 mai, les représentants des 13 membres de (Opep) et leurs dix partenaires (Opep+) ont décidé «d’ajuster à la hausse la production totale mensuelle de 432 000 barils par jour pour le mois de juin», a précisé l’alliance dans un communiqué. Comme les mois précédents, le cartel s’en tient à sa stratégie d’augmentation très graduelle de sa production, «au vu des fondamentaux et perspectives suggérant un marché équilibré».

Les cours du pétrole se sont envolés depuis le début du confit militaire en Ukraine. Ils se sont encore enflammés cette semaine après l’annonce d’un projet d’embargo européen sur le pétrole russe, les deux références de l’or noir ayant évolué brièvement le 5 mai au-dessus des 110 dollars (un peu plus de 104 euros) le baril, soit une hausse de 10 à 15% comparé au 24 février.

Ursula von der Leyen a annoncé le 4 mai, devant le Parlement européen, un plan d’embargo progressif sur le pétrole russe, dans le cadre d’un sixième paquet de sanctions contre Moscou, afin de tarir le financement de l’intervention militaire russe en Ukraine. Elle a fixé à un horizon de six mois l’arrêt des livraisons de pétrole brut, tandis que l’arrêt des importations de produits raffinés est prévu pour la fin 2022. Le projet de la Commission prévoit cependant une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie, dépendants des livraisons par l’oléoduc Droujba : les deux pays sont censés pouvoir poursuivre leurs achats auprès de la Russie en 2023. La Hongrie avait, dès le 4 mai, rejeté la proposition d’un embargo européen progressif, jugeant qu’une telle mesure «détruirait complètement la sécurité énergétique» du pays et rejetant le projet bruxellois «dans sa forme actuelle», selon le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto. Le Premier ministre hongrois a, lui, estimé que Bruxelles avait franchi la «ligne rouge».