A partir du 27 juin, l’Iran pourrait disposer de plus de 300 kilos d’uranium enrichi, dépassant ainsi la limite fixée en 2015 dans le cadre de l’accord international.
Alors que les tensions ne cessent de monter entre l’Iran d’un côté, et les Etats-Unis et ses alliés de l’autre, notamment l’Arabie saoudite, Téhéran a annoncé lundi 17 juin une accélération de son programme d’enrichissement d’uranium. Un geste qui sera sans aucun doute perçu comme une nouvelle défiance à l’égard des États-Unis et de leurs alliés.
Le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique a annoncé que la République islamique avait multiplié par quatre son enrichissement d’uranium. Il a précisé que le stock d’uranium enrichi à 3,67% dépassera les 300 kilogrammes d’ici dix jours, limite fixée par l’accord nucléaire de 2015.
Behrouz Kamalvandi a ajouté qu’à partir de début juillet, l’Iran pourrait aussi enrichir au-delà des 3,67%… À moins de 20%, l’uranium enrichi sert à des fins civils. Mais s’il dépasse les 90%, il peut être utilisé pour l’arme nucléaire.
D’après Vincent Eiffling, chercheur associé au CECRI de l’Université catholique de Louvain, Téhéran est dans son bon droit et utilise un mécanisme de l’accord pour mettre sous pression les autres États signataires :
« L’accord sur le nucléaire iranien reposait sur la logique que l’Iran acceptait des limitations sur son programme nucléaire et qu’en échange il y ait une levée des sanctions internationales, donc des bénéfices économiques. Aujourd’hui, suite à la position de l’administration Trump, ces bénéfices économiques sont inexistants. L’Iran estime que l’accord sur le nucléaire n’est pas pleinement respecté. L’article 36 de l’accord sur le nucléaire iranien prévoit qu’un État signataire de l’accord peut suspendre ses engagements, s’il estime que d’autres États signataires ne respectent pas les leurs. »
L’Iran dit ne pas avoir l’intention de fermer le détroit d’Ormuz
Début mai, le président Rohani avait fixé un délai de 60 jours pour que les Européens prennent des mesures pour compenser les sanctions américaines.
Cette annonce survient dans un contexte de vives tensions avec les États-Unis, qui accusent l’Iran d’avoir attaqué deux pétroliers en mer d’Oman. Le chef d’état-major des forces armées iraniennes a rejeté les accusations américaines. Il ajoute que Téhéran veut assurer la sécurité des voies maritimes. Mais d’ajouter que la République islamique d’Iran avait bel et bien la capacité de fermer le détroit d’Ormuz, et que le cas échéant, elle l’annoncerait ouvertement.
L’accord sur le nucléaire iranien a été conclu à Vienne le 14 juillet 2015 entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l’Allemagne.
Il a permis de mettre fin à des années d’isolement de l’Iran en levant une partie des sanctions économiques internationales contre ce pays. En échange, Téhéran a accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire afin de garantir qu’il ne cherche pas à se doter de l’arme atomique.
Avec agences