Libye : les forces de Haftar ferment les robinets d’exportation du pétrole

A la veille de la conférence de Berlin sur la Libye, la tension monte autour de la question sensible du pétrole.

La Compagnie nationale de pétrole a annoncé ce samedi l’arrêt des exportations dans les ports du croissant pétrolier libyen, poumon de l’économie du pays, après le blocage des principaux terminaux dans l’est par des forces loyales au maréchal Khalifa Haftar.

Les principaux terminaux pétroliers de Libye sont bloqués, samedi 18 janvier, par des forces loyales au maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, a indiqué la Compagnie nationale de pétrole (NOC).

Dans un communiqué, la NOC a annoncé l’arrêt des exportations dans les ports du croissant pétrolier, poumon de l’économie libyenne : Brega, Ras Lanouf, al-Sedra et al-Hariga.

La NOC estime que le blocage provoquera la chute de la production du pays de 1,3 million de barils par jour à 500 000 barils par jour et un manque à gagner de 55 millions de dollars par jour, selon la compagnie.

La société a précisé que l’ordre de suspendre les exportations de pétrole de cinq ports libyens avait été donné par le général Nagi al-Moghrabi, chef de la Garde des sites pétroliers du centre et de l’est, nommé par l’ANL, ainsi que le colonel Ali al-Jilani, de l’état-major de Syrte.La société a précisé que l’ordre de suspendre les exportations de pétrole de cinq ports libyens avait été donné par le général Nagi al-Moghrabi, chef de la Garde des sites pétroliers du centre et de l’est, nommé par l’ANL, ainsi que le colonel Ali al-Jilani, de l’état-major de Syrte.

Un groupe proche du maréchal Haftar avait appelé vendredi à bloquer les exportations pétrolières du pays pour protester contre l’intervention turque dans le conflit, suscitant les inquiétudes de la NOC.

La compagnie pétrolière avait alors dénoncé des outils de pression « pour des négociations politiques » à deux jours de la tenue d’une conférence internationale à Berlin visant à relancer un processus de paix en Libye.

Le 16 janvier, plusieurs chefs tribaux libyens et personnalités publiques proches du maréchal Haftar avaient appelé à bloquer les terminaux pétroliers pour protester contre l’arrivée des troupes turques qui soutiennent le gouvernement d’union nationale (GNA).

« Le pétrole, c’est le gagne-pain des Libyens »

Le maréchal Haftar a lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de la capitale Tripoli, où siège le Gouvernement d’union nationale (GNA).

Dans une interview accordée à l’AFP samedi à Berlin avant l’annonce des blocages, l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, n’a pas exclu qu’ils aient des motivations politiques en lien avec la conférence de Berlin.

« C’est possible que cela ait un lien. » « Son timing est – disons-le – un peu louche », a noté Ghassan Salamé. « Notre ligne est claire à l’ONU. Il ne faut pas jouer avec le pétrole parce que c’est le gagne-pain des Libyens. Sans pétrole, les Libyens meurent de faim », a-t-il prévenu.

Une guerre du pétrole ?

Les analystes de l’International Crisis Group soulignaient, l’an dernier, le risque de voir une guerre du pétrole se déclencher car la plupart des gisements et des ports d’évacuation sont sous le contrôle des hommes du maréchal Haftar. Vendredi 17 janvier, dans un communiqué, le patron de la NOC réagissait aux menaces de blocage des exportations pétrolières, exhortant les parties en conflit à ne pas prendre en otage la seule ressource du pays.

Avec agences